Comment jugez-vous la qualité du partenariat entre le Système des Nations unies et le gouvernement comorien? J'ai eu de la chance d...
Comment jugez-vous la qualité du partenariat entre le Système des Nations unies et le gouvernement comorien?
J'ai eu de la chance d'avoir eu des rapports d'amitié et de fraternité avec les autorités comoriennes de l'Union et des îles. Ensemble, nous avions eu entre autres objectifs le développement économique des Comores, la promotion de la bonne gouvernance et la préparation et la gestion des catastrophes.
Quelle est l'efficacité du Programme unique et de l'initiative "Unis dans l'action"?
Le Programme unique était une grande aubaine pour nous. Il est venu compléter des démarches initiées antérieurement, à commencer avec la première retraite élargie du Système des Nations Unies aux Comores, qui a abouti à la "déclaration de Galawa". Nous avons alors décidé de travailler dans une programmation conjointe avec des programmes phares pour des résultats visibles par tous les Comoriens. ''Unis dans l'action" était donc une consécration et nous avons pu regrouper tout notre programmation en quatre axes stratégiques. Il s'agit des clusters "capital humain", "gouvernance démocratique", "croissance économique durable", et "environnement et changements climatiques".
Sur le plan fonctionnel, qu'est-ce que ces initiatives ont changé par rapport à votre rôle de partenaire au développement des Comores?
Ce Programme unique a permis de travailler dans ce format avec des axes stratégiques. Cela facilite le suivi et l'évaluation et consolide surtout la collaboration entre le Système Nations unies et le gouvernement comorien. En plus, ce ne sont plus des programmes « onusiens » mais des actions conjointement menées par les Snu et le gouvernement sous le leadership de ce dernier. C'est ainsi qu'il renforce cette gestion du gouvernement et implique également les autres partenaires au développement des Comores.
Pouvez-vous chiffrer l'investissement fait par le Snu-Comores depuis quatre ans?
En 2009, nous nous étions fixés une ambition colossale en chiffrant le Programme unique à 60 millions de dollars pour trois ans, 2010-2012. Ceci correspondait à 20 millions $ chaque année alors que jusqu'à là, nous étions à un investissement annuel aux Comores qui tournait autour de 10 millions $. Les résultats sont très promoteurs puisqu'en 2010, les fonds consommés étaient de 17 millions $. Pour cette année, jusqu'à novembre, nous avons déboursé 19,5 millions $. Je suis certain que nous allons dépasser les 20 millions en 2011 et espère qu'à la fin du programme, les Comores bénéficieront de la totalité des 60 millions $. La mobilisation de ressources continue toujours.
En quoi l'initiative "Unis dans l'action" peut-elle agir dans la mobilisation de ressources?
Nous avons aussi comme rôle d'aider le gouvernement à accéder à d'autres financements. C'est pourquoi nous avons participé, à partir de fonds propres, à la préparation de la conférence de Doha pour le développement des Comores. Nous pouvons dire que la vision commune a été un grand succès dans la mobilisation de ressources. Maintenant il y a les Ong qataries et les entreprises privées qui interviennent déjà dans le développement des Comores. Ce ne sont pas des sommes que nous comptabilisons mais nous sommes fiers d'avoir permis au gouvernement de bénéficier de ces fonds, ainsi que du financement des autres partenaires.
Parmi les programmes mis en œuvre, lesquels ont eu le plus d'impact pour les Comoriens?
Nous croyons que tous ont eu un impact… Mais, je pense que le programme qui m'a marqué le plus est notre intervention dans la gestion de la phase post-conflit et l'organisation des élections aux côtés de l'Union africaine et de l'ensemble de la communauté internationale. Des résultats crédibles aux élections évitent des séquelles post-électorales qu'ont connues plusieurs pays africains. Les Comores retrouvent ainsi la stabilité et se placent sur la piste du développement. Cela veut dire que l'intervention de la communauté internationale semble porter ses fruits. Nous sommes assez fiers du rôle que nous jouons dans la recherche et la consolidation de la paix et la promotion de la cohésion sociale aux Comores à travers le Fcp qui est doté d'une enveloppe de 9 millions $. C'est une grande fierté pour moi d'avoir participer, d'une manière concrète, à effectuer des changements dans la vie des Comoriens.
Vous accordiez également une importance particulière à la question du Karthala et à la gestion des catastrophes!
Lorsque je suis venu aux Comores, le pays revenait d'une série d'éruptions volcaniques. Le pays n'était pas suffisamment préparé et n'avait pas les mesures adéquates pour répondre aux catastrophes. Nous avons alors organisé le colloque du Karthala en 2008, porté l'attention de la communauté scientifique international sur les menace mais aussi les opportunités que représentait le Karthala pour les Comores. Le colloque a éveillé la conscience des Comoriens et a permis d'échanger avec les communautés sur la valorisation de la montagne. Nous avons appuyé la révision du Cosep pour que le centre puisse faire son travail de coordination, de communication et de gestion d'information. Sous le leadership des autorités, le pays s'est approprié le domaine avec le Cosep désormais opérationnel sur tout le territoire. Avec des fonds du Fcp, nous avons catalysé la création d'une unité de garde côte pour favoriser le sauvetage. Cette initiative a bénéficié de l'appui de plusieurs partenaires dont la Turquie, les Etat Unis, la Chine et la France. Même si les capacités ne sont pas parfaites pour le moment les Comores disposent désormais de moyens pour répondre aux catastrophes maritimes.
Quelles sont les perspectives pour votre successeur par rapport au partenariat entre le Système des Nations unies et le gouvernement comorien?
Nous avons tracé des pistes pour l'avenir de ce pays. Je pense que l'environnement et les changements climatiques vont devenir un des chantiers les plus importants pour les Comores. Nous avons signé, avec le vice-président Fouad Mohadji, un communiqué conjoint qui annonçait des sommes importantes déjà disponibles pour ce domaine. Il y a une passerelle vers l'agriculture et l'énergie qui sont inévitables pour le développement. Le projet Chaîne de valeurs, testé à Mwali, devrait devenir un grand programme national avec un financement déjà acquis de 13 millions $ et d'autres financements promis. Il faut que les Comores relancent les recherches sur les énergies propres. Je privilégie l'énergie hydraulique et la géothermie. L'énergie produite à base de gasoil importé coûte trop chère et pénalise l'industrie, minant sa compétitivité.
Qu'en est-il des Objectifs du millénaire pour le développement?
Les cibles de trois objectifs pourraient être atteintes si des efforts sont renforcés. Il s'agit des objectifs relatifs à l'éducation, la santé et l'égalité du genre. Il y a plus de travail à faire dans les domaines de la croissance économique et de l'environnement. Ainsi le Snu appui des programmes de promotion de la santé maternelle et infantile, l'éducation et l'équité de genre. Nous soutenons aussi les efforts du gouvernement pour accélérer la croissance économique, réduire la pauvreté et conserver l'environnement naturel et la biodiversité. Je crois que la lutte contre le paludisme doit être poursuivie et j'espère que les Comores puissent éliminer bientôt cette maladie endémique. Sur le front de la croissance économique, la finance inclusive est très prometteuse dans un contexte où les Ifd (Meck et Sanduk) détiennent du tiers de l'épargne bancaire du pays. C'est impressionnant. Le Cadre intégré a fait aussi un travail intéressant dans la promotion du commerce extérieur et des investissements. Avec le programme Chaine de valeur agricole, ces initiatives peuvent contribuer à réduire la pauvreté.
Les autorités comoriennes ont accepté la demande d'agrément de votre successeur. Qu'est-ce que vous souhaiterez pour lui par rapport à ces relations avec les médias?
Je suis convaincu que les médias ont un rôle important dans la promotion de la bonne gouvernance et du développement économique de tout pays. C'est ainsi que nous avons tissé des liens et signé des accords de partenariat avec plusieurs médias qui nous ont toujours accompagnés. J'espère qu'ils vont offrir cette coopération à Douglas Casson Coutts, mon successeur.
Vous allez commencer votre retraite dans votre pays natal, le Ghana. Qu'est-ce que vous retiendrez de votre passage aux Comores?
Le sommet du Karthala! J'ai encore les photos pour m'en rappeler… Mais nous espérons qu'il va toujours continuer à dormir!
Propos recueillis
par Irchad O. Djoubeire : alwatwan
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