Comores: 4 Questions à Dafiné par Irchad ! Né à Salimani Hambou, Saïd MZE DAFINE caractérise un vrai parcours dans la politique et ...
Comores: 4 Questions à Dafiné par Irchad !
Né à Salimani Hambou, Saïd MZE DAFINE caractérise un vrai parcours dans la politique et dans les milieux associatifs. Ayant milité plusieurs fois dans les milieux sportifs et sociaux, et dans le Front Démocratique, Monsieur DAFINE commence à prendre des responsabilités politiques depuis 2003 en devenant représentant à l'extérieur, puis délégué du Gouvernement de Ngazidja sous Elbak dans la Région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA). En 2006 il fut nommé Directeur Général de l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS). En 2007, il est nommé Ministre de la Coopération Décentralisée du Plan, des Transports du Tourisme, de la Communication des Postes et Télécommunications, chargé de la Diaspora (Gouvernement de Ngazidja).
En 2008 il devient Secrétaire Général du Gouvernement de l'ile Autonome de Ngazidja. Et enfin en 2010 il a assuré le poste stratégique de Commissaire à la Communication de la Commission Nationale Electorale Indépendante.
"Le holdup institutionnel est occasionné par la prorogation du mandat de Sambi en 2009"
Moi: M. Said Mzé Dafiné bonjour.
Said Mzé Dafiné: Bonjour
Moi: Privatisation Comores-Télécom. Lors de la crise qui a opposé Comores Télécom et l'association des consommateurs consécutive au blocage de la VoIp (skype, Viber, Tango, etc.), vous avez battu le pavé et rédigé des comptes rendus de réunion avec les associations des consommateurs, des jeunes, les partis politiques et, plus globalement, la société civile. Je souhaiterais avoir votre sentiment sur la persistance du gouvernement à vouloir privatiser la société nationale de télécommunication Comores-Télécom?
M. Said Mzé Dafiné:Si le Gouvernement persiste à vouloir privatiser Comores-Télécom, ce ne serait pas en réaction aux doléances du peuple reclus par la défaillance des services et la cherté des produits de cette société. Nous avons vu comment, le Président Ikililou, la Ministre en charge des Télécom et l'ANRTIC, avec quel mépris ils ont évacué les revendications du mouvement contre les censures de Comores-Télécom et ainsi soutenir cette dernière contre le peuple. Ils doivent avoir d'autres raisons inavouées; sinon le peuple leur demanderait pourquoi ne pas privatiser plutôt la Mamwe qui a est à l'agonie, au lieu de vouloir brader vaille que vaille celle qui est en parfaite santé économique.
Il va falloir aussi que les agents et la Direction de Comores-Télécom arrêtent de jouer sur le terrain des sentiments, en nous rabâchant qu'il va y avoir une suppression considérable d'emplois, comme grande raison de la crainte et du rejet de la privatisation. Par-là, ils avouent pertinemment que les employés existants dans la sociéte sont en surnombre, alors que le service n'est point assuré, pendant que le client est toujours saigné à blanc. Ils veulent la pitié du peuple, qu'ils aient pitié à ce peuple. Ils ne peuvent pas continuer à nager dans le clientélisme, l'arrogance et l'autosuffisance technologique, le manque de sérieux, la non-livraison des services, alors qu'ils sont payés très chers, et vouloir le soutien du peuple en retour. Hayiiiiii !!!!
Aujourd'hui presque tout citoyen comorien utilise les services de Comores-Télécom. Avant on était sollicité par la famille ou les amis pour acheter du tabac à chiquer, un stylo, un cahier ou du sel de cuisine, de nos jours c'est pour du crédit Huri, Mpessi ou 3G, si ce n'est pas un téléphone portable ou un ordinateur qu'on est sollicité. Ce qui explique l'appropriation de leurs produits par tous les âges et dans tous les recoins du pays.
L'habitant, client, consommateur de Comores-Télécom a alors besoin de bons produits, de bons services réguliers, à prix abordable. Ce débat de la privatisation ou pas n'est pas celui de ce peuple. Le peuple ne réclame qu'un ménagement de son portefeuille, un respect de son statut et une qualité de service. Bien qu'avec les conditions actuelles de Comores-Télécom le peuple attendra très longtemps c'est sûr. Tous les Directeurs et autres agents de la Société sont à Mwali cette semaine, pour le mariage d'un membre de la famille présidentielle. Raison officielle : Conseil de Direction. C'est de cette façon que le progrès se conçoit chez eux.
Celui qui veut le soutien du peuple dans ce dossier, qu'il offre au peuple ce dont il a besoin.
Moi:Mouvement des citoyens. Le 24 janvier dernier, vous vous êtes fendu d'un post dans lequel vous déclariez vous désolidariser du Mouvement "Printemps Ylang des Comores", en raison, d'après vous, de l'indifférence de Moroni à l'égard du calvaire - coupure d'électricité et autres. - que vit le plus souvent la périphérie, ce qui a pu choquer plus d'un. Maintenez-vous la même lecture?
M. Said Mzé Dafiné:C'est une opportunité que tu m'offres pour encore préciser ce post. Merci infiniment.
A ceux qui s'attellent au raccourci de ne parler que de Moroni et des ''moroniens'', et ainsi créer une altercation de vues; je leur redis : Moroni est la capitale des Comores et que donc elle n'appartient à personne en particulier, si ce n'est qu'à nous tous ; et que bien sûre, elle a le droit d'être défendue par tous sans exception. Que ceux qui s'approprient Moroni par ce qu'ils y sont nés ou ils y habitent, moi aussi j'y suis né et j'y habite à souhait. Qu'on se ressaisisse, personne n'est contre Moroni.
Il a été évoqué un problème d'iniquité dans la distribution de l'électricité. Pendant que Moroni recevait l'électricité 24/24, les périphéries n'en avaient pas du tout! Par les directives du Président Ikiliou semble-t-il et cela pendant les débuts du mouvement, la Mamwe a enlevé le peu d'électricité qu'elle attribuait aux périphéries, soient 3 fois par semaine de 17H à minuit, pour compléter ce 24H sur 24H à la capitale.
Bien sûre que le Mouvement « Printemps Ylang » n'avait rien à faire si ce n'est de demander à ce que l'électricité y soit partout et cela malheureusement ne se disait pas d'une manière audible. C'était plutôt une auto gratification comme quoi la situation a été réglée, puisque Moroni a eu l'eau et l'électricité. On me dira alors qu'il fallait que les périphéries de Ngazidja fassent un mouvement propre à elles et juste pour revendiquer ce qui les concerne, jusqu'à ce que les leaders du Mouvement commencent à comprendre le danger de la disposition et chercher à l'atténuer. Ils ont tenu le dernier rassemblement à Mbachilé; bonne moralité. Ils sont interdits de rassemblement à Moroni; mauvaise passe!
Je ne suis pas convaincu de la démarche et de la procédure du Mouvement, de brasser les plusieurs difficultés du pays en même temps et de récuser l'implication des politiques, des syndicats et des associations. C'est trop se hasarder. Je ne pense pas que ces procédures payent bien aujourd'hui. Je leur souhaite bonne continuation et je leur soutiens par le cœur comme la plupart des habitants du pays. C'est noble ce qu'ils font le temps qu'il en faudra.
Moi: Harmonisation des élections. D'aucuns qualifient de hold-up ou de coup d'état institutionnel, le projet du président de l'Union d'avaliser une harmonisation "demandée" par les "Grands Elus". Quelle en est votre analyse? Et après un engagement citoyen ainsi remarqué, comptez-vous sauter le pas vers un engagement politique affirmé?
M. Said Mzé Dafiné:Entre mon engagement citoyen et mon engagement politique, il n'y a pas de transition. Tout ce que je fais c'est par conviction profonde et je n'attends pas des consignes pour cela. C'est spontané et désintéressé; ce qui me met en froid souvent avec mes camardes politiques quand ils estiment que j'en fais trop et que je ne prends même pas de « précautions politiques » dans mes prises de positions publiques. Je suis de ceux qui n'admettent pas tout le temps de concessions ni de juste milieu; dans l'absolu si ce n'est pas claire c'est absurde. Je confirme sans équivoque mon statut politique; et un politique suppose des convictions visibles, des engagements progressistes, des actions de terrain et des élections. Je ne peux pas être ce que je suis et me cacher derrière mon petit doigt. Les plus gros de mes risques pour la bonne cause sont pris entre 2008 et 2011, contre un pouvoir totalitaire et je ne le regrette pas.
Pour ce qui concerne les élections harmonisées, je rappelle que cette harmonisation des mandats n'est pas un vocabulaire national nouveau. Il nous a été vendu en 2009 par le président Sambi quand il avait voulu proroger son mandat indéfiniment. Dans son projet, il avançait l'harmonisation comme l'argument béton, alors que le résultat est là. Même cette harmonisation il n'a pas pu la faire alors qu'il ne s'agissait que de mots et de chiffres. En vrai, ils se concentraient lui et ses juristes sur les quelques années de pouvoir à gagner et tout le reste n'était que habillage. Le holdup ou coup d'Etat institutionnel est fait en ce temps-là, par cet homme-là. Maintenant, comme toutes ses autres bévues, ceci est devenu une épine à extraire pour le pays. Il va falloir les harmoniser ces élections. Il y a eu l'arrêt de la Cour Constitutionnelle qui est immunisé de tout recours. Je ne crois pas que le Président Ikiliou n'en tient pas compte, alors qu'il utilise d'autres dispositions constitutionnelles pour pouvoir en trouver une parade, tout en se référant à cet arrêt. Il a manqué tout de même l'élégance d'associer plus largement le peuple à travers ses représentants politiques.
Maintenant deux aspects sont à garantir dans cette parade. La première est de s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres coquilles qui demanderaient à ce que d'autres dispositions de révisions constitutionnelles interviennent plus tard. La seconde est de garantir la tenue des élections harmonisées des Députés, Conseillers des Îles et Municipales en novembre 2014 et celles du Président de l'Union et des Gouverneurs des Îles en en avril 2016. C'est cet esprit-là que les comoriens ont intégré depuis 2009.
Moi:Le Général Salimou. Vous avez été en première ligne pour exiger un procès équitable en faveur du général Salimou Amiri. Vous avez même présidé son comité de soutien et avez été le fer de lance dans la médiatisation de sa détention. Comment se fait-il que depuis son acquittement, vous soyez devenu si silencieux pour ne pas dire effacés, alors que le général a failli se faire expulser de son logement et n'a toujours pas été réhabilité ? D'ailleurs sera-t-il candidat pour les présidentielles de 2016 ?
M. Said Mzé Dafiné: Avec d'autres, nous étions plusieurs d'ailleurs à nous mobiliser pour exiger en effet la tenue de ce Procès. Il y avait des personnalités comme des anonymes, aux Comores, en France et ailleurs. Permettez-moi de réitérer à cette occasion le fait que les abus et les dénies de justice de la sorte sont légions au pays; et que si ceux qui sont libres ne se bougent pas pour ces opprimés, rien ne se fera pour eux. J'ai une pensée à cet instant à ces présumés coupables de la tentative de coup d'Etat d'avril 2013, qui, 10 mois durant attendent dans des conditions déplorables un procès.
Le Général Salimou est libre, acquitté avec ses coaccusés par les assises du 2 novembre2012. Une structure de défense des droits des citoyens (ACJED) est née entre temps. Il est parmi les membres fondateurs. Des dossiers sont défendus à mesure, mais nous ne sommes pas liés à sa vie de citoyen. La preuve, il a su se défendre lui-même dans l'affaire de son logement. Le dossier de la réhabilitation de tous les ex-accusés dans l'affaire de rébellion n'attend que réparation d'une injustice militaire par le président Ikililou, étant donné que leur radiation par le président Sambi a précédé toute procédure judiciaire. Ce dossier est en tractations entre le Gouvernement d'une part, les avocats et l'Acjed d'autre part. Les éléments de ce dossier ne sont pas encore à communiquer mais le moment venu l'opinion sera informée.
Pour le volet politique de la question, Le Général Salimou démontre à chaque occasion sa disponibilité à servir son pays en tant que militaire dévolu et loyal. Toutefois,s'il n'est pas militaire d'actif,faire la politiquerelève de son choix personnel, étant citoyen jouissant de ses droits civiques. En tout cas 2016 c'est dans 2 ans, il a le temps pour analyser les préceptes qui s'offrent en lui et adapter si nécessaire sa position. Sachant tout de même que c'est une question personnelle qu'il aura à répondre lui-même à l'occasion.
Moi: Je vous remercie.
M. Said Mzé Dafiné: C'est moi.
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