Le débat sur le droit de vote et l'éligibilité des étrangers non ressortissants de l'Union européenne se cantonnait jusqu'à main...
Le débat sur le droit de vote et l'éligibilité des étrangers non ressortissants de l'Union européenne se cantonnait jusqu'à maintenant au niveau national, mais commence à faire des remous parmi les politiques locaux. C'est notamment le cas à l'UMP qui voit dans cette mesure un vrai problème pour Mayotte.
Selon le Secrétaire Départemental du parti présidentiel Ali SOUF, si cette mesure n'a pas de répercutions importantes en métropole, dans les départements à forte immigration comme la Guyane et Mayotte, les conséquences pourraient être bien plus importantes.
« Compte tenu du contexte migratoire particulier de notre île, si jamais cette proposition de loi est validée à l'assemblée nationale, dès 2014 de nombreuses municipalités de Mayotte pourraient se retrouver dirigées par des personnes d'origine étrangère » s'insurge Ali Souf. Effectivement, sur un territoire où près de la moitié des personnes recensées sont d'origine étrangère les élus ont intérêt à s'inquiéter. Ce dernier rappelle d'ailleurs les derniers chiffres de l'INSEE Mayotte « la part de la population d'origine étrangère était de de 41% en 2007. Elle dépasse largement les 50 % dans les communes du pôle urbain de l'île.»
En dehors du « risque » de voir toute la classe politique renouvelée, se pose effectivement ici la problématique de la souveraineté des mahorais. Comment une population qui s'est battue pour se débarrasser du joug de son voisin comorien va-t-elle vivre le fait d'être dirigée par des français d'origine comorienne ? Cette mesure ne risque t-elle pas d'exacerber les tensions déjà très vives entre les communautés sur l'île ? Pour le représentant de l'UMP « les conséquences sociologiques s'annoncent déjà désastreuses. » Certains évoquent même des tentatives de complots. « Imaginez, cela voudrait dire que les comoriens qui ont la nationalité française pourraient venir se faire élire à Mayotte pour nous déstabiliser, nous n'accepterons jamais cela » s'emballe cet homme. Tout autour de lui, les réactions des badauds sont virulentes.
Du côté des milieux associatifs, certains estiment que cette mesure, aussi impopulaire qu'elle pourrait être parmi les mahorais permettrait enfin d'inciter les élus locaux à s'intéresser aux problématiques rencontrées par les communautés étrangères. Des personnes jusqu'à maintenant totalement délaissées par les politiques publiques. Une révolution totale du discours politique serait donc à prévoir. Et qui sait, nous assisterions peut être à la démocratisation de l'espace politique, lequel il faut le reconnaitre est pour le moment trusté par les mahorais.
Eclairage :
Le jeudi 08 décembre 2011 au sénat, la majorité de gauche a adopté la proposition de loi constitutionnelle relative à l'accord du droit de vote et d'éligibilité des étrangers non ressortissant de l'Union européenne résidant en France par 173 voix contre 166. Le premier ministre, François FILLON a vigoureusement défendu la souveraineté de la France mise à mal par ce projet de texte. Le sénateur, Thani Mohamed Soilihi a participé à la rédaction et
approbation du texte qui donne la possibilité aux étrangers non citoyens de l'union européenne qui résident sur le territoire français de voter et d'être éligible aux élections locales. Mais la gauche ne devrait pas se réjouir trop vite. Le texte voté en 2000 par les députés, a en effet été modifié par les sénateurs. Ce qui oblige à le soumettre une nouvelle fois au vote de l'Assemblée à majorité UMP. Et si, par miracle, l'Assemblée vote pour la loi, il faudra encore valider la révision de la Constitution. Ce coup de tampon final nécessitera un référendum ou, plus probablement, un vote du Congrès. Députés et sénateurs devront alors voter le texte à la majorité des 3/5ièmes. Une majorité que la gauche ne possède pas encore. Albalad
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