Les "Mtsango" jouent un rôle crucial dans les dynamiques économiques et sociales des Comores. Comment une pratique ancestrale tel que le « MTSANGO » p
La Tontine Comorienne (MTSANGO) : «la banque des exclus »
Comment une pratique ancestrale tel que le « MTSANGO » peut-il se réinventer pour faire face aux défis actuels émergents?
Le Mtsango (ou la tontine), mécanisme simple et redoutablement efficace, implique que les membres d'une communauté forment une cagnotte avec leurs moyens financiers, confiée à un tontinier ou une tontinière agissant en tant que tiers de confiance. Chaque contributeur peut ensuite recevoir à tour de rôle, ou par tirage au sort, tout ou partie de l'argent collecté.
Les tontines jouent un rôle crucial dans les dynamiques économiques et sociales des Comores. Elles représentent l’une des principales sources de crédit-épargne pour les particuliers, notamment les travailleurs du secteur informel. Le crédit rotatif utilisé par la tontine facilite la transparence et le suivi des transactions financières au sein de cercles relativement restreints, remplaçant ainsi la banque formelle et servant de "banque des exclus".
Face aux difficultés d'obtention de crédits dans les banques formelles, de nombreux acteurs de l'économie informelle, et même formelle de petites tailles, se tournent vers la tontine pour leurs besoins de financement, que ce soit pour le fonds de roulement ou les investissements.
Il semble nécessaire que le gouvernement comorien et la Banque Centrale des Comores (BCC) devraient mettre un terme à la collecte illégale de l’épargne appelé "MTSANGO" sur toute l’étendue du territoire national, ainsi que toutes autres formes ou appellations du genre.
Personnellement je propose une solution clé visant à renforcer la formalisation de la tontine en introduisant des statuts juridiques spécifiquement associatifs. Ces statuts juridiques devraient inclure des sections dédiées aux "aides aux membres", décrivant comment les aides sont distribuées et financées.
Elles couvriraient des événements malheureux (décès, maladies, catastrophes naturelles, etc.) ainsi que des événements heureux (mariages, naissances, scolarité des enfants, voyages, achat d’une voiture ou d’un terrain, construction d’une maison etc.) et divers projets productifs. Cependant, les sommes versées seraient fixées préalablement et ne poursuivraient pas toujours un objectif d'indemnisation, comme le ferait une assurance formelle.
Face à l'absence totale d'un système de couverture des risques et de protection sociale, il est impératif de remédier à cette injustice sociale de masse en offrant une protection aux plus vulnérables (pourrait être encadré par le Code des assurances).
Transformer ce système de solidarité rudimentaire en un système plus solide et plus formel nécessiterait une réglementation innovante. Cette approche s'inscrit dans l'économie de la protection sociale, mobilisant diverses disciplines telles que la microéconomie, les techniques financières, les statistiques, la santé publique et le droit pour créer un cadre solide et équitable.
En régulant la tontine, on peut ainsi créer un mécanisme qui offre une protection sociale aux plus vulnérables, contribuant ainsi à l'évolution d'une pratique traditionnelle vers une forme plus moderne et durable.
OUZALI Saïd Youssoufa
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