L’Etat et la politique, ce ne sont pas seulement des règles écrites...Commémoration de la fête de l’Indépendance : le poids des images et des symboles
Il y a un an, la fête de l'Indépendance fut célébrée seulement à Moroni. Décidément le colonel Azali persiste dans le Mal. J'avais alors publié le texte ci-dessous pour dénoncer cette atteinte grave à l'unité nationale :
Commémoration de la fête de l’Indépendance : le poids des images et des symboles
L’Etat et la politique, ce ne sont pas seulement des règles écrites. Peu de
gens sont au fait des dispositions de telle loi ou de tel texte réglementaire.
Par contre nous retenons tous telle action réalisée ou tel discours prononcé à
une occasion solennelle. Ces actions et ces discours sont analysés,
interprétés, passent à la postérité et deviennent partie intégrante de la
mémoire collective du groupe social. Ces actions et ces discours font partie
des symboles forts de l’Etat et de la Nation car ils participent à la
construction du récit national.
Lorsqu’il nomme ministre pour la 1ère fois un natif de Mohéli, en la personne
de Mohamed Hassanaly, et choisit comme Chargé d’intérim (l’équivalent d’un
vice-président du conseil de gouvernement) le Mahorais Martial Henry, le
Prince Saïd Ibrahim ne se plie à aucune loi. Ces nominations sont des symboles
forts pour concrétiser l’égalité entre les 4 îles de l’archipel des Comores et
mettre fin à des années de marginalisation de Mayotte et de Mohéli.
Lorsqu’il s’adressait à la Nation en Shingazidja et en Shindzuani, Saïd
Mohamed Djohar rappelait à ses compatriotes qu’il était à la fois
Grand-Comorien et Anjouanais. En effet, le Président Djohar est né de parents
grand-comoriens mais a passé la plus grande partie de sa vie à Anjouan où il
fut élu conseiller général puis député.
Il est de tradition, lors de la commémoration de la fête de l’indépendance,
d’organiser simultanément des festivités solennelles sous les auspices du Chef
de l’Etat à la capitale fédérale Moroni ET d’autres cérémonies officielles
présidées par les Gouverneurs à Fomboni et à Mutsamudu, capitales insulaires
de Mohéli et d’Anjouan. Par ces 3 manifestations simultanées, l’Etat réaffirme
qu’il est présent dans les 3 îles et que la fête est NATIONALE.
Quelle fut ma tristesse d’apprendre qu’aucune cérémonie officielle n’a été
organisée ce 6 juillet 2022 à Fomboni et à Mutsamudu ! Ce n’est nullement pas
la faute des Gouverneurs Anisse Chamsoudine et Mohamed Saïd Fazul. Dans ce
régime autocratique, les gouverneurs ne font que de la figuration et ont moins
de pouvoirs que le jardinier et le cuisinier du colonel Assoumani Azali. Les
Gouverneurs d’Anjouan et de Mohéli n’auraient pas pu organiser de cérémonies
dans leurs îles respectives sans la permission du dictateur. Il n’en pouvait
être autrement car le décaissement du moindre centime pour les besoins des
Gouvernorats nécessite l’autorisation des autorités centrales à Moroni.
En refusant toute cérémonie officielle à Mutsamudu et à Fomboni pour
commémorer le 47 ème anniversaire de l’indépendance des Comores, le colonel
Assoumani Azali a encore porté un coup terrible à l’unité et à la cohésion
nationales. Quelles images désastreuses que celles d’une Place Mzingadju à
Mutsamudu et d’une Place de l’Indépendance à Fomboni, orphelines des corps
constitués et de la foule joyeuse qui font leur charme tous les 6 juillet
pendant que défilé militaire, discours et acclamations se succèdent à la Place
de l’Indépendance à Moroni ! L’habitant de Bazimini à Anjouan et celui de
Miringoni à Mohéli ne pourront pas se rendre en voiture à Moroni pour assister
à la parade militaire. Les priver du même spectacle à Mutsamudu et à Fomboni
pendant que leurs compatriotes jubilent au son des tambours et des trompettes
à Moroni, c’est les exclure d’un grand moment de communion nationale !
Le colonel Assoumani Azali a choisi le jour où tous les Comoriens devraient
être en symbiose pour célébrer la naissance des Comores comme Etat souverain,
pour souffler sur les braises de la division et véhiculer un message de mépris
envers les Anjouanais et les Mohéliens dans la droite ligne de son discours
nauséabond du 11 avril 2019 où il a établi une pseudo-hiérarchie entre les
îles «
Oui je me vante. On est la Grande-Comore. Notre supériorité n’est pas basée
sur la superficie, ni sur le nombre. Mais c’est Dieu lui-même qui a fait que
nous sommes supérieurs aux autres. Quand Dieu a transféré la capitale de
Dzaoudzi à ici, il voulait montrer que nous sommes supérieurs
»
La politique est un métier de communication. Les images et les symboles y
occupent une place importante. Autant le colonel Assoumani Azali sait ce qu’il
veut et affiche en permanence des images et des symboles de plus en plus forts
pour détruire le pays. Autant l’opposition, soit par amateurisme soit par
péché d’orgueil, se distingue par l’adoption d’actes symboliques qui
desservent sa cause. Pourquoi 2 gouvernements en exil ? Pourquoi un Conseil
National de Transition et un Front Commun des Forces Vives de l’Opposition ?
Pourquoi ces 4 organisations censées coordonner et représenter au plus haut
niveau la lutte pour le rétablissement de l’Etat de droit aux Comores et pour
le respect de la tournante en faveur de l’île d’Anjouan sont TOUTES présidées
par des Grand-Comoriens ?
La formation d’UN SEUL gouvernement en exil et/ou d’UNE SEULE organisation
fédérative de l’opposition sur le territoire national conduit(s) par une
personnalité anjouanaise conférerait plus de crédibilité à la lutte contre la
dictature et pour l’égalité entre les îles.
En ces jours bénis de la 1ère décade du mois de Dhoul Hidja et au lendemain de
la célébration du 47 -ème anniversaire de l’accession des Comores à la
souveraineté internationale, j’implore Allah, le Tout Puissant, d’accorder Son
Secours et la réussite à tous ceux qui œuvrent pour l’unité, la concorde et la
prospérité des Comores.
Vive l’indépendance et l’unité des Comores !
Abdourahamane Cheikh Ali
COMMENTAIRES