L'entourage du président comorien, Ikililou Dhoinine, se méfie du général Mohamed Amiri Salimou. Bien que celui-ci ait été pourt...
L'entourage du président comorien, Ikililou Dhoinine, se méfie du général Mohamed Amiri Salimou.
Bien que celui-ci ait été pourtant blanchi dans l'affaire de l'assassinat du colonel Ayouba.
Que faire du général Mohamed Amiri Salimou ? Limogé de l'armée et placé en résidence (très) surveillée pendant plus de deux ans à la suite de l'assassinat du colonel Ayouba, en juin 2010, l'ancien chef d'état-major a été lavé de tout soupçon en novembre 2012. Depuis, il réclame sa réintégration dans l'armée. Problème : certains officiers redoutent que Salimou, premier Comorien diplômé de Saint-Cyr, la prestigieuse école militaire française, ne leur fasse de l'ombre.
L'entourage du président Ikililou Dhoinine, qui se méfie de ce général très populaire, n'est également pas très enclin à le replacer au coeur du système. Le général a pourtant clairement fait savoir qu'il n'envisageait pas de reprendre la tête de l'état-major, et qu'il apprécierait de se voir confier une mission à caractère international.
Lu sur jeuneAfrique
Photos.crédit:habarizacomores
Photos.crédit:habarizacomores
Discours prononcé par le Général SALIMOU à Marseille
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi de revenir sur les versets du saint Coran psalmodiés ici et qui nous disent, je cite:«Dieu vous commande en vérité, de rendre aux gens leurs dépôts, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité» ; voilà qui nous plonge au cœur del’événement, nous rappelant la problématique de l’impartialité face à la justice et la force des décisions de justice.
Honorables invités, mesdames et messieurs,
S’il
est des moments particulièrement heureux et émouvants dans ma vie,
celui-ci en est un assurément. Me voici en effet libre aujourd’hui avec
vous et devant vous, après deux années et quelques mois de « contrôle
judiciaire surveillé », pour reprendre les termes inédits du juge
Rachadi Mchangama ; deux années au cours desquelles j’ai été accusé des
pires maux et des pires ignominies ; deux années pendant lesquelles des
esprits malfaisants ont recouru contre moi aux mensonges les plus
éhontés, aux calomnies et aux affabulations les plus grotesques du
genre ; ma joie est que, durant tout ce temps, la diaspora comorienne de
France n’a ménagé aucun effort pour me soutenir et dénoncer l’injustice
dont je faisais l’objet ; de Paris à Marseille en passant par Lyon,
Toulon et bien d’autres villes, la diaspora comorienne a parlé et agi.
Vous
avez, ici même à Marseille, organisé des manifestations publiques pour
dénoncer la parodie de justice qui s’acharnait contre moi ; vous avez
conscientisé les autorités de ce pays, dont certains sont ici ce jour
avec nous, et je les en remercie très chaleureusement, au sujet des
menaces et des tortures morales de toutes sortes auxquelles j’étais
soumis et du danger de mort qui planait sur ma tête telle l’épée de
Damoclès; en un mot, vous vous êtes mobilisés et vous avez aussi
mobilisé diplomates, intellectuels, élus, politiciens, société civile,
citoyens ordinaires des Comores et de France en faveur de ma modeste
personne. Et dans votre dévouement, qui est en même temps une bonne
leçon de civisme, vous m’avez conforté dans l’idée qu’il ne faut jamais
désespérer devant l’adversité et le mal, qu’il faut plutôt les
affronter. J’ai jugé naturellement indispensable de venir vous dire de
vive voix et à vous tous, c'est-à-dire à vous qui êtes là mais aussi à
ceux qui n’ont pu venir ici, que vos efforts n’ont pas été vains.
Soyez-en véritablement remerciés.
Dans
ce combat pour la justice, vous, comoriens de Marseille, avez toujours
joué un rôle de premier plan ; j’ai en tête, croyez moi, les souvenirs
de ces jours où vous avez, à maintes occasions, par des manifestations
publiques, bravé la pluie et le froid de Marseille pour me défendre et
pour défendre la justice et le droit ; de la même manière, je me
souviendrai toujours de vos nombreux écrits, de vos émissions radio
et/ou télévisées, de vos dénonciations sur la toile mondiale, de vos
nombreuses réunions de concertation ; et je n’oublierai jamais bien sûr
les fortunes que vous avez dépensées, non seulement pendant la période
de ma détention mais également pour la présente cérémonie ; autant de
démarches et d’actions qui n’étaient pas dépourvues de risques et qui
vous ont certainement privé de pas mal de votre temps et de votre
liberté ; vous avez en effet compris ces mots de Lord Kagan qui disait :« il suffit que les bons hommes ne fassent rien pour que le mal triomphe ». Je
n’ai bien sûr, jamais douté de votre bonté ; je dois tout de même
souligner que votre engagement est allé au-delà de toute espérance, et
pour tout vous dire, demon espérance.
Je
voudrais que vous sachiez que vos actions multiples et de toutes sortes
se sont avérées un bel exemple dans la conscientisation et la
mobilisation des autres comoriens de France et je veux vous saluer ici
et maintenant.
Honorables invités, mesdames et messieurs,
Je
tiens à vous dire à quel point je me sens humble devant vous, pour tous
vos efforts et sacrifices à mon endroit ; et en même temps je tiens à
exprimer la fierté que j’éprouve envers vous, mes chers compatriotes,
mes frères et sœurs, jeunes et moins jeunes.
Ma
fierté est confortée par l’accueil chaleureux dont vous me gratifiez,
depuis mon arrivée à la gare de Saint Charles jusqu’à la cérémonie de ce
jour qui en est sans doute le couronnement. Un accueil digne de la cité
phocéenne, ville cosmopolite, actuellement capitale européenne de la
culture, et qui est en fête pour une année; un accueil marqué aussi par
le climat clément de Marseille et la tropicalité envoutantedes iles, de nos iles.
Lorsque je fus libéré le 02 Novembre 2012, répondant à la question d’un journaliste, j’ai déclaré :« je me sens l’homme le plus heureux sur cette terre ». Aujourd’hui, je voudrais ajouter en ces instants solennels où je vous parle, qu’avec vous et grâce à vous,je me sens très fier d’été comorien. Je
me sens fier d’être citoyen d’un pays où la solidarité et la compassion
ne sont pas de vains mots, où l’hospitalité et le sens du partage sont
des alliés sûrs, comme l’atteste cette grandiose cérémonie qui nous
réunit ici.
Cérémonie
que je dédie aussi, si vous me le permettez, à tous ceux qui, dans
notre chère patrie, ont souffert de l’injustice et de l’intolérance;
cérémonie qui restera à jamais gravée dans ma mémoire, car l’honneur que
vous me faites ce jour me donne des raisons de vivre et d’espérer ; Cérémonie
qui résume et symbolise des pages entières de notre vie, de notre
culture, je devrais dire de notre Histoire ; cérémonie, enfin, à la
mesure de la dignité et de la fierté comoriennes. Honorables invités, mesdames et messieurs, La
victoire judiciaire que nous avons remportée le 02 Novembre 2012 est
celle de tous les comoriens, en l’occurrence ceux épris de paix et de
justice ; mais elle n’en est pas moins, vous le savez bien, la victoire
des Comoriens de France, et sans doute aussi votre victoire, vous,
Comoriens de Marseille.
La mobilisation massive des Comoriens autour de ma modeste personne est un acte historique ;elle est une première dans l’Histoire de notre pays et j’en suis infiniment reconnaissant. Quel
grand plaisir en effet que celui d’un homme dont on disait qu’il était
détruit, fini, et qui, finalement, recouvre sa liberté et sa dignité !
Il y a loin, de la vérité à la manipulation. J’ose dire que quelque
chose de décisif a changé le 2 Novembre dans l’Histoire de notre
société.
La
justice comorienne nous a montré de réels espoirs d’indépendance et
d’impartialité, nous devons la soutenir et l’encourager ; le peuple
comorien a fait preuve de maturité, d’audace et d’abnégation, nous
devons lui en savoir gré. Sachez mes chers compatriotes, mes amis, mes
frères et sœurs, queje vous dois la vie grâce à votre mobilisation.
Honorables invités, mesdames et messieurs,
Lorsque j’étais chef d’état-major de l’Armée comorienne, j’ai un jour déclaré :« j’ai atteint le sommet de la montagne ; j’en descendrai certainement un jour mais je ne sais pas comment se fera la descente » ; quelques mois après ces mots prémonitoires, arriva ce que vous savez tous.
Mais
pour moi en vérité, peu m’importe car telle est la vie : elle est faite
de hauts et de bas, et les défis constituent le charme de la vie ; peu
m’importe dis-je car quoi qu’il m’en coûte, je resterai toujours fidele à
mes principes et idéaux, et à avoir cette tension permanente, ce besoin
d’ascèse individuelle qui passe par le don de soi ; peu m’importe car
j’ai fait miennes ces paroles d’un combattant américain qui disait :« vous
ne pouvez jamais réaliser vos rêves ; mais n’est-ce pas déjà assez si
vous donnez le meilleur de vous-mêmes et si vous sentez dans votre cœur,
que cela a été fait avec noblesse ? ».J’ai
donné le meilleur de moi-même pour mon pays et cela me suffit; et je
continuerai, où que je me trouverai, à être à son service avec la même
abnégation.
Il
me reste un devoir de remerciements. J’ai eu l’occasion aux Comores de
remercier mes avocats, le Comité de soutien aux Comores, ma région, mon
village, les notables, Mwanamshe Mgazidja, les internautes, les
artistes, et toutes les bonnes volontés, individuelles ou collectives,
qui m’ont soutenu.
Je
voudrais aujourd’hui m’appesantir sur les Comoriens de France. Je
remercie d’abord les autorités de Marseille à tous les niveaux, pour
nous avoir accompagnés et aidés pour cette cérémonie.
Je
félicite en votre nom à tous le Comité de soutien de France pour son
engagement et son exemplarité. Je remercie toute la diaspora comorienne.
Quant à vous, comoriens de Marseille, comme dirait l’autre, je vous
laisse tout simplement mon cœur.
Je
remercie la région de Hambou pour les sacrifices particuliers qu’ils
ont faits pour la réussite de cette cérémonie ; mes remerciements vont
aussi à ceux de Dzahadjou Hambou, mon village.
Je
les salue très fraternellement. J’ai une mention particulière pour ma
famille dans son ensemble, pour mes frères, sœurs, beaux-frères, cousins
et proches, et bien sûr pour ma femme, Sitina ici présente, qui a dans
cette affaire, fait preuve d’un courage et d’un dévouement exemplaires.
Je
n’oublie pas bien sûr les volontés françaises, ainsi que les autorités
qui nous honorent de leur présence ici : pour Marseille je mentionnerai
Madame la Députée Sylvie Andrieux qui n’arrêtait pas de plaider pour la
tenue d’un procès rapide et équitable ; Monsieur le Député Henri
Jibrayel pour son soutien au comité de soutien de France; Monsieur le
Député Zeribi Karim qui appuie l’idée d’un observatoire des droits de
l’homme aux Comores.
J’ai certainement oublié des personnes et je leur demande de m’en excuser. Pour le reste, laissons-le au Tout-puissant.
En
effet, qui parmi nous sait si sa vie est déterminée par des choix ou de
la chance, si ce n’est tout simplement par la Providence ?
Honorables invités, mesdames et messieurs,
Dieu seul peut vous récompenser et j’appelle pour vous et de tous mes souhaits, la descente des meilleures bénédictions divines.
Je vous redis mon admiration et ma fierté et je veux vous rendre gloire, pour votre présence ici et maintenant.
Je vous remercie