Opération « Wuambushu » à Mayotte : Réaction du Gouvernorat d'Anjouan. « Nous devons être solidaires et demander aux autorités compétentes de stopper.
Opération « Wuambushu » à Mayotte, Anjouan donne son point de vue
Une réunion de réflexion sur l’opération « Wuambushu » envisagée par la France d’expulser des Comoriens résidant dans l’île sœur de Mayotte s’est tenue ce jeudi 13 avril 2023 à Dar-Nadjah.
Elle a été présidée par la Secrétaire générale du Gouvernorat : madame Baraka Anli Mari. La rencontre avait regroupé le Cabinet du Gouvernorat, des préfets, des maires ou de leurs représentants, des responsables de l’administration insulaire, des ONG, des organisations de la société civile, des notables et des jeunes, entre autres.
En introduction, la Secrétaire générale du gouvernorat a montré avec inquiétude que la France jusqu’à présent considérée parmi les pays respectueux des droits de l’homme s’apprête d’expulser massivement des Comoriens vivant dans leur île sœur (Mayotte) en dépit des conventions signées par la France. Même si Mayotte est considérée comme département français, mais l’article 7 du traité de Rome « interdit toute discrimination exercée en raison de la nationalité et qualifie cette opération de crime contre l’humanité ».
En outre, les articles 4 et 8 de la Convention européenne interdisent les expulsions collectives des étrangers et la destruction de leurs domiciles.
La SG a également manifesté son souci de considérer que parmi ces refoulés se trouvent des personnes âgées, des enfants scolarisés et des enfants en bas âge, des enfants non accompagnés et surtout les pauvres délinquants que le pays ami, la France, a failli à leur éducation à Mayotte et d’autres employés qui seront forcés d’abandonner leurs emplois. En pareille situation, qui va assurer la scolarisation de ces enfants ? Qui va garantir leurs situations alimentaires, sécuritaires, sanitaires et autres ? En plus du chômage qui prévaut au pays, quel emploi va-t-on attribuer à ces nouveaux chômeurs ?
Est-ce que cette opération n’entre pas dans le cadre de l’accord France-Comores qui dit que le refoulement des personnes, des mineurs non accompagnés ou mineurs isolés présents à Mayotte et devant retourner dans leur île d’origine de l’Union des Comores ? (voir Convention II -2 (réadmission).
Cette question nous interpelle tous les Comoriens de l’intérieur et la diaspora, les deux pays, et tous les pays épris de paix et de stabilité ainsi que la communauté internationale. La SG du gouvernorat a en outre montré qu’Anjouan, seule, n’a pas les moyens de maitriser cette situation. Ainsi, l’apport de tout un chacun est nécessaire pour y faire face.
Les participants ont donc manifesté leur désarroi et des propositions ont été avancées :
- « Nous devons être solidaires et demander aux autorités compétentes de stopper les mouvements maritimes des bateaux venant de Mayotte. Au cas échéant, l’assistance recommande que les rapatriés soient débarqués dans la capitale comorienne où leur prise en charge sera rapide et où les ambassadeurs accrédités aux Comores seront beaucoup plus témoins du drame » ;
- « Les chefs religieux, les autorités communales et préfectorales et les organisations de la société civile doivent réagir afin de stopper cette opération »
- « Considérant que la logistique est toujours renforcée à Mayotte, nous constatons que la France n’a pas pris en compte le communiqué de Beit-Salam. Cependant, nous estimons que l’Union des Comores et l’Union africaine devront hausser le ton ».
La Secrétaire générale du gouvernorat interpelle donc les autorités du pays, tous les Comoriens et la communauté internationale de stopper l’opération « Wuambushu » et elle invite tous les cadres à veiller à la politique et à diplomatie du pays par des critiques constructives, et ce, pour l’intérêt général.
Enfin, le Directeur de Cabinet : Saindou Ali Assane, assurant l’intérim du Gouverneur de l’île autonome de Ndzuwani : SEM Anissi Chamsidine a, au nom du Gouverneur et à son nom propre, remercié l’assistance d’avoir répondu à l’invitation du gouvernorat de Ndzuwani dans le but de mener une réflexion sur l’avenir du pays en général et de l’île autonome de Ndzuwani en particulier.
Le Gouverneur par intérim remercie également les organisations de la société civile, de l’intérieur comme de l’extérieur d’avoir condamné avec fermeté le projet français d’expulser des Comoriens résidant à Mayotte.
Toutefois, il reste convaincu que le Président de l’Union des Comores, Président de l’UA : SEM Azali Assoumani veillera à une solution sage de la problématique.
Par ailleurs, considérant le problème foncier de l’île, personne ne sera donc à l’abri des conséquences fâcheuses de l’opération « Wuambushu » tandis que la France est en mesure de garder tout ce monde à Mayotte et y vivre en harmonie, a conclu le Gouverneur par intérim.
Gouvernorat de Ndzuani
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