Relation Comores - Côte d’Ivoire : Des Comoriens symbolisent fortement cette relation
La Relation Comores – Côte d’Ivoire
Un adage ivoirien dit que « Nul ne vieillit sans être né ». Depuis de nombreuses années, l’archipel des Comores et la Côte d’Ivoire entretiennent des relations bilatérales notamment dans les secteurs de l’éducation et de la coopération bancaire. De nombreux cadres supérieurs comoriens ont été formés dans les Universités et grandes écoles ivoiriennes. Cette relation remonte à l’après-guerre lors de l’institution de l’Union française.
Créée, en 1946, l’Union française a permis à de nombreux ressortissants des colonies françaises d’Afrique notamment à des Comoriens, de participer à la vie parlementaire française. Ainsi le député Saïd Mohamed Cheikh va côtoyer ses homologues députés africains dont l’ivoirien Felix Houphouët Boigny et les sénégalais Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye. La plupart de ces députés africains se lient d’amitié et travaillent de concert pour faire avancer les droits des populations des colonies.
Médecin et en même temps planteur et dirigeant syndical, l’ivoirien Houphouët Boigny deviendra un acteur majeur de la scène politique française. Il sera membre du gouvernement français. La Côte d’Ivoire et les Comores optèrent massivement pour le « oui » à la Communauté lorsque le Général Charles de Gaulle propose de ratifier par référendum, le 28 septembre 1958, un nouveau projet de Constitution portant, entre autres articles, sur la création d’une Communauté française pour remplacer l’Union française désuète.
Cependant au moment des indépendances africaines, les élites politiques comoriennes de l’époque considéraient que l’Archipel n’était pas prêt pour l’indépendance du fait de son retard économique et du déficit d’infrastructures de base et choisissent l’autonomie interne.
Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire, l’amitié entre Said Mohamed Cheikh et Houphouët Boigny se poursuivi voire s’est renforcé. Comme témoignage de cette amitié, le président Houphouët Boigny fait un déplacement dans l’archipel pour voir son ami Said Mohamed Cheikh. Le 2 juillet 1963, plus exactement, Houphouët Boigny fait escale à Mutsamudu (Anjouan) et reçoit de Saïd Mohamed Cheikh, alors président du Conseil du gouvernement des Comores, les insignes de Grand-Croix de l’Etoile d’Anjouan. Dans son discours de remerciement, Houphouët Boigny parle des routes « parallèles » suivies par son pays et par les Comores.
En 1975, dans la tourmente de la rupture entre la France et le régime révolutionnaire d’Ali Soilihi Mtsashiwa, la Côte d’Ivoire vient à la rescousse du nouvel Etat Comorien en acceptant d’accueillir des bacheliers comoriens notamment dans les filières d’infirmiers et de sage-femmes. Le flux étudiant vers Abidjan, s’accélère à la fin des années 70 et début des années 80.
Beaucoup de jeunes comoriens vont s’inscrire notamment à l’Université Nationale de Côte d’Ivoire et dans les Ecoles techniques comme l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics (ENSTP), l'Institut National de Formation Sociale (INFS) d'Abidjan, l’Ecole Nationale Supérieure des Etudes Agricoles (ENSEA), l’Ecole Nationale d’Administration, l’Institut National des Etudes Statistiques et le Centre de Formation aux Etudes Bancaires. De nombreux cadres techniques issus de ces formations, sont ensuite rentrés aux pays pour occuper des postes de responsabilités.
Des Comoriens symbolisent fortement cette relation ivoiro-comorienne. Il s’agit de la franco-comoro-ivoirienne Professeur Mireille Dosso, actuel Directrice de l’Institut Pasteur d’Abidjan. Scientifique de renommée mondiale, Professeur Mireille Dosso a accueilli, soutenu et aidé de nombreux étudiants comoriens à Abidjan.
On peut citer également Mr et Mme Bary, couple ivoiro-comorien qui a longtemps apporté son appui et accompagné des jeunes étudiants comoriens en Côte d’Ivoire. Mme Fatima Boyer née Fatima Chalane, qui a travaillé, durant une décennie, à la Banque Africaine de développement à Abidjan s’est aussi dépensé pour soutenir la petite communauté comorienne de Côte d’Ivoire.
Ces dix dernières années, de nombreux échanges ont eu lieu mais la relation reste limitée au niveau diplomatique et de la formation. Guillaume Soro, lorsqu’il était président de l’Assemblée Nationale Ivoirien s’est rendu ; en 2012, aux Comores à l’invitation de son homologue Bourhane Hamidou lorsqu’il était également président de l’Assemblée de l’Union des Comores.
Le président de l’Union et des nombreuses délégations comoriennes se rendent souvent en Côte d’Ivoire cependant jusqu’à nos jours, les Comores n’ont toujours pas su tirer profit du dynamisme de l’économie ivoirienne et de sa capacité à gérer ses cultures de rentes (café, cacao..) pour booster ses propres produits de rente comme la vanille, l’ylang et le girofle. Un proverbe ivoirien dit « Quand la tête est là, le genou ne porte pas le chapeau ».
Le partenariat entre Côte d’Ivoire et Comores mérite d’être consolidé pour un bénéfice mutuel. Les Comores qui regorgent de talents doivent s’inspirer du dynamisme économique des Ivoiriens et du dynamisme de leurs opérateurs ayant permis l’épanouissement de son économie.
Ils doivent savoir aussi tirer profit d’une coopération universitaire privilégiée pour bâtir des pôles d’excellence industrielle locale comme l’hôtellerie, la pêche et l’agroalimentaire. Les Ivoiriens ont toujours eu une image positive des Comores et des Comoriens. Cet état d’esprit s’est clairement affirmé lors de la Coupe d’Afrique des Nations où une majorité du peuple ivoirien avait pris fait et cause pour l’équipe des Cœlacanthes.
Dr. Ahmed Ouledi
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
Le Président Félix Houphouet-Boigny lors de son court séjour à Mutsamudu, 1963 @photo.collection
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