A Mayotte, près de la moitié des élèves ne peuvent continuer leurs études ou travailler à leur... Avoir 18 ans, c’est surtout le début de la galère...
A Mayotte, près de la moitié des élèves ne peuvent continuer leurs études ou travailler à leur majorité
En 2021, 5 500 jeunes se sont retrouvés à la rue, sans possibilités de poursuite d’études en France fautes de papiers français, selon la Cimade. Moins d’un quart des lycéens de l’île bénéficient d’un traitement accéléré de demande de titres de séjour.
À Mayotte, la fin des années lycée ne signifie pas l’émancipation tant espérée : d’origine étrangère, près de la moitié des élèves ne peuvent poursuivre leurs études ni travailler à leur majorité, en raison d’un manque d’accompagnement administratif et du délai de traitement des demandes de titres de séjour.
Avoir 18 ans, c’est surtout le début de la galère. « On sait très bien ce qui nous attend… Rien », lance une lycéenne, Nassrati, devant son établissement du sud de l’île. Dans cette ile de l'archipel des Comores, quelque 40 % des élèves se retrouvent à la rue, à leur majorité, selon une estimation du syndicat CGT Educ’action.
« Des jeunes comme nous qui ont fait toute leur scolarité ici, qui sont même nés ici et qui se retrouvent sans rien après le bac il y en a plein, on ne peut rien faire », se désole-t-elle. Les titres de séjour délivrés à Mayotte ne sont, sauf exception, valables que dans l'ile.
« Des vies qui basculent »
« Il est quasi impossible ou alors dans des délais très longs, de déposer sa première demande, d’obtenir un titre de séjour puis de faire une demande de visa. Donc on a énormément de jeunes qui sont affectés en France et qui se retrouvent coincés ici. Pour eux, Mayotte est comme une prison à ciel ouvert », dénonce Mathilde Detrez, chargée de projet à La Cimade Mayotte.
« Il s’agit de jeunes qui remplissent les conditions pour détenir un titre de séjour. […] On parle de jeunes en parcours d’études, affectés dans des établissements de l’Hexagone et parce qu’ils ne peuvent pas accéder à la préfecture, se retrouvent coincés à Mayotte et qui peuvent se faire interpeller, placer en centre de rétention et éloigner du jour au lendemain. C’est des vies qui basculent », poursuit la salariée de l’association d’aide aux étrangers.
Aux abords des différents établissements de l’île, la même amertume domine. « On forme des jeunes à des métiers nécessaires au développement de l’île, et à l’issue du lycée, on les retrouve soit à se planquer dans les bidonvilles pour ne pas se faire attraper, soit expulsés. C’est quoi la logique de tout cela ? », questionne un professeur d’un lycée professionnel ayant requis l’anonymat.
« Un vrai problème »
Près d’un lycée, une assistante sociale presse le pas, dossiers à la main. Elle jongle entre plusieurs établissements. « Je n’ai le droit de présenter qu’un dossier en préfecture par mois et par établissement », explique-t-elle.
« Quand nos élèves sont majeurs, on leur demande de prendre les stages les plus proches de chez eux, sinon ils risquent l’expulsion en prenant le taxi », soupire-t-elle.
Faute de papiers, difficile d’envisager un avenir. « C’est un mur », regrette Bruno Dezile, secrétaire départemental CGT Educ’action.
Selon le rectorat toutefois, de 200 à 250 jeunes bénéficient chaque année d’un traitement accéléré de demande de titre de séjour. « On a vu une amélioration. Et il se dit bien désormais dans nos établissements “si je travaille bien, si je n’ai pas de problème de discipline, je vais voir l’assistante sociale et derrière je pourrai avoir une démarche accélérée”. C’est une forme de méritocratie. Objectivement ça marche », fait valoir le recteur Gilles Halbout, concédant toutefois « un vrai problème » conduisant à une « démotivation ».
5 500 jeunes laissés à la rue en 2021
250 élèves ? « Un grain de sable », déplore La Cimade. « Ce sont des milliers de jeunes qui se retrouvent à la rue [en 2021, on dénombrait...Lire la suite dans l'OBS
COMMENTAIRES