Abdourazakou Abdoulhamid et la nuit fatidique du 26 novembre 1989 : Un soir tragique qui sort la Gendarmerie comorienne de l'isolement. La nuit du dim
Abdourazakou Abdoulhamid et la nuit fatidique du 26 novembre 1989 : Un soir tragique qui sort la Gendarmerie comorienne de l'isolement
La nuit du dimanche 26 au 27 novembre 1989 à l'aube, les Comoriens apprenaient au compte gouttes et avec stupeur que le père de l'indépendance, le président Ahmed Abdallah Abderemane venait d'être assassiné dans son Palais de Beit Salam, dans des circonstances restées floues jusqu'à aujourd'hui.
Les historiens soutiennent toujours imprudemment la thèse d'une mort en présence des mercenaires français Bob Denard et d'autres mentors de la Garde présidentielle (GP). "Quatre personne sont présentes dans le bureau présidentiel au moment du drame", avance Jean Pierre Bate, auteurs de plusieurs ouvrages et articles sur la France-Afrique comme "Les Réseaux Focart", "La fabrique des Barbuses", "Maintenir l'ordre colonial"...
Qui sont ces quatre personnes ? - Il s'agit du président lui-même, et des trois mercenaires français dont Bob Denard, le capitaine Malacrino alias Marquès, chef opérationnel de la Garde présidentielle, et de Jean-Paul Guerrier appelé aussi Siam, chef du 2ème bureau de la Garde présidentielle. Quelques minutes après, "ils seront rejoints par Jaffar, le garde du corps du président", poursuit Jean Pierre Bate.
Ce jour-là, je revenais d'un pique-nique de l'Alliance Club, à Chindini, accompagné de mes enfants qui étaient, à cette époque-là de jeune âge. De retour l'après-midi, j'étais invité à un madjliss à Ntsaouéni. Je me suis préparé à cet effet, puis parti. Rentré du Madjliss, j'apprends qu'un téléphone venant de Ndzuani me demandait sans cesse et d'urgence, d'urgence.
À l'époque, il n'y avait le téléphone mobile et la technologie dont on se réjouit aujourd'hui. Ils voulaient avoir le président sans succès depuis plusieurs heures. J'ai tout de suite composé le numéro présidentiel mais personne ne décroche. J'ai insisté plusieurs fois en vain. Puis, j'appelle à la Garde Présidentielle.
- Est-ce qu'il n'y a rien de grave là-bas ? lui demandais - je.
- Non, non, non ! répond une voix au bout du fil à l'accent français.
- Est-ce que le téléphone fonctionne à Beit-Salam ?
- Oui, oui, oui !
- Le président est injoignable, lui dis-je.
- Ben il faut insister ! ajoute-t-il
Je commençais à douter que quelque chose de bizarre se passait. J'ai rappelé Ndzuani rendant compte que je n'arrive plus à avoir le président. Quelques minutes après, avant même que je puisse enlever mes chaussures, le téléphone sonne de nouveau. Je décroche. Au bout du fil, Capitaine Janot, mon Conseiller technique.
- Il y a quelque chose qui se passe à Beit-Salam. On y entend des détonations et des armes sérieuses.
- Ah bon ? lui répondis-je.
Je raccroche le téléphone et je rappelle à la GP.
- Que se passe-t-il à Beit-Salam ?
- Ah non, il y a rien. Nous, on a rien.
- Vous n'y avez pas de manoeuvres en ce moment ?
- Non, on a rien ! Il doit se passer quelque chose. J'ai décidé de mettre toute la Gendarmerie en alerte. Cette année-là, ma femme était à terme de grossesse du Feu lieutenant Chahalane Abdourazakou. Une demi-heure après, le téléphone sonne de nouveau. C'est Mzé Kazouine natif de Domoidjou Mbadjini (Paix à son âme ). Il confirme une avancée militaire vers la caserne de la Gendarmerie de Moroni, avec des tirs.
- Mettez-vous en disposition de commande. Vous êtes combien ? Leur effectif n'avait même pas atteint quinze, cette nuit-là. Mais ça fait rien. Méfiez-vous en disposition de commande. J'arrive....
Par Abdoulatuf Bacar
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