Élections 2024 : La Cour suprême annonce la couleur, toute honte bue. L'attente était interminable, comme un prélude à ce qui allait suivre. Ce samed
La plus haute instance judiciaire a révélé ce samedi les listes définitives des candidats aux élections présidentielles et gouvernatoriales de 2024. Un candidat de l'opposition à Anjouan a été écarté de la course, son concurrent ayant utilisé contre lui une fausse décision le condamnant attribuée à la Cour de sûreté de l'État. Par ailleurs, un autre candidat, affilié au régime et condamné en octobre 2022 à 7 ans de prison pour trafic d'or, a été confirmé.
L'attente était interminable, comme un prélude à ce qui allait suivre. Ce samedi 2 décembre, la Cour suprême a prononcé l'arrêt dévoilant les listes définitives des candidats à la présidence de l'Union et aux postes de gouverneurs des îles. Sans surprise, des candidatures ont été rejetées et d'autres retenues. Les cas les plus frappants concernent particulièrement les candidatures de Mohamed Soilihy et de Yasser Ali Assoumani. Le premier, candidat indépendant soutenu par le plus grand parti du pays, Juwa, actuellement dans l'opposition, voit sa candidature rejetée par la Cour suprême, laissant place à la déception. Le second, également indépendant mais proche du régime, a vu sa candidature validée, lui permettant désormais de mobiliser ses partisans. Tous deux aspirent au gouvernorat d'Anjouan.
Dans son arrêt, la haute juridiction justifie l'éviction de Mohamed Soilihy par une prétendue « condamnation ». « Considérant que, selon l'article 15 de la loi n°22-017/AU relative au code électoral, les personnes condamnées à une peine d'emprisonnement d'au moins deux ans (...) ne sont pas éligibles ; Considérant que Monsieur Mohamed Soilihy, condamné à quatre ans d'emprisonnement dont deux ans avec sursis par l'arrêt N° 02/22 du 3 mars 2022 de la Cour de sûreté de l'État, voit sa candidature rejetée », peut-on lire dans ledit arrêt. Cependant, cette « condamnation » n’émane pas de la juridiction citée, mais plutôt du candidat de la CRC, le parti au pouvoir, Zaidou Youssouf, qui l'a fabriquée de toutes pièces.
Le 3 mars 2022, s'est tenu à Anjouan le procès de l'affaire de la médina de Mutsamudu, impliquant le gouverneur déchu Abdou Salami Abdou et plusieurs de ses proches. Le nom de Mohamed Soilihy ne figure pas sur l'ordonnance de renvoi dont La Gazette des Comores, qui avait dépêché un correspondant sur place, s'est procuré une copie par l'entremise d'un membre de la Cour de sûreté de l'État. Certains médias, dont Fcbk FM, ont diffusé un live du procès, et personne n'a entendu le nom de Mohamed Soilihy parmi les personnes poursuivies, encore moins condamnées. À l’occasion du procès à la Cour suprême, l’avocat de Soilihy, Fahmi Said Ibrahim, a versé le vrai arrêt sur lequel M.Soilihy ne figure pas. Il a également versé l’ordonnance de renvoi qui renvoyait les prévenus devant la juridiction de jugement et Soilihy n’y figure pas non plus. Malgré tous ces éléments de preuve, la Cour a décidé de rester égale à elle-même. Même le fait que le recours du poursuivant a été déposé hors délai n’aura pas freiné la forfaiture.
En ce qui concerne Yasser Ali Assoumani, il a comparu de la prison pour être jugé. Il a été condamné à 7 ans de prison ferme à l’issue de son jugement en octobre 2022. Ce n’est que 5 mois après cette condamnation, soit en mars 2023, que l’ancien directeur des aéroports des Comores a retrouvé la liberté grâce à un acte administratif unilatéral signé par le ministre de la justice. Ce dernier s’est donné la liberté de mettre en liberté un détenu, comme Kiki, en son temps, avait pris la liberté de demander à son secrétaire général de priver, par un acte administratif, la liberté d’Ahmed Abdallah Sambi. Et pourtant, la privation de liberté, comme la libération d’un prisonnier, est du seul ressort du juge dans tous les États où le droit est respecté. Mais comme Mohamed Daoudou alias Kiki et Djae Ahamada Chanfi sont de la même école, ils ne peuvent qu’être du même tonneau. Pour revenir à la disqualification de Mohamed Soilihy et la validation de Yasser Ali Assoumani, par ces deux décisions, iniques, la haute juridiction se discrédite. Encore !
Toufé Maecha
(Cet article a paru dans La Gazette des Comores de ce mardi 5 décembre)
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