Partis samedi célébrer un grand mariage sur l’île de Mohéli, un couple et leurs deux petites-filles résidant la Réunion n’ont jamais attein...
Partis samedi célébrer un grand mariage sur l’île de Mohéli, un couple et leurs deux petites-filles résidant la Réunion n’ont jamais atteint leur destination. Les corps des deux retraités ainsi que celui d’une des fillettes ont été retrouvés sans vie. La seule enfant ayant survécu accuse des passeurs en kwassa d’avoir tué sa famille pour prendre l’argent destiné aux mariés.
COMORES. L’affaire a provoqué un profond émoi dans la communauté comorienne de la Réunion. Qu’est-il arrivé à Adolphe, son épouse et leurs deux petites-filles, des habitants de Saint-Denis partis samedi d’Anjouan pour célébrer un grand mariage sur l’île voisine de Mohéli ?
Selon les informations qui arrivent difficilement de l’archipel des Comores, le couple de retraités dionysiens et l’une des fillettes ont trouvé la mort dans des circonstances dramatiques au cours de leur voyage. L’autre petite-fille, retrouvée blessée sur une plage d’Anjouan, affirme en effet que ses grands-parents et sa sœur, avec qui elle vit à la Réunion, ont été égorgés par les passeurs en kwassa-kwassa qui devaient les amener à Mohéli. Adolphe, le grand-père, bien connu dans la communauté comorienne de Saint-Denis (lire par ailleurs), avait quitté la Réunion avec son passeport français le 4 juillet dernier, pour se rendre dans son île d’origine, Anjouan. Son épouse, originaire de Mohéli, l’avait rejoint avec ses deux petites-filles dix jours plus tard, pour y passer les vacances.
Samedi, tous les quatre devaient prendre la ligne maritime régulière entre Anjouan et Mohéli, pour assister à un grand mariage dans la famille de la grand-mère. Mais, faute de place à bord, ils avaient dû se résoudre à faire appel aux services de passeurs en kwassa-kwassa, qui devaient les embarquer du côté de Sima, la pointe ouest d’Anjouan.
LA survivante rapatriée à Mayotte
Que va-t-il se passer à bord ? Selon la petite survivante, retrouvée blessée sur une plage et conduite à l’hôpital d’Anjouan, son grand-père, sa grand-mère et sa sœur vont être tués par les passeurs, leur convoitise aiguisée par l’argent liquide que les proches doivent, selon la tradition, offrir aux mariés le jour de la cérémonie.
Prudents, leurs proches restés à la Réunion attendent confirmation de ce récit, alors que le kwassa pourrait aussi bien avoir fait naufrage. L’ambassade de France aux Comores, informée de la découverte de ces corps de ressortissants français, se refuse pour l’instant à commenter les faits. Les autorités policières et judiciaires de Mayotte n’ont pas été saisies de l’affaire jusque-là. Selon nos informations, une tante de la fillette a quitté la Réunion pour aller récupérer l’enfant. Lundi, elles étaient de retour à Mayotte, dans un village du nord de l’île où elles ont des proches. Choquées, elles attendent désormais leur retour vers la Réunion.
Le père des deux fillettes ainsi que son frère ont quant à eux quitté la Réunion avant-hier en direction d’Anjouan, afin de glaner des informations et, surtout, savoir ce qu’il est advenu des corps des victimes. Compte tenu de la tradition musulmane, il se peut qu’ils aient été rapidement enterrés après leur découverte.
Le mystère reste encore à éclaircir sur les conditions tragiques de ces décès. Mais selon certaines sources, un homme aurait tenté de retrouver la survivante à l’hôpital. Mis en garde par la tante au téléphone, le personnel de l’hôpital aurait alors alerté la gendarmerie anjouanaise, qui aurait procédé à l’arrestation de cet homme. S’agissait-il d’un des passeurs venu éliminer un témoin gênant du crime de Sima ? La question reste encore en suspens. L’homme se serait défendu, niant les meurtres et affirmant que le kwassa avait fait naufrage.Bouleversée, la communauté comorienne de Saint-Denis attend chaque jour des nouvelles plus précises sur ce drame. La thèse du crime crapuleux, régulièrement évoquée, semble tellement difficile à croire concernant un paisible couple de retraités et de jeunes enfants...Hier, il restait impossible de vérifier dans quelle mesure et sur quelles bases les autorités comoriennes menaient leur enquête sur ces morts suspectes. Et il est encore trop tôt pour savoir si la justice française sera saisie de la mort tragique de trois de ses ressortissants
Sébastien Gignoux
Source : journal de la Réunino
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