Anjouan, « l’île au trésor » d’Azali ? En 2018, lorsque l’ancien militaire et son gouvernement avaient décidé d'engager la modification de la constitu
Anjouan, « l’île au trésor » d’Azali ?
Photo d’archives |
La présidente tournante de l’Union des Comores aurait dû échoir à l’île d’Anjouan en mai 2021 pour la deuxième fois depuis son instauration en 2002. Mais Azali Assoumani, réélu en 2016, en a décidé autrement. Et curieusement, c’est sur l’île qu’il compte encore s’appuyer pour s’offrir un 3e mandat consécutif, malgré son mauvais bilan.
En 2018, lorsque l’ancien militaire et son gouvernement avaient décidé d'engager la modification de la constitution pour se permettre de conserver longuement le pouvoir, tous les observateurs, tous les opposants pensaient que le régime allait tomber à Anjouan ou du moins se heurter à une résistance. 8 ans après, on s’aperçoit que l’ancienne île rebelle s’est transformée en lieu de refuge du colonel. A la moindre difficulté à Ngazidja, il s’envole vers Anjouan pour se ressourcer.
Et à chaque fois, il est reçu sur tapis rouge, comme un héros libérateur, depuis l’aéroport de Ouani avec les youyous et les colliers de jasmin jusqu’à son hôtel. C’est encore dans l’île où M. Azali et son gouvernement comptent faire le plein des voix le 14 janvier pour espérer l’emporter dès le premier tour.
L’ancien chef d’état-major croit réussir un coup de maitre, avoir découvert un fief électoral qu’il n’avait jamais réussi à créer, jusqu’ici, même à Ngazidja. L’Anjouan d’après débarquement semble être une autre version de l’île. Celle qui a renoncé à son autonomie, à sa tournante et à l’ensemble de ses combats des années 90.
Un mal étrange l’aurait gangrénée jusqu’à trouver fascination pour un régime qui la méprise, la broie, maltraite ses représentants, et qui est convaincu que pour gagner il faut « terrifier » les adversaires. Ce mal étrange semble être la haine, la rancœur et l’impatience.
Certains leaders anjouanais agissent comme le singe d’Ali Baba préférant quelques bananes mûres plutôt que des paquets des milliers de francs ne sachant pas qu’avec l’argent il peut acheter beaucoup de bananes. Voilà ce qui explique, peut-être, ce qu’est devenue Anjouan, « l’île au trésor » d’Azali.
Fort heureusement, une lueur d’espoir semble se profiler à l’horizon. Et tâchons à lui donner plus d’éclat pour mettre en péril les plans du système. Ils sont très nombreux à confier que les Anjouanais ne sont pas dupes, ils vont se réveiller rapidement pour délivrer leur île et défendre démocratiquement leurs intérêts collectifs. Les 8 ans d’Azali n’ont rien apporté.
Les quelques avantages accordés ne sont pas à la hauteur des sacrifices consentis. Même pas un retour de l’ex-homme fort de l’île, Mohamed Bacar (exilé au Bénin depuis 2008), pourtant promis à ses proches. Mais tout cela à une condition : qu’il y ait des élections libres et transparentes le 14 janvier prochain. Et dans cette hypothèse, la logique voudrait qu’au nom de l’antériorité, les vrais représentants de l’île en reprennent possession et délogent du trône les nouveaux imposteurs.
Par Ali Mmadi
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