La prise d'otages menée par des hommes armés à l'hôtel Radisson Blu de Bamako s'est terminée vendredi après neuf heures d'e...
La prise d'otages menée par des hommes armés à l'hôtel Radisson Blu de Bamako s'est terminée vendredi après neuf heures d'enfer et plus d'une vingtaine de morts, à la suite de l'intervention conjointe des forces maliennes et étrangères, notamment françaises.
"La prise d'otages est terminée. Nous sommes actuellement en train de sécuriser l'hôtel", a déclaré à l'AFP une source militaire sous le couvert de l'anonymat, soulignant que "deux terroristes ont été tués".
Un journaliste de l'AFP devant l'hôtel a vu des agents de la protection civile en sortir des corps dans des sacs mortuaires orange sur des brancards.
"Dix-huit corps ont été retrouvés", a affirmé à l'AFP une source de sécurité étrangère sous le couvert de l'anonymat. Des sources de sécurité maliennes ont ensuite fait état d'au moins 22 morts parmi les otages.
Dans la matinée, le ministère malien de la Sécurité intérieure avait parlé de "deux ou trois" assaillants. "Ca se passe au 7e étage, des "jihadistes" sont en train de tirer dans le couloir", avait alors déclaré une source de sécurité à l'AFP.
Les auteurs de l'attaque "n'ont plus actuellement d'otage entre leurs mains et les forces sont en train de les traquer", avait assuré peu avant 16H00 GMT le ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré, après plusieurs heures d'assaut à l'intérieur de l'hôtel.
Les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, se trouvaient à l'intérieur de l'hôtel et "participaient aux opérations aux côtés des Maliens", a souligné la source de sécurité étrangère.
Par ailleurs, dans la matinée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, a envoyé une quarantaine de membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali.
Immédiatement après la fin de l'assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta --qui a écourté son séjour au Tchad où il était pour un sommet des cinq pays du Sahel--, a salué sur son compte Twitter "le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali et remerci(é) les pays amis pour leur assistance".
L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté autour de 07H00 GMT. Elle survient une semaine exactement après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe Etat islamique qui ont fait 130 morts à Paris et plus de 350 blessés.
- Plus d'une dizaine de nationalités -
Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, à l'ouest du centre-ville, avait parlé de 140 clients et 30 employés dans l'hôtel au moment de l'attaque.
"Nos forces spéciales ont libéré une trentaine d'otages et d'autres ont pu s'échapper tout seuls", avait déclaré à la mi-journée le colonel Traoré, le ministère faisant ensuite état de 78 personnes libérées.
Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge.
Un client africain a témoigné sur la télévision publique malienne s'être enfermé dans sa chambre après avoir entendu des tirs d'armes automatiques dans le couloir.
"Les forces maliennes sont venues nous récupérer. Ils ont frappé à nos portes pour dire que "c'est la sécurité". On était un petit groupe, ils nous ont évacués par les escaliers", a-t-il raconté.
Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique, selon le ministère.
Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie étaient déployées, ainsi que des membres de la Minusma et de la force française Barkhane, avec un appui des forces américaines.
Des étrangers d'au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients de l'hôtel Radisson Blu, selon le ministère de la Sécurité intérieure et les autorités ou employeurs des pays concernés.
Y étaient présents des ressortissants d'Algérie, d'Allemagne, de Belgique, du Canada, de Chine, de Côte d'Ivoire, d'Espagne, des Etats-Unis, de France, d'Inde, du Maroc, de Russie, du Sénégal et de Turquie.
Air France, qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l'établissement qui ont été mis "en lieu sûr". Le ministère malien de la Sécurité évoque quant à lui 15 "citoyens français" libérés, sans plus de précisions.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis le sud du pays.
Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, allié d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, dénonçait l'accord de paix signé en mai-juin entre le camp gouvernemental et la rébellion et appelait à frapper la France "croisée".