A chaque semaine son lot de déclarations attribuées aux amis et anciens collaborateurs du colonel Mohamed Bacar. Chassés du pouvoir à Anjou...
A chaque semaine son lot de déclarations attribuées aux amis et anciens collaborateurs du colonel Mohamed Bacar. Chassés du pouvoir à Anjouan il y a tout juste cinq ans à l’issue d’un débarquement militaire, les acolytes de l’ex-homme fort de l’île, ceux qui sont en terre comorienne après plusieurs mois de cavale comme les exilés, reviennent sur la scène avec un discours du moins surprenant. « Nous n’avons jamais été des séparatistes, s’il y a quelqu’un qui a fait du mal à ce pays et à l’île d’Anjouan, c’est Sambi », scandent-ils depuis plusieurs jours, requinqués par les appels du pied de l’aile anjouanaise du gouvernement de l’Union, apparemment soutenue par le cabinet du président, et la démarche curieuse entreprise par le gouverneur Anissi Chamsidine pour une réconciliation avec des individus qui n’ont jamais exprimé le moindre remord.
A qui faire croire en cela. En tout cas pas aux Anjouanais qui, durant les années Bacar ont vécu la tyrannie, la violence et la marginalisation de leur île. Pas non plus aux Comoriens des autres îles qui ont vu leur pays opérer un retour en arrière de plusieurs années. Quant aux autorités politiques, de l’Union comme des îles, elles doivent se méfier du discours caricatural tenu par les ex-rebelles à l’égard de l’opération « démocratie aux Comores ». Inutile de rappeler ici les faits, mais si le régime de Bacar n’était pas aussi dangereux comme on tente de nous en persuader aujourd’hui, alors pourquoi l’Etat comorien aurait-il obtenu le soutien de l’Union africaine et des pays amis comme la France pour le déloger ?
Certes durant son mandat, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a eu des torts, beaucoup même. Mais pas d’avoir ordonné la libération d’Anjouan du joug des ces gens-là. Ce n’est pas parce que celui-ci n’est plus président de la République ou qu’il n’est plus dans le camp du régime que l’on doit le qualifier de manipulateur et maladroit dans son engagement de 2008 pour le retour d’Anjouan dans le cadre institutionnel du pays. Nous avions tous admis son courage, celui de nos soldats aussi, et nous avions applaudi les efforts de l’Union africaine et de la Tanzanie en particulier.
Et bien, ne prenons pas le risque de réveiller l’hydre séparatiste que nous voyons en train de guetter le pays avec son tombereau de violence. Dajafar Salim et ses amis voudraient « s’intégrer en douceur dans les institutions du pays » sur lesquelles ils ont marché hier avant même que justice soit rendue. Et ils ne daignent pas reconnaitre leur trahison envers la nation. Pire, ils continuent de faire la nique au peuple comorien à force de vouloir se faire passer pour des victimes. C’est ce qui rend pathétiques leurs personnalités, leurs visions et leurs démarches. Mais tout cela vient de la brèche ouverte par les gouvernants qui ne cessent d’enrôler dans leurs rangs des ex-séparatistes notoires. Certains sont ambassadeurs, ministres ou chefs de cabinet, pendant que d’autres rôdent aux alentours du pouvoir avec des promesses fermes d’intégration et de facilitation du retour des exilés. Leur sortie médiatisée ces derniers temps n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans cette même logique bien définie. Cela doit donc éveiller nos consciences et interpeler chacun d’entre nous.
ALI MMADI (à lire dans l'Obsevateur de ce jeudi)