Restaurer l’espoir et la confiance en l’avenir Les attentes de la population sont nombreuses et pressantes après les élections présiden...
Restaurer l’espoir et la confiance en l’avenir
Les attentes de la population sont nombreuses et pressantes après les élections présidentielles et des gouverneurs qui sont sensés marqués la fin de l’inertie passée et le début d’une nouvelle ère de changement et de prospérité pour la population et le pays.
Le défi est cependant de taille pour le gouvernement actuel en raison des moyens à sa disposition pour résoudre les difficultés cumulées depuis plus de 30 ans et accentuées par la croissance démographique dont le taux est estimé à 2% l’an.
L’équation à résoudre par le gouvernement est des plus difficiles entre se concentrer sur les urgences du moment qui impatientent le peuple, en ce qui concerne notamment la fourniture d’électricité, la vie chère, le chômage, etc., et parer au devenir du pays par la refonte des fondamentaux politiques et économiques du pays, en vue de son décollage et émergence.
L’économie comorienne fait face à de nombreuses difficultés engendrées par sa dépendance aux cultures de rente, qui représentent l’essentiel de son exportation, l’aide internationale, qui assure sa perfusion, et les transferts de la diaspora qui garantissent le quotidien de la population, notamment à Ngazidja.
Changer de paradigme économique et commercial
En 2014, les échanges commerciaux des Comores se sont élevés à 91,3 milliards de francs comoriens, selon la Banque Centrale des Comores. Ces échanges ont pour partie été dominés par les importations qui sont passées de 19,2 milliards de francs comoriens en 1999 à 82,6 milliards, alors que les exportations ont à peine accru pendant la période de 4,2 milliards de francs comoriens en 1999 à 8,7 milliards en 2014.
Le pays est tributaire de l’aide internationale et des transferts de la diaspora comorienne, notamment en France, principaux soutien à la croissance et à la consommation intérieure du pays, qui a représenté à elle seule 52% de la croissance du pays selon la Banque Centrale des Comores. La situation du pays appelle à une urgente réforme structurelle pour espérer rapidement passer d’une économie de rente héritée de la colonisation à une économie de production postcoloniale.
L’économie actuelle du pays ne peut en effet longtemps continuer à rester sous perfusion sans prendre le risque d’une explosion violente politique et sociale dans les 5 années à venir. 24% de la population se trouve actuellement au chômage de longue durée. 52% desdits chômeurs ont moins de 24 ans. Le pays compte un taux de mortalité infantile de 65,31 décès / 1000 naissances contre 35 décès / 1000 naissances dans le monde, soit un des taux de mortalité infantile les plus élevés dans le monde (42ème rang mondial).
Le taux de la population vivant sous le seuil de la pauvreté est en réduction de 60% en 2002 à 46,2% en 2013, mais reste toujours à des niveaux préoccupants. L’écart entre les riches et les pauvres, mesuré par le coefficient GINI, s’est par ailleurs tout autant creusé à 55.7 en 2013 contre 35.8 pour l’Ile Maurice. Le déficit su solde budgétaire reste également préoccupant même s’il enregistre des améliorations par intermittence (- 1,9% en 2015 contre -0,8% en 2014, 15,1% en 2013 et -1,3% en 2012).
Relancer et accélérer le taux de croissance économique
La Banque Mondiale estime à 7% au minimum le taux de croissance requis sur le moyen et le long terme pour basculer favorablement l’économie des pays en voie de développement et des Comores. Située à 3% en moyenne, la croissance économique du pays a chuté en 2015 à …% en raison de la crise énergétique et de la dépréciation du franc comorien face au dollar. La Banque mondiale table cependant dans ses estimations à une croissance de 3,3% en 2016 et 3,8% en 2017.
Ces chiffres, comme on peut le constater, seront loin d’être suffisants pour tirer l’économie comorienne vers le progrès, le développement et la lutte contre la pauvreté et les inégalités. En plus de pouvoir compter sur les aides internationales habituelles et les transferts de la diaspora comorienne, le Gouvernement comorien devra fortement miser sur les investissements productifs, notamment ceux concernant la production d’énergie, le développement du secteur financier, l’immobilier, l’agriculture, le tourisme et les infrastructures.
Le Gouvernement devra urgemment favoriser le plein emploi par la promotion des investissements directs étrangers dans les domaines précités, le soutien à l’auto emploi dans les domaines de l’industrie artisanale et des services de proximité, et la relance des dépenses d’investissement de la part du Gouvernement au niveau national, insulaire, régional et communautaire.
Le Gouvernement devra pour ce faire mettre un accent particulier sur la réforme du secteur financier pour y faire introduire de nouveaux produits et services en faveur des besoins complexes de l’économie comorienne et des acteurs clés dont les PME/PMI, les artisans, les agriculteurs, etc. il devra aussi créer ou développer les instruments financiers de soutien au secteur dont les sociétés de crédit-bail, les banques d’investissement, les fonds d’investissement, les fonds de capitaux-risques, etc.
Le Gouvernement devra pour ce faire renforcer les politiques actuelles d’investissement et de leur mise en œuvre, dans le but d’améliorer davantage le climat des affaires aux Comores et d’attirer plus concrètement et massivement les capitaux nécessaires au soutien de la croissance recherchée. Il devra aussi créer et mettre en place les mécanismes requis pour assurer et garantir la continuité et la pérennité des affaires dans le but de renforcer la confiance des investisseurs locaux et internationaux.
Abdoul Anziz Said Attoumane
Expert en planification stratégique, management, gestion de projets et leadership
Ancien fondateur des MECK et actuel Président de Fahari Development and Consulting Group
Diplomé en Politique Générale et Stratégique