(Crédits photo: L'Equipe TV) Les champions olympiques, pointés du doigt pour avoir saccagé un studio télé, s'étonnent des proportion...
Faussement ingénu, Nikola Karabatic est sorti de son silence mercredi sur l'antenne de RMC. «Ils nous ont demandé de mettre le bordel sur leur plateau et on l'a fait. Maintenant, il y a un problème. Donc, c'est un petit peu bizarre», s'interroge le joueur star des champions olympiques. De quoi, effectivement, se poser des questions sur les réactions ambiguës de L'Équipe TV.
D'un côté, des images mises en ligne sur le site du quotidien sportif pour s'assurer ainsi un joli buzz médiatique. De l'autre, des propos (faussement?) courroucés. «Je pense que les limites ont été dépassées, notamment de la part de Claude Onesta, a ainsi déclaré Benoît Pensivy, le directeur de la rédaction de la chaîne sportive. Ils s'en seraient tenu à mettre le bazar, ce n'aurait pas été grave, on s'y attendait. Les joueurs sont arrivés pour mettre joyeusement le bordel dans l'émission, mais sans esprit agressif. En revanche, je suis très surpris du côté règlement de comptes de Claude Onesta qui a été l'initiateur du démontage du truc.»
20.000 euros de dégâts
Toute la polémique repose, finalement, sur l'attitude du sélectionneur des Experts. Claude Onesta n'avait guère goûté, en janvier dernier, les critiques des journalistes de L'Équipe après l'échec de ses joueurs à l'Euro (conclu, il est vrai, à une piteuse onzième place). Les mots qui fâchent? «Vieillissants, lézardés.» Selon les journalistes présents sur le plateau télé, Claude Onesta aurait, dès son arrivée, menacé: «Ce journal ne nous mérite pas! Les collabos vont être tondus.» Visiblement éméché et revanchard, le sélectionneur initie alors le démontage en règle du studio, s'en prenant à la grande table du décor avec l'aide de Nikola Karabatic. «Il y a quand même préjudice financier. La table coûte très cher», a précisé Benoît Pensivy, évoquant 20.000 euros de dégâts. Mercredi, le directeur de L'Équipe, Fabrice Jouhaud, a d'ailleurs annoncé sur Europe 1 que son journal allait envoyer la facture à la Fédération française de handball…
Une fédération embarrassée qui cherche, depuis dimanche, à minimiser la portée de cet incident. Difficile de cautionner un tel comportement. Il suffit d'imaginer le tollé si les Bleus du football s'étaient permis les mêmes débordements… Conscients du risque, dirigeants et joueurs plaident donc, depuis, la troisième mi-temps trop arrosée plutôt que les représailles préméditées. «Franchement, ce n'est pas du hooliganisme, s'est récrié Claude Onesta sur RTL.Ce qui pourrait, peut-être, être quelque chose de déplacé, ou peut-être excessif, est en train de devenir un fait majeur de société. On a l'impression que c'est devenu une agression contre la liberté de la presse alors que ce n'était qu'une soirée d'après-match…»
Mardi soir, Nikola Karabatic a, de son côté, adressé un message aux journalistes de L'Équipe TV sur sa page Facebook. «Toutes mes excuses à Gaëlle, Blandine, Benoît et à votre équipe qui a fait du super-boulot pendant les Jeux. On se connaît suffisamment pour que vous sachiez faire la part des choses…»
À la décharge des champions olympiques, leur esprit potache et festif est très prisé des médias. Ainsi, en 2008 à Pékin, Canal + n'avait rien trouvé à redire suite au passage dévastateur de la troupe dorée dans son studio. De même, RMC n'a pas protesté contre le strip-tease forcé, dimanche en direct, de son journaliste… Quant à L'Équipe TV, elle ne se prive pas de repasser en boucle à l'antenne les images du démontage de la fameuse table. Avant, très certainement, de vendre à la une la grande réconciliation et les explications exclusives des acteurs. Tombés dans le piège…
Par David Reyrat
Source : lefigaro.fr
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