«Aucune lettre n'a été envoyée au SG de l'ONU pour demander un quelconque retrait de la question de Mayotte». Soefo Aboudou, ancien Ministre des Affai
Ce matin, un ami m'a fait part d'une lettre qui circule sur les réseaux sociaux ayant pour objet une demande de retrait de la question de Mayotte de l'ONU, lettre portant m'a signature en qualité de ministre des Relations Extérieures de l'union des Comores.
L'auteur de cette diffusion, un féru du sensationnel et du buzz médiatique, aime soulever cette affaire dans le but d'attirer sur moi la colère et la vindicte populaires pour fait de trahison. Et c'est de façon intentionnelle qu'il propage de l'intox au sujet de cette affaire puisque mon ami Fahmi Said Ibrahim, ancien ministre des Relations Extérieures de notre pays, qui est de même obédience politique que lui, avait opposé un démenti formel sur ce prétendu retrait de la question de Mayotte de l'ONU .
Alors que s'est- il réellement ?
A quelques semaines avant la tenue de la 60ème Session de l'Assemblée Générale ordinaire des Nations unies en Septembre 2005, le Président Azali m'a ordonné de saisir le Secrétaire Général des Nations UNIES, SEM Kofi Annan, d'une requête que nous (mon Cabinet et moi-même) avions retenue comme étant une demande de retrait de la question de Mayotte de l'ONU. J'ai décidé d'associer le Cabinet du Chef de l'état, ses conseillers juridique et diplomatique en particulier, à la formalisation de cette demande. Une réunion s'est alors tenue au MIREX.
Les participants à cette rencontre ont estimé que cette demande n'était pas pertinente. Mais comme le Président était absent alors que nous étions à moins d'un mois de la tenue de la 60ème Session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, il a été retenu de mettre en forme la demande tout en attendant le retour du Président pour plus d'éclaircissement. J'ai par ailleurs jugé utile de confier ladite lettre à la délégation technique (composée entre autres du conseiller diplomatique du Président, du directeur du département Europe/ Amérique au MIREX et du conseiller juridique au MIREX) pour la remettre à notre Chargé d'affaire à New-York, lui qui est en première ligne dans l'exécution de la procédure, et avec qui elle va devoir approfondir le bien fondé de la requête.
Les éclaircissements obtenus au retour du Président ont montré qu'il y a eu une incompréhension de notre part du contenu de la lettre telle que vue par le Président Azali. Il s'en est suivi que la procédure à été pure et simplement annulée. Aucune lettre n'a donc été envoyée au SG de l'ONU pour demander un quelconque retrait de la question de Mayotte.
LA QUESTION DE MAYOTTE FAIT TOUJOURS PARTIE DES DOSSIERS DONT LES NATIONS UNIES DEMEURENT SAISIES.
Il est vrai qu'elle n'y est plus soumise au débat depuis 1995, à la demande du gouvernement d'union Nationale formé à la suite du coup d'état de Bob Denard d'Octobre 1995 suivi de la déportation de feu Président Djohar à la Réunion.
Ce qui devait être le contenu de la fameuse lettre à été par la suite intégré au dernier paragraphe de mon Allocution à la Tribune de cette 60ème Session de l'Assemblée Générale des Nations Unies de Septembre 2005. En effet, cette AGNU a été précédée d'un Sommet International pour faire le point sur les OMD ( Objectifs du Millénaire pour le Développement) auquel à pris part le Président.
Mais son agenda relatif à la préparation de la Conférence de Maurice l'ont contraint à d'autres rendez-vous et j'ai eu alors l'honneur de diriger la délégation après son départ. Pour être complet sur cette affaire, je prie l'auteur du buzz de bien vouloir retrouver ladite allocution et publier dans ces colonnes le contenu du dernier paragraphe consacré justement à la question de Mayotte.
Il a été développé par ailleurs par le passé l'idée selon laquelle c'est notre Chargé d'affaire à New-York qui avait bloqué la lettre par patriotisme ! Depuis quand un Ministre ou un Ambassadeur est-il investi d'un tel pouvoir face une décision du chef de l'état, de surcroît dans un domaine auquel est consacré usuellement le qualificatif de réservé. Tout au plus aurait-il à présenter sa démission.
Soefo Aboudou, ancien Ministre des Affaires Étrangères
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