UNGA, New York - 22 septembre 2022 - Discours de Son Excellenc.Discours d'Azali à la 77ème Session Ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies
UNGA, New York - 22 septembre 2022 - Discours de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores, à la Tribune de la 77ème Session Ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
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Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
Majestés, Altesses, Excellences,
Distingués Représentants des Pays et des Institutions, en vos rangs et
qualités,
Mesdames et Messieurs,
Assalam Anlaykum Wa Rahmatoullah Taanla Wa Barakatouh !
Je voudrais, avant tout propos, adresser mes chaleureuses félicitations à Son
Excellence Monsieur Abdullah Shahid, pour l’efficacité avec laquelle, il a
dirigé les travaux de la 76ème Session de notre Assemblée et à Son Excellence
Monsieur Csaba Korosi, qui lui succède, pour sa brillante élection.
J’adresse, aussi, mes remerciements à Son Excellence Monsieur Antonio
Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, pour son investissement soutenu ainsi
que celui de l’ensemble de ses équipes, au service de la paix et du
développement.
Majestés, Altesses, Excellences, Cette 77ème session de l’Assemblée Générale
de l’ONU se tient à un moment particulièrement délicat de la vie de la
communauté internationale. D’une année à l’autre, la face du monde change
profondément. Il y a 3 ans, en effet, nos pays sont entrés dans la plus lourde
crise sanitaire de leur histoire, marquée par la pandémie de COVID-19.
Cette pandémie, comme vous le savez, a mis à genoux tous les pays du monde et
démontré que, petits ou grands, nous sommes tous égaux devant le risque
épidémiologique qui est aujourd’hui, l’un des pires scénarios auxquels doit
faire face notre village planétaire.
A cet égard, l’Union des Comores tient, une fois encore, à adresser ses
remerciements et sa reconnaissance à toutes celles et à tous ceux qui ont
travaillé d’arrache-pied pour fournir, en quelques mois, des solutions
efficaces permettant de redonner espoir au monde et de sortir progressivement
de cette crise, qui a sérieusement ébranlé les économies mondiales.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, une autre crise, causée par l’invasion
de l’Ukraine, est venue montrer à nouveau, et de façon dramatique, la
fragilité du système multilatéral qui nous réunit pourtant aujourd’hui.
Nous voyons renchérir, au fil des jours, le prix du blé et des autres produits
alimentaires, à des niveaux jamais atteints, ce qui met en péril la sécurité
alimentaire, en multipliant les risques de pénurie et de famine.
C’est pourquoi, mon pays, condamne avec la plus grande fermeté, cette
invasion, un acte d’un autre temps et, exhorte la communauté internationale,
de convaincre la Russie et l’Ukraine, de reprendre, dans les meilleurs délais,
le chemin du dialogue et du respect mutuel, seuls éléments capables d’ouvrir
la voie à la cessation des hostilités.
Je voudrais, au reste, saluer les Accords d’Istanbul de juillet dernier, menés
sous les auspices du Président turc, Monsieur Recep Tayyip Erdogan et du
Secrétaire Général des Nations unies, Monsieur Antonio Guterres, visant à
permettre l’exportation de millions de tonnes de céréales bloquées dans les
ports ukrainiens.
Ces Accords, qui méritent d’être consolidés, sont la preuve que le dialogue
peut et doit toujours prévaloir pour éviter au monde de plonger dans le chaos
et la misère.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Outre les préoccupations liées aux conflits, aux crises sanitaire et
alimentaire actuelles, la Communauté des Nations doit poursuivre sa quête de
solutions idoines aux problèmes politiques et territoriaux liés à la
souveraineté des États et à la dignité des nations.
C’est dans ce sens que je réitère ici, au nom de ma délégation, l’impérieuse
nécessité de trouver une solution rapide, juste et équitable à l’injustice
flagrante que subit la Palestine.
Nous devons trouver, en effet, une solution qui consacre le droit du peuple
palestinien à disposer d’un État souverain, avec Jérusalem-Est pour capitale,
vivant en harmonie et en parfaite sécurité avec l’État d’Israël, car comme dit
l’adage comorien, « on choisit ses amis, mais on ne choisit pas ses voisins ».
S’agissant de la question du Sahara marocain, je tiens à réitérer ici, l’appui
sans faille, de l’Union des Comores au principe de la marocanité du Sahara.
L’initiative marocaine d’autonomie de cette région, dans le cadre de la
souveraineté du Royaume chérifien, constitue à nos yeux, la meilleure base
pour parvenir à une solution réaliste, pragmatique et durable à ce conflit
régional qui n’a que trop duré.
Ainsi, mon Gouvernement encourage fortement le dialogue entre nos deux pays
frères que sont le Maroc et l’Algérie et salue toutes les initiatives
susceptibles de contribuer à assurer la paix dans cette région, en particulier
la relance du processus politique, sur la base des Résolutions du Conseil de
sécurité des Nations Unies.
Dans le même chapitre relatif à la souveraineté des États, l’Union des Comores
renouvelle sa position sur la nécessité pour la République Populaire de Chine
de recouvrer son intégrité sur la province chinoise de Taiwan.
Dans ce contexte, et compte tenu des menaces qui pèsent aujourd’hui sur la
paix mondiale, que chacun perçoit et appréhende, mon Gouvernement invite
toutes les parties prenantes aux différents conflits, à faire preuve de
retenue et d’esprit de responsabilité.
S’agissant de la situation hautement préoccupante du Sahel, nous savons, par
expérience, combien il est dangereux de laisser naître des foyers de tension
qui deviennent ensuite des terreaux fertiles à l’expansion du terrorisme
international.
Mon Gouvernement est d’autant plus attentif à cette question, que nous avons
vu monter en puissance, en Afrique australe, le phénomène barbare des Shebabs,
qui constitue une menace, au sol et en mer, pour l’ensemble du continent.
Je réaffirme, comme je l’ai fait l’année dernière devant cette auguste
Assemblée, que ces groupes qui menacent la paix dans le monde ne sont pas des
musulmans. Ce sont tout simplement des terroristes qui n’ont rien à voir avec l’Islam,
une religion de paix, de tolérance et de vivre-ensemble.
Toutefois, nous sommes conscients, que derrière ces phénomènes terroristes
contemporains que nous devons combattre énergiquement, se cachent aussi
beaucoup de frustrations au sein d’une jeunesse sans repères et en mal
d’avenir.
A cet égard, j’en appelle aux grandes puissances de ce monde, en rappelant que
si leur appui est capital pour contribuer au développement économique et
social des États les plus menacés, celui-ci devrait être conçu de façon à
répondre aussi aux aspirations des peuples bénéficiaires.
Je suis convaincu que pour consolider la paix, la sécurité et la stabilité
dans le monde, rien ne vaut la prévention, car c’est le seul moyen de parvenir
à régler, en amont, par le dialogue et la diplomatie, des questions complexes
qui menacent la paix civile.
Je ne peux parler de conflits sans évoquer le différend territorial qui oppose
mon pays à la France sur [next] l’ile comorienne de Mayotte.
Mon Gouvernement, comme tous ceux qui l’ont précédé, tient à rappeler, de
manière solennelle, devant cette Auguste Assemblée, et conformément au droit
international, le caractère comorien de cette île, soustraite à la
souveraineté comorienne, lors du processus de décolonisation de notre pays.
La gestion de ce dossier douloureux, qui dure depuis plus d’une quarantaine
d’années, voit, fort heureusement, s’ouvrir des perspectives nouvelles avec
l’esprit de dialogue qui s’est créé entre les parties comorienne et française.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Les principes et les valeurs de l’ONU sont aujourd’hui rassemblés autour des
Objectifs de Développement Durable dont chaque pays a fait sa priorité.
Il convient de rappeler que les changements climatiques constituent un des
maillons importants de ces Objectifs de Développement Durable.
Or, des régions entières sont appelées tout simplement à disparaitre, alors
que d’autres sont soumises, au quotidien, à l’intensification des phénomènes
climatiques, tels que les inondations, les sécheresses intenses, les
incendies, l’érosion du littoral ou l’acidification des océans.
Si ces catastrophes n’épargnent aucun pays, ni aucune région, il convient de
souligner que le cas des États Insulaires en Développement, comme les Comores,
est encore plus préoccupant, et mérite une plus grande attention de la part
des dirigeants que nous sommes.
Je saisis d’ailleurs cette occasion pour renouveler nos condoléances, ainsi
que notre soutien et notre sympathie aux autorités pakistanaises, et à travers
elles, aux familles endeuillées et aux sinistrés, suite aux fortes inondations
qui ont affecté ce pays frère.
Nos États, dans leur ensemble, sont également confrontés à d’autres phénomènes
dangereux, tels que la piraterie, la pollution, la pêche illicite, le pillage
des ressources en mer, le trafic humain et le trafic de drogue, qui
nécessitent notre plus haute attention.
Mon Gouvernement s’associe à toutes les initiatives régionales et mondiales
pour mener un combat, sans merci, contre ces actes barbares qui sont une
menace majeure pour la sécurité des biens et des personnes.
C’est pour cette raison que j’ai toujours accordé une grande importance à la
dimension sécuritaire dans notre action géostratégique, notamment dans la zone
du Canal du Mozambique et de la région du Sud-ouest de l’Océan Indien.
Excellences, Honorable assistance,
Mon pays, l’Union des Comores, vient de fêter ses 47 années d’indépendance.
Bien que les deux premières décennies qui ont suivi cette liberté retrouvée,
aient été émaillées de troubles, d’agitations et d’instabilité politiques,
cela fait plus de 20 ans maintenant que le pays a renoué avec la paix et la
stabilité.
Il s’avère alors nécessaire de tout mettre en œuvre pour consolider et
pérenniser cette stabilité politique retrouvée car elle constitue un réel gage
de développement socio-économique. Notre salut réside, en effet, en une
société apaisée, soudée et de plus en plus inclusive de toutes les structures
qui la composent.
C’est ainsi que dans la perspective d’une meilleure cohésion nationale et à
mi-mandat, nous avons tenu, en février dernier, un dialogue politique national
visant à rassembler davantage les Comoriennes et les Comoriens, autour
d’objectifs essentiels, à savoir la paix, la sécurité et l’unité nationale, en
vue d’un développement socioéconomique durable.
Vous comprendrez pourquoi je tiens à remercier tous les partenaires qui ont
bien voulu apporter leur soutien à ce dialogue.
Je reste convaincu que toutes les forces vives de la nation, qui ont pris part
à ce rendez-vous important, œuvreront dans le sens de la consolidation des
acquis de ces 20 dernières années, en matière de droits humains et
d’alternance démocratique et ainsi avancer dans le développement du pays.
S’agissant des Droits de l’Homme, permettez-moi de souligner que mon pays
collabore étroitement avec les instances régionales et internationales qui en
ont la charge, et a passé avec succès le mécanisme quadriennal de l’Examen
Périodique Universel du Conseil des Droits de l’Homme, en 2019.
Les réformes constitutionnelles et législatives menées corroborent en effet,
la volonté du pays de faire des Droits de l’Homme, une priorité nationale.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Sur le plan social, comme partout ailleurs, la COVID-19 a occupé les esprits
et obligé les pays à accorder la priorité à sa gestion. L’Union des Comores en
a connu deux vagues, dont la seconde s’est avérée plus virulente, avec un
nombre plus important de victimes.
Néanmoins, la situation a été maitrisée dans le pays, grâce aux mesures
anticipées et aux dispositions prises par les autorités dans ce sens,
soutenues en cela par tous nos partenaires bi et multilatéraux, les
communautés et la société civile que nous tenons ici à remercier, à nouveau.
Il faut dire que même si l’Union des Comores, Dieu merci, est aujourd’hui
classée dans la catégorie « vert », la vigilance est à observer, surtout étant
un pays insulaire, afin d’éviter une nouvelle propagation de la maladie.
Par conséquent, le Gouvernement comorien déploie des efforts considérables
pour accompagner la population, au quotidien, notamment en ces temps de crise
alimentaire mondiale, résultant de la COVID-19 et aggravée par la crise
russo-ukrainienne.
Monsieur le Président,
Je salue l’action de tous les partenaires au Développement des Comores, et
leur renouvelle mes remerciements.
Avec le Système des Nations unies, le nouveau plan cadre pour le développement
durable qui vient d’être signé, pour les cinq ans à venir, intègre
parfaitement les priorités retenues par le Plan Comores Émergentes, cadre de
référence par excellence du développement de notre pays.
Tous ces efforts conjugués du Gouvernement et des partenaires bi et
multilatéraux des Comores, doivent converger vers un objectif majeur, celui de
l’émergence du pays d’ici à 2030.
A ce titre, nous comptons organiser au pays, au début du mois de décembre
prochain, un séminaire de suivi de la Conférence des Partenaires au
Développement qui s’est tenue en France en 2019, afin de mobiliser les
promesses faites pour accompagner ce défi de l’émergence d’ici 2030.
Je voudrais, ainsi, du haut de cette tribune, lancer un appel amical et
fraternel à tous nos partenaires, pour que nous trouvions ensemble les voies
et moyens d’évoluer vers la concrétisation de nos engagements pris à Paris,
visant à financer les divers projets retenus dans ce programme.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Au niveau régional, j’accorde une importance toute particulière à la
coopération de proximité qui existe entre les Comores et les pays avec
lesquels nous partageons un destin commun dans la zone de l’Océan indien.
Avec eux, nous entendons mettre en œuvre des actions communes, pour renforcer,
de manière significative, nos liens de bon voisinage et de coopération pour le
bien-être de nos peuples respectifs.
L’Union des Comores, participe, d’autre part, aux efforts régionaux visant à
assurer la sécurité dans la zone Est africaine et apporte, dans ce contexte,
son soutien à la République sœur du Mozambique, dans sa lutte contre le
terrorisme, un fléau qui, malheureusement, n’épargne aucun pays.
La solidarité régionale et internationale doit ainsi prévaloir, pour mener un
combat sans merci contre ce fléau et assurer notre sécurité à tous.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Notre présence chaque année ici, aux Nations Unies, est la preuve irréfutable,
de l’intérêt que nous accordons au multilatéralisme et de notre conviction sur
le rôle majeur de cette organisation, pour davantage humaniser le monde.
Elle traduit, cette année, une détermination commune, encore plus forte et
inébranlable, à agir pour le bien de nos peuples respectifs.
Pour conclure, je voudrais insister sur la nécessité pour la Communauté
Internationale de continuer à être unie et solidaire, car c’est ensemble et
dans un cadre organisé, que nous trouverons les solutions appropriées aux
grands défis de notre temps, pour plus de paix et de progrès, et pour le
meilleur de nous tous et des générations à venir.
Je vous remercie.
Beit-salam
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