Analyse thématique : Promouvoir l'emploi des jeunes Le chômage est généralisé aux Comores. Le taux de chômage moyen est estimé à 14.3 ...
Analyse thématique : Promouvoir l'emploi des jeunes
Le chômage est généralisé aux Comores. Le taux de chômage moyen est estimé à 14.3 % et varie d'une île à une autre. Les jeunes constituent cependant la catégorie de la population la plus touchée. Le chômage touche à la fois les jeunes qualifiés et les non-qualifiés. Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint 44.5 %, et il est au moins quatre fois plus élevé que celui des adultes de 30‐49 ans selon les enquêtes du Bureau international du travail (BIT), du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). On estime que plus de la moitié des jeunes Comoriens vivent dans l'extrême précarité et le sous-emploi.
Les raisons du chômage des jeunes sont multiples. Du côté de la demande, la croissance économique est insuffisante pour absorber les populations jeunes qualifiées et non qualifiées en âge de travailler et qui arrivent sur le marché du travail chaque année[1]. Les contraintes affectant les entreprises comoriennes notamment le coût élevé de l'énergie, le mauvais état des infrastructures de soutien à l'économie, la fiscalité élevée, le poids des charges financières contribuent à renchérir les coûts de production locaux et ont des effets négatifs sur la création d'emplois. L'absence d'une véritable politique industrielle et la priorité donnée aux importations par rapport aux exportations incluant la possibilité de création d'une valeur ajoutée ne sont pas de nature à favoriser l'emploi. Enfin la réglementation tatillonne en matière d'embauche et de licenciement constitue une entrave à la création d'emplois, au détriment principalement des jeunes.
Du côté de l'offre, les jeunes Comoriens ne sont pas assez formés en fonction des besoins réels du marché du travail. La formation professionnelle et l'apprentissage sont encore peu développés. La faible qualité du système éducatif et la forte culture du secteur public aux Comores explique que les jeunes se forment en priorité non pour intégrer le secteur privé mais pour avoir accès à la fonction publique qui constitue à l'heure actuelle le principal pourvoyeur d'emplois.
L'emploi et la réduction du chômage des jeunes constituent cependant les priorités du nouveau président entré en fonction le 26 mai 2011.
Le gouvernement souhaite, dans ce cadre, privilégier le dialogue entre les partenaires sociaux dans la lutte contre le sous emploi. À cette fin, le Conseil supérieur du travail et de l'emploi (CSTE), chargé de favoriser le dialogue entre État, secteur privé, organisations professionnelles et syndicats, a été redynamisé le 27 juillet 2011, et ses fonctions redéfinies.
Un document cadre de l'emploi aux Comores est en vigueur depuis décembre 2007. Son application effective suppose la création d'un cadre légal, l'élaboration de programmes appropriés ainsi que son intégration dans la SCRP. Le document propose la mise en place d'une politique spécifique à destination des femmes chefs d'entreprise et des jeunes, basée sur une approche coopérative et la création de partenariats avec le secteur privé.
Le Projet d'appui à la pérennisation de la paix par la promotion de l'emploi des jeunes et des femmes aux Comores (Aprojec), soutenu par le BIT et lancé en août 2010, s'appuie notamment sur la création de partenariats stratégiques entre le secteur privé et les fédérations des jeunes et des femmes. La formation des jeunes à travers des sous-traitants privés est privilégiée dans le but de déboucher sur l'emploi de plusieurs centaines d'individus économiquement vulnérables.
À moyen terme la lutte contre le chômage des jeunes devrait cependant nécessiter une refonte des dispositifs existants en une agence publique chargée de l'insertion des jeunes. Celle-ci aurait pour mission de fédérer les moyens de l'État et de dynamiser l'action publique en partenariat étroit avec le secteur privé et les organisations professionnelles. Cette agence ferait appel à la délégation de services publics pour appuyer la création d'emplois dans des domaines relevant de l'intérêt général tels que la voirie urbaine, l'assainissement, l'entretien des routes secondaires, la collecte des déchets, etc. L'appui à la création et à la consolidation de micro et petites entreprises basées dans un premier temps sur l'auto-emploi devrait constituer l'autre pilier de cette stratégie.
Cette dernière devrait pouvoir s'appuyer sur un dispositif innovant de portage de projets permettant de mettre en relation la demande en services d'appui aux projets de création de micro et petites entreprises émanant des jeunes avec l'offre existante de conseils financiers et non financiers.
Notes
Le chômage est généralisé aux Comores. Le taux de chômage moyen est estimé à 14.3 % et varie d'une île à une autre. Les jeunes constituent cependant la catégorie de la population la plus touchée. Le chômage touche à la fois les jeunes qualifiés et les non-qualifiés. Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint 44.5 %, et il est au moins quatre fois plus élevé que celui des adultes de 30‐49 ans selon les enquêtes du Bureau international du travail (BIT), du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). On estime que plus de la moitié des jeunes Comoriens vivent dans l'extrême précarité et le sous-emploi.
Les raisons du chômage des jeunes sont multiples. Du côté de la demande, la croissance économique est insuffisante pour absorber les populations jeunes qualifiées et non qualifiées en âge de travailler et qui arrivent sur le marché du travail chaque année[1]. Les contraintes affectant les entreprises comoriennes notamment le coût élevé de l'énergie, le mauvais état des infrastructures de soutien à l'économie, la fiscalité élevée, le poids des charges financières contribuent à renchérir les coûts de production locaux et ont des effets négatifs sur la création d'emplois. L'absence d'une véritable politique industrielle et la priorité donnée aux importations par rapport aux exportations incluant la possibilité de création d'une valeur ajoutée ne sont pas de nature à favoriser l'emploi. Enfin la réglementation tatillonne en matière d'embauche et de licenciement constitue une entrave à la création d'emplois, au détriment principalement des jeunes.
Du côté de l'offre, les jeunes Comoriens ne sont pas assez formés en fonction des besoins réels du marché du travail. La formation professionnelle et l'apprentissage sont encore peu développés. La faible qualité du système éducatif et la forte culture du secteur public aux Comores explique que les jeunes se forment en priorité non pour intégrer le secteur privé mais pour avoir accès à la fonction publique qui constitue à l'heure actuelle le principal pourvoyeur d'emplois.
L'emploi et la réduction du chômage des jeunes constituent cependant les priorités du nouveau président entré en fonction le 26 mai 2011.
Le gouvernement souhaite, dans ce cadre, privilégier le dialogue entre les partenaires sociaux dans la lutte contre le sous emploi. À cette fin, le Conseil supérieur du travail et de l'emploi (CSTE), chargé de favoriser le dialogue entre État, secteur privé, organisations professionnelles et syndicats, a été redynamisé le 27 juillet 2011, et ses fonctions redéfinies.
Un document cadre de l'emploi aux Comores est en vigueur depuis décembre 2007. Son application effective suppose la création d'un cadre légal, l'élaboration de programmes appropriés ainsi que son intégration dans la SCRP. Le document propose la mise en place d'une politique spécifique à destination des femmes chefs d'entreprise et des jeunes, basée sur une approche coopérative et la création de partenariats avec le secteur privé.
Le Projet d'appui à la pérennisation de la paix par la promotion de l'emploi des jeunes et des femmes aux Comores (Aprojec), soutenu par le BIT et lancé en août 2010, s'appuie notamment sur la création de partenariats stratégiques entre le secteur privé et les fédérations des jeunes et des femmes. La formation des jeunes à travers des sous-traitants privés est privilégiée dans le but de déboucher sur l'emploi de plusieurs centaines d'individus économiquement vulnérables.
À moyen terme la lutte contre le chômage des jeunes devrait cependant nécessiter une refonte des dispositifs existants en une agence publique chargée de l'insertion des jeunes. Celle-ci aurait pour mission de fédérer les moyens de l'État et de dynamiser l'action publique en partenariat étroit avec le secteur privé et les organisations professionnelles. Cette agence ferait appel à la délégation de services publics pour appuyer la création d'emplois dans des domaines relevant de l'intérêt général tels que la voirie urbaine, l'assainissement, l'entretien des routes secondaires, la collecte des déchets, etc. L'appui à la création et à la consolidation de micro et petites entreprises basées dans un premier temps sur l'auto-emploi devrait constituer l'autre pilier de cette stratégie.
Cette dernière devrait pouvoir s'appuyer sur un dispositif innovant de portage de projets permettant de mettre en relation la demande en services d'appui aux projets de création de micro et petites entreprises émanant des jeunes avec l'offre existante de conseils financiers et non financiers.
Notes
- [1] La production de girofle aux Comores revêt traditionnellement un caractère contra-cyclique.
- [2] Banque mondiale et Banque africaine de développement, notamment.
[3] 77 % des arriérés concernant le paiement de salaires de la fonction publique sur la période 1995‐2008.
[4] Les améliorations concernent exclusivement l'accès au financement et le commerce transfrontalier.
[5] Certaines études réalisées en Afrique subsaharienne montrent que la baisse durable du chômage nécessite l'atteinte d'un taux de croissance d'au moins 6 % sur une dizaine d'années.
Perspectives économiques en Afrique 2012 12 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA
COMMENTAIRES