Mis en examen pour avoir crevé l'œil d'un enfant de 9 ans lors de manifestations à Mayotte le 7 octobre 2011, un gendarme a demandé ...
Mis en examen pour avoir crevé l'œil d'un enfant de 9 ans lors de manifestations à Mayotte le 7 octobre 2011, un gendarme a demandé que soit levé son contrôle judiciaire. Celui-ci lui interdit entre autres le port d'une arme "ce qui revient à l'empêcher de travailler ?, détaille son avocat : "Ce n'est pas un délinquant, le contrôle judiciaire, ce n'est pas pour un militaire, c'est humiliant" Depuis l'ouverture de l'enquête, Boris Roumiantsef est en effet cantonné à des tâches administratives dans une caserne de l'île aux parfums. Sa requête a été examinée en chambre du conseil à Saint-Denis hier matin, et la décision mise en délibéré au 24 juillet.
Le militaire était défendu par Me Laurent Franck Lienard, un avocat parisien. En face, Me Saïd Larifou s'est vigoureusement opposé à un assouplissement du contrôle judiciaire au nom de son jeune client, Nassuir Oili.
"Il a déjà de la chance de pouvoir continuer à travailler, commente l'avocat de la partie civile. Lui, il veut réutiliser son arme. Mais mon client, il ne pourra jamais réutiliser son oeil."
Depuis l'accident, le petit garçon enchaîne les allers-retours entre Longoni à Mayotte, où il vit ; et l'hôpital de Saint-Pierre, où il est soigné. Nous avions pu l'interviewer lors de son premier passage au centre hospitalier. Son témoignage est accablant pour le gendarme.
L'enfant se trouvait à la plage de Longoni quand les faits se sont produits. Alors que Mayotte est secouée par des manifestations contre la vie chère, et que de nombreux renforts sont envoyés aux forces de l'ordre ; le petit garçon va se baigner avec des amis au port, un lieu très prisé des habitants. Arrivent alors des gendarmes à bord de plusieurs véhicules. Ils venaient d'être confrontés à des barrages. D'après Nassuir Oili, le gendarme l'aurait vu et lui aurait tiré dessus à l'aide d'un flash-ball alors qu'il s'enfuyait, pris de panique. Le militaire, adjudant du peloton de surveillance et d'intervention, affirme quand à lui avoir agit après sommation, pour protéger un collègue que l'enfant aurait visé avec une pierre. Collègue équipé pour faire face à des émeutes, pour précisions.
Depuis, Boris Roumiantsef n'a pas varié sa ligne de défense. Il regrette la blessure, mais si c'était à refaire, il le referait. Légitime défense. D'où le choix de son avocat, qui est spécialisé dans la défense des forces de l'ordre. Son conseil le présente comme "un gars vraiment bien, qui mérite d'être défendu. Le tir rentre dans un cadre légal. Mon client n'a pas vu un enfant, il a vu un émeutier."
Emeraude Zorer, avec Jérôme Leglaye
Source : clicanoo
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