France-Afrique, mais que se passe-t-il ? Les relations entre l’Occident et cette grande partie du monde ont toujours suscité de l’engouement et des dé
France-Afrique, mais que se passe-t-il ?
Si l’on avait à ne choisir que deux segments de l’histoire récente du continent africain dans ses relations avec l’Occident, on en aurait d’abord et peut-être naturellement retenu une séquence plus universelle, celle marquée par les bouleversements géo-politiques qu’a connus le monde avec la guerre froide. En effet, comme c’est le cas aujourd’hui avec le conflit ukrainien, à l’aube des années 1990, le monde vivait la peur dans le ventre si jamais un jour, on se levait un matin et tout allait disparaître en une seule nuit, parce que les puissances nucléaires auraient dépassé, chacune la sordide et absurde théorie équilibriste, en appuyant sur son horrible gadget nucléaire. De cette même séquence de l’histoire mondiale vue d’une fine fenêtre de la guerre froide en nait une autre plutôt ancrée, cette fois dans les relations entre le continent noir et la France.
Francophonie et Commonwealth, deux systèmes pour une {Afrique}
Dès lors qu’on parle des relations franco-africaines, on a affaire avec la Francophonie, mais en réalité, ce serait une faute le fait de ne pas avoir aussi un autre regard songeur sur le Commonwealth dans le continent. La Francophonie et le Commonwealth sont deux systèmes qui ont en commun le fait qu’ils partagent chacun l’idée de postcolonial. Dans le fond, la francophonie regroupant les pays jadis colonisés par la France est souvent perçue comme un espace pluriel où plusieurs cultures et géographies se rencontrent grâce à une langue de partage qui est le français.
C’est dans ce sens, que la Francophonie s’est vue collée dès l’aube de la décolonisation des étiquettes linguistiques et culturelles. Quant aux colonies britanniques, au lendemain des indépendances, leur communauté avec la Grande Bretagne, le Commonwealth s’est très tôt défini, dès le départ, comme une politique économique. Une Francophonie linguistique aux côtés d’un Commonwealth économique, c’est déjà un contraste entre ce qui se révèlerait abstrait et ce qui s’avèrerait concret. Nombreux sont les historiens et analystes qui s’intéressent aujourd’hui à cette double Afrique contrastée où les nations anglophones sont celles qui sont les mieux avancées ou plus stables aux côtés de leurs voisins francophones. Ces Africains, longtemps divisés entre Anglophones, Francophones, pire encore entre Afrique maghrébine et subsaharienne se découvrent de plus en plus dans un seul continent dit Afrique, cela grâce à l’émergence de nouvelles technologies de l’information et de la communication.
L’émergence de nouveaux médias, source de basculement
Les relations entre l’Occident et cette grande partie du monde ont toujours suscité de l’engouement et des débats parfois houleux souvent confisqués et réservés à l’élite capable de s’offrir un livre, un article de journal, un poste de radio ou tout simplement ce que l’on nommait jadis communément le petit écran. Mais aujourd’hui, les temps ont changé. Le petit écran a évolué. Il devient géant, remplacé même par d’autres écrans beaucoup plus fins et assez amoindris encore, tactiles et amovibles. Grâce à l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ces débats deviennent alors de plus en plus accessibles à d’autres catégories sociales longtemps exclues et qui, manifestement avaient tant encaissé et longtemps emmagasiné des choses qu’elles recrachent sans réserve aucune aujourd’hui : la masse populaire qui a son mot à dire, le dernier même, dirait-on.
Voyez-vous, je ne suis pas obligé d’aller supplier des éditorialistes locaux, régionaux ou internationaux pour vous livrer ma pensée au risque de me faire recaler voire censurer, non pas par peur mais par humeurs. Je vous écris, vous me lisez ou lirez de chez vous, au travail, en pleine rue, dans le bus, dans les airs…etc. Vous pouvez aimer ou ne pas aimer ce qui est dit, l’apprécier ou pas. L’essentiel, c’est que l’opinion soit désormais accessible à tout le monde qu’elle ne le fut pas il y a longtemps. C’est cette démocratisation des moyens de l’information qui a accentué le degré de réception du débat franco-nigérien autour des accords de Vienne.
Quand le Niger impose le débat sur ce que sont les accords de Vienne
A l’heure où j’écrivais ces lignes, l’avion transportant Sylvain Itté, ancien ambassadeur de France à Niamey {si j’ose l’appeler ainsi} avec six collaborateurs venait d’atterrir en France, plusieurs semaines après que les autorités françaises avaient persisté sur son maintien à Niamey malgré la levée de son immunité diplomatique. Le diplomate a pendant plusieurs jours été au centre d’une querelle politico-diplomatique entre Niamey et Paris, voire entre l’opinion politico-diplomatique africaine et occidentale qui mettait en avant les accords de Vienne.
Au lendemain du coup d’État ayant renversé le président nigérien élu, Mohamed Bazoum la France, par la voix de son président Emmanuel Macron {Discours du 28 août 2023 à la Conférence des Ambassadeurs} ne cachait pas son soutien au président déchu et a, malgré cela tranché sur la question, lors de la conférence des ambassadeurs, le 28 août 2023 : « {…} qu’il s’agisse du Soudan où la France a été exemplaire y compris dans l’évacuation de nos propres ressortissants et des ressortissants de beaucoup de nos collègues, au Niger en ce moment même. Je salue votre collègue et vos collègues qui nous écoutent depuis leur poste. {…}». En glorifiant dans son discours un des collègues diplomates, le président faisait référence à Sylvain Atté déclaré pourtant personna non grata par la junte militaire nigérienne au pouvoir et ses collaborateurs restés jusqu’à là sur place malgré tout.
Ainsi, à la question « France-Afrique, mais que se passe-t-il ? », – Comme toutes les opinions dans le monde, l’opinion africaine dans son ensemble s’ouvre aujourd’hui au monde, analyse les faits dans leur passé et présent pour s’imaginer peut-être un futur qui puisse sortir cette partie du monde dans l’ombre qui l’a longtemps enveloppée.
Abdoulatuf BACAR, écrivain
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