Après trois ans de séjour comme ambassadeur de France aux Comores, Luc Hallade est nommé ambassadeur de France à Kinshasa (RDC). En excl...
Après trois ans de séjour comme ambassadeur de France aux Comores, Luc Hallade est nommé ambassadeur de France à Kinshasa (RDC). En exclusivité pour Albalad, il a parlé des rrlations entre les deux pays, précisant que la récente crise au sujet de Mayotte relève du passé.
■ Vous quittez les Comores après trois ans comme ambassadeur de France aux Comores. Voudriez-vous nous faire le point des relations entre Paris et Moroni?
Les relations franco-comoriennes sont bonnes. Elles ont certes connu quelques tensions qui sont désormais apaisées. Les Comores et la France partagent, non seulement une histoire et une langue communes, mais aussi une population : 300.000 Comoriens ou personnes d'origine comorienne vivent sur l e sol français. I l y a une réelle volonté affichée par les nouvelles autorités comoriennes de décrisper les relations bilatérales, d'avancer de façon pragmatique vers l'apaisement du contentieux sur Mayotte et de raffermir les liens de tous ordres, y compris économiques, avec l a France.
S Quelles ont été les grandes actions ayant marqué votre mission aux Comores durant votre séj'our?
J'ai plutôt tendance à mettre en avant la multiplication des actions de développement à la base, au niveau des villages, des communes sur l es trois îles qui ont, j'espère, contribué à convaincre les Comoriens qu'au-delà des relations diplomatiques et politiques, la France et son ambassadeur ont souhaité afficher et raffermir les liens de solidarité entre nos deux pays et contribuer concrètement à l'amélioration des conditions de vie de nombreux Comoriens, sur tout l e territoire. J'ai effectué de nombreuses visites de terrain qui m'ont permis de rencontrer beaucoup de Comoriens, de toutes conditions, d'aller vers la population, qui m'a toujours et partout remarquablement bien accueilli, dans la tradition d'hospitalité des Comores.
S A cause de Mayotte, les relations entre Paris et Moroni s'étaient tendues récemment. Comment avez-vous vécu cette crise qui s'est rapidement tassée?
J'ai été choqué par l es attaques violentes dont la France et moi-même avons fait l 'objet de la part de certains responsables politiques, pourtant censés rechercher l'apaisement plutôt que les tensions entre les deux pays. Heureusement, cette crise est maintenant derrière nous. Espérons que cette leçon sera utile à l'avenir.
S La tension était à tel point que des officiels comoriens avaient demandé votre départ. Votre départ, aujourd'hui, découlerait-il de cette demande?
Bien sûr que non ! Il était programmé depuis longtemps, puisque la durée normale d'un mandat d'ambassadeur dans un pays, quel qu'il soit, est de 3 ans. Je suis arrivé aux Comores le 3 juillet 2008. Je les quitterai le 1er juillet 2011. C'est tout à fait normal. J'ai été nommé, par le Président Nicolas Sarkozy, Ambassadeur de France à Kinshasa (République Démocratique du Congo). Je suis fier de la confiance que m'a accordée le Président de la République en me nommant Ambassadeur dans un pays avec lequel nous avons aussi des relations très fortes et dont l a stabilité est essentielle au développement de toute l'Afrique centrale.
S Vous aviez dit, un jour, souhaiter des relations denses entre les deux pays. Croyez-vous cela possible avec ce contentieux vieux de 36 ans que constitue Mayotte?
Je reste convaincu que le contentieux sur Mayotte est surmontable et qu'en tout cas, nous pouvons, malgré ce contentieux, maintenir et développer des relations apaisées entre nos deux pays. C'est notre intérêt commun et je ne doute pas que la volonté affichée de part et d'autre d'avancer vers des solutions pragmatiques permette d'éviter de nouvelles tensions.
S Comment mettre un terme à ce problème qui oppose deux pays condamnés, pourtant, à s'entendre?
Il faut revenir au dialogue et à la négociation bilatérale. Je salue à cet égard la volonté exprimée à plusieurs reprises par le Président Ikililou de favoriser l'association des Mahorais à ce dialogue et à ce rapprochement nécessaires entre les îles.
S Comment appréciez-vous les débuts du président Ikililou qui vient d'entrer en fonctions?
Je salue l es premières décisions et i nitiatives prises par l e Président Ikililou. La France se réjouit de sa volonté affichée de lutter contre la corruption, véritable cancer de la société, de réformer l 'administration, d'introduire plus de rigueur et de transparence dans la gestion des biens et des finances publiques, de même que dans celle des sociétés d'Etat. Tout cela va dans le bon sens, celui du développement du pays, et l a France appuie ces efforts, comme en témoigne la convention d'aide budgétaire que j'ai signée le 17 juin avec l e MIREX, qui prévoit d'accompagner l a réforme de l'Etat et de ses différentes institutions initiée par le Président Ikililou.
MOHAMED HASSANI