A peine sorties de la république insularisée d’Ikililou Dhoinine dans laquelle un petit clan mohélien avait fait main basse sur l’Etat, les...
A peine sorties de la république insularisée d’Ikililou Dhoinine dans laquelle un petit clan mohélien avait fait main basse sur l’Etat, les Comores semblent entraînées dans un système de copinage orchestré par le colonel Azali Assoumani qui a bien décidé de satisfaire l’appétit de son entourage.
Si une bonne partie parmi les personnalités nommées par le nouveau président ne souffre de légitimité, de par leurs parcours professionnels et leur volonté de contribuer au redressement du pays, il n’en demeure pas moins que certaines nominations poussent plus d’un à s’interroger sur leur bien fondé.
A Beit-Salam comme dans certaines sociétés d’Etat, ou encore dans plusieurs administrations stratégiques, le mélange de genre est troublant. Nominations de complaisance, recasages, en un peu plus d’un mois, Azali et ses potes de la CRC se sont emparés de tout, aux dépens, hélas, de la république égalitaire et irréprochable qu’on nous a promise pendant la campagne électorale. Et cela se passe sous l’œil indifférent, voire complice de certains médias, qui se sont pourtant vantés, il y a quelques mois, d’objectivité, de professionnalisme et d’esprit critique.
Espérons que cette manière de faire qui surprend et laisse planer le doute sur la gestion de l’Etat durant les cinq prochaines années, n’aboutira pas aux passe-droits, au favoritisme et à l’attribution des marchés de gré à gré. «Azali n’a rien appris de ses mandats précédents, même s’il reste humble en ce début de nouveau mandat», commente un responsable de parti politique reçu récemment à Beit-Salam.
Que dire de la nomination de Jean-Marc à la tête de l’ANACM ? Cet ancien PDG de Comores Aviation n’a pas laissé de bon souvenir dans son secteur avant de se déclarer faillite. Il doit même beaucoup d’argent à l’ANACM, c’est-à-dire des taxes aéroportuaires. Mais cela n’a pas empêché le chef de l’Etat de lui en confier la direction faisant fi de tout conflit d’intérêt éventuel. « Jean-Marc a des dettes partout. ASECNA, Com Aire, AIMPSI et ANACEM », confirme un ancien secrétaire général du ministère des Transports. A l’Aviation civile, personne n’ose commenter cette nomination par peur d’en faire les frais. « Je n’ai rien à vous dire », esquive un ancien directeur généralde la société dont le parti politique a soutenu la candidature d’Azali Assoumani.
Cerise sur le gâteau, M. Azali Assoumani a choisi de nommer dans la foulée, à la tête l’aéroport international de Hahaya (AIMPSI), Yasser Ali Assoumani, l’ancien responsable commercial de Jean-Marc.
Comment expliquer le retour d’Azhar Ahmed à la tête de l’ONICOR qu’il avait dirigé entre 2002 et 2005, sous Azali 1er. Nul n’ignore dans quel état cette société d’Etat a été retrouvée en mai 2006. Et le nouveau directeur avait une grande part de responsabilité dans. Il a d’ailleurs été poursuivi par la justice avant de quitter le pays en catimini pour se réfugier à l’étranger. Le président de la république n’a pas hésité de le mettre à la place d’Aladine Daroumi, qui a réussi de façon extraordinaire le redressement de l’ONICOR en l’espace de trois à quatre ans. « Azhar certes n’avait pas fait des miracles à l’ONICOR, mais il n’a rien volé à ma connaissance », défend un ancien directeur de l’Office national d’importation et de commercialisation de riz. Selon lui, le seul problème qu’il avait avec la justice de l’époque concernait un véhicule d’occasion, sans vouloir donner de précisions.
On peut poursuivre ce tableau avec la nomination à la tête de l’administration douanière, de Kamal Soef, frère de l’ancien ministre des affaires étrangères d’Azali et originaire de Mitsoudjé comme ce dernier. Certes, il a le grade d’inspecteur de douane, obtenu il y a plusieurs années, mais selon nos informations, il n’a jamais exercé en tant que douanier en Union des Comores.
Il y a aussi le cas du nouveau TPG de l’Union, Moindjié Saandi. Occupant du même poste sous le premier régime d’Azali, il n’aurait pas laissé une Trésorerie en forme au régime Sambi en mai 2006. Aujourd’hui, certains parlent d’un homme diminué par la maladie et la vieillesse. « Personne ne comprend cette décision de nommer ce monsieur à la Trésorerie générale», confie l’un des hauts conseillers à Beit-Salam qui avance que le nouveau TPG aurait été déjà victime de deux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Et pourtant il vient d’effectuer son retour en tant que Trésorier payeur général de l’Union par décret du président de la république.
On voit également le président de la république signer pour les nominations des proches de certains membres du gouvernement et de leaders de la CRC à des postes de directeurs et secrétaires généraux. Il avalise également la promotion de certains amis sans qu’aucun critère ni profil ne soit exigés par rapport aux postes attribués. C’est le cas dans les cabinets ministériels, dans certains offices publics. Le pire, cela risque d’être le rituel tout au long du second mandat d’Azali Assoumani.
Ali Mmadi
Tout le monde cherche à caser ses proches dans les administrations stratégiques.