Les défis auxquels l’archipel des Comores doit faire face, Diaspora comorienne et intégration régionale : des fenêtres d’opportunités pour les Comores
Diaspora comorienne et intégration régionale : des fenêtres d’opportunités pour les Comores
Les défis auxquels l’archipel des Comores doit faire face, pour pouvoir emprunter la voie d’un développement durable sont nombreux et divers. Ils concernent la construction nationale qui doit se traduire par un sursaut patriotique et une promotion d’une autre image des Comores.
Archipel au carrefour de nombreuses civilisations, les Comoriens ont l’opportunité de faire valoir leur ascendance arabo-persane, leur filiation bantoue, leur appartenance à l’Indianocéanie et leurs relations séculaires avec l’Europe et l’Asie, pour soutenir leur croissance et leur développement.
Le pays à travers sa jeunesse entreprenante et sa diaspora scientifique et technique peut, également, utiliser ce vecteur pour bien se relever et amorcer une nouvelle trajectoire. Au vu de l’ampleur et de l’immensité de la tâche, c’est un véritable processus de redressement ainsi que des actions de transformations des mentalités et des mœurs politiques qu’il faut imprimer.
La Diaspora : Peuple de migrants, les Comoriens sont actuellement installés dans de nombreux pays. L’économie Comorienne dépend beaucoup des envois de fonds de cette diaspora dont la part dans le revenu national est l’une des plus élevées du monde. Les transferts privés sous forme d’envois de fonds sont devenus le principal poste créditeur du compte courant de la balance des paiements du pays. Le rôle des envois de fonds de la diaspora dans le développement économique et social des Comores est crucial. Ces transferts sont la source la plus importante des devises. Il contribue à l’importation de biens de capitaux et de matières premières pour le développement industriel et permet de relever le niveau de vie des bénéficiaires. Les Comores seraient en tête du classement des pays africains pour l’importance relative de transfert de fonds des migrants.
Les fonds transférés sont souvent affectés à des réalisations d'investissements collectifs dans les localités d’origine notamment des mosquées, des foyers, la réfection de la voirie et des routes dans les villages, la construction de centres de santé, d’écoles. Des fonds sont également utilisés dans la réalisation de grands chantiers tels que l’électrification, la téléphonie, l’adduction d’eau et parfois la construction de poste de santé. Des initiatives de création d'activités économiques sont aussi effectuées notamment l’acquisition de véhicules utilisés comme taxis, des activités de commerce ou autres activités génératrices de revenus.
La diaspora est donc une partie de la solution pour le développement du pays. La création d’un environnement favorable aux affaires, y compris une stabilité macroéconomique et une bonne gouvernance doivent être promues afin que la diaspora soit pleinement impliquée. Au vu de l’ampleur et de l’immensité de la tâche, c’est un véritable processus qui doit permettre d’organiser et d’intensifier le dialogue entre la diaspora et les pouvoirs en place.
Il s’agit surtout de valoriser l’expertise de la diaspora et l’utiliser régulièrement en faveur du développement du pays dans des domaines tels que la recherche scientifique, l’entreprenariat, les technologies de haut niveau, la finance internationale out tout autre domaine d’excellence. Les conditions les meilleures sont à créer pour les grands artistes et autres écrivains célèbres, grands chercheurs et scientifiques pour être des ambassadeurs du pays et pour contribuer à assoir une notoriété du pays. Notre diaspora est un arc en ciel, elle est une fenêtre d’opportunités dans tous les secteurs.
Concernant l’intégration régionale, ces dernières années, les Comores ont acquis un intérêt géostratégique qui attire de nombreux partenaires financiers. Le pays devrait mieux se rapprocher de ses voisins immédiats du Mozambique, d’Afrique du Sud, de la Tanzanie et du Kenya en plus des pays de la COI, et mieux tirer profit de leurs expériences dans le développement national.
Les difficultés économiques que connait l’Archipel sont en partie liées à une sous-utilisation des opportunités qu’offrent les grands ensembles régionaux tels que sont la SADC, le COMESA et la nouvelle ZECLAF. Une timide ouverture vers ces pays proches, notamment avec la Tanzanie s’est faite ces dernières années, mais la coopération économique reste embryonnaire. Le pays doit saisir la perche tendue par les pays d’Afrique de l’Est pour relancer un axe continental dynamique et obtenir l’expertise technique avérée de ces pays pour soutenir l’économie du pays.
Quant à la Commission de l’Océan Indien, le pays doit faire le bilan de près de 40 ans de coopération indianocéanique et développer une stratégie de coopération technique privilégiée pour bénéficier du savoir-faire des quatre pays membre de la COI pour bâtir des infrastructures de qualité comme ses pôles d’excellence industrielle locale comme l’hôtellerie, la parfumerie et l’agroalimentaire.
Les Comores se retrouvent ainsi devant un vaste chantier gigantesque de de reconquête de son développement qui doit aller de pair avec sa connaissance de soi, son histoire, sa géographie, sa culture et son patrimoine. Ce sont des leviers importants pour tout progrès national et pour toute construction nationale. L’archipel se doit d’investir sur la formation de ses cadres à travers le développement universitaire et la formation professionnelle. Des ressources humaines compétentes et qualifiées sont nécessaires pour impulser et accompagner les stratégies de développement mises en œuvre.
L’aide publique au développement doit venir en appui de cet effort de développement de la coopération régionale et de la forte implication de la diaspora. C’est ainsi que seront jetées enfin les bases du développement qui ferait sortir l’Archipel de ses turpitudes et le remettre sur la voie de l’amélioration de la qualité de vie de sa population et de son bien-être, un des buts recherchés en accédant à l’indépendance.
La diaspora et l'intégration régionale constituent, sans nul doute, des fenêtres d’opportunités pour le développement harmonieux des Comores.
Dr. Ahmed Ouledi
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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