Plusieurs centaines de gens ont battu le pavé le mardi 13 décembre 2011 à Mutsamudu. Les manifestants pacifiques, encadrés par la police et...
Plusieurs centaines de gens ont battu le pavé le mardi 13 décembre 2011 à Mutsamudu. Les manifestants pacifiques, encadrés par la police et la gendarmerie, ont fait le tour de la principale ville de l'île, déployant de nombreuses banderoles aux inscriptions formelles comme "Pour la paix de tous, ramassons nos armes", ou encore "rayiya, bunduki tsi moindzani''[citoyen, l'arme n'est pas ton ami]. Sur la place Mzingaju, point de départ et d'arrivée de la marche, quelques manifestants se sont exprimés à la fin du rassemblement, tous montrant le danger qu'encourt l'île si des citoyens continuent à détenir des armes.
Cette "journée citoyenne" (comme le consacre les imprimés distribués par les organisateurs) a eu pour thème "zéro arme à Anjouan". Elle est présentée par l'un des intervenants au rassemblement de Mzingaju comme une "initiative des organisations de la société civile anjouanaise soutenue par l'exécutif de l'île". Et selon une autorité de Daru Nadjah, interrogée en aparté, celle-ci avait un double objectif, "tout d'abord sensibiliser la population sur les dangers que représentent les armes en divagation, et puis interpeller tous les responsables de ce pays à prendre chacun ses responsabilités pour instaurer définitivement la paix". Plusieurs hauts dignitaires du gouvernement Anissi ainsi que la plupart des chefs de services publics de l'île avaient en effet pris part à la marche. Mais l'essentiel des manifestants était constitué d'élèves des écoles publiques. Des élèves ramassés dans leurs établissements le matin.
"Ils n'ont pas appris qu'il n'y avait pas cours qu'après s'être rendus dans leurs établissements le matin, car l'on [les organisateurs de la manif, ndlr] voulait les utiliser dans la marche", d'après Soilih, un enseignant rencontré parmi la foule. La question des armes en divagation a ressurgi après l'attaque à main armée, le 1er décembre dernier, de la direction de la Santé militaire de l'île par des éléments à ce jour non identifiés. Cet acte, ajouté à la tentative de déstabilisation de l'île par les adeptes du mouvement des Sans-papiers quelques jours auparavant, réconfortent les propos de mise en garde du coordinateur du système des Nations Unies aux Comores, Opia Mensah Kuma, qui déclarait il y a quelques mois que "la paix restait fragile sur l'île d'Anjouan".
Ils réconfortent cependant, du même coup, les critiques portées contre le Programme national de démobilisation, désarmement et réintégration (Pnddr, communément appelé "programme de ramassage des armes") mené depuis un an et demi par le Snu et le gouvernement comorien à Anjouan. Car, à ce jour, peu d'armes ont été effectivement ramassées (une dizaine ou une vingtaine selon les sources), même si d'autre part, il convient de rappeler le caractère non contraignant du Pnddr vis-à-vis des éventuels détenteurs illégitimes d'armes à feu. D'un autre côté, même s'ils ont clairement affiché leurs objectifs, les autorités anjouanaises, "co-instigateurs" de la marche pacifique contre la divagation des armes, ne peuvent plus escamoter, à travers cette initiative, un désir tacite.
"Vous comprenez pourquoi je suis à même de réclamer plus d'autonomie dans l'autonomie de l'île autonome d'Anjouan. Anjouan a besoin d'un exécutif plus fort pour maitriser l'administration publique qui se trouve dans un état chaotique, et la sécurité qui est de toute évidence fragile", avait récemment déclaré le gouverneur anjouanais, Anissi Chamsidine, après avoir relaté l'attaque de la direction de la santé militaire.
Sardou Moussa
(Al-watwan Magazine a consacré sa dernière édition aux efforts du Snu pour le désarmement des civils à Ndzuwani)
Alwatwan
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