Le 30 juin 2009, le crash d’un avion de la Yemenia Airways au large de..Crash aérien en 2009 au large des Comores : la compagnie Yemenia Airways jugée
Le 30 juin 2009, le crash d’un avion de la Yemenia Airways au large des Comores faisait 152 morts. Le procès de la compagnie s’ouvre à Paris ce lundi, treize ans après
L’appareil s’était abîmé au large des Comores, le 30 juin 2009, tuant 152 personnes : lundi s’ouvre à Paris le procès de la Yemenia, la compagnie aérienne. Mais pour Saïd Assoumani, président de l’association des victimes, ce sera d’abord le procès des « avions poubelles ».
Ce procès intervient 13 ans après le drame. Que s’est-il passé depuis pour les familles des victimes ?
Treize ans c’est long. C’est épuisant psychologiquement, moralement et même physiquement. Il y a plusieurs raisons qui font que ça a pris tout ce temps : les grands protagonistes, le Yémen, la Yemenia, les Comores et même, à un moindre niveau, la France, n’ont pas voulu vraiment coopérer dans l’enquête.
Sur le plan civil, au niveau des réparations, ce sont les avocats des assureurs qui ont fait en sorte de bloquer chaque procédure, ce qui explique qu’aujourd’hui la totalité des familles n’est pas indemnisée, seulement les deux tiers, ce qui est scandaleux.
Mais après 13 ans d’attente, enfin le procès pénal est là. Cela va nous permettre d’établir les différentes responsabilités à tous les niveaux.
Vous pointez la responsabilité de la Yemenia, en quoi a-t-elle failli à ses obligations ?
On n’a jamais voulu mettre cet accident sur le dos de la fatalité. Ce sera le procès des « avions poubelles », des manquements, de l’irresponsabilité, qui font que, avec la course aux profits, on arrive à des drames. Ces compagnies arrivent à contourner le système avec des avions qui sont aux normes en Europe, mais ce ne sont pas des vols directs. On change d’avion en cours de route. Là c’était à Sanaa, au Yémen, c’est là que commence le problème.
On monte dans des avions qui ne passeraient jamais les contrôles en Europe. Aussi, il faut parler de l’équipage : pour rentabiliser, ils utilisaient des « faux pilotes », qui n’avaient ni la formation, ni l’expérience nécessaire. A ce moment-là (lors de l’atterrissage à Moroni, NDLR), il fallait une manœuvre à vue, c’est-à-dire sans assistance électronique ou radar, c’est la compétence du pilote qui est en première ligne.
Ce crash est arrivé un mois à peine après celui du Rio-Paris d’Air France. Avez-vous vécu dans l’ombre de ce crash ?
On avait le sentiment d’être traités comme des Français de seconde zone, parce qu’on a pu constater que les deux dossiers n’avançaient pas au même rythme : le nôtre était stagnant, alors que l’autre avançait. Mais 13 ans après, on est au même niveau car leur procès sera en octobre.
Les instructeurs français se sont acharnés pour qu’on arrive à ce procès pénal, avec une enquête qui était très compliquée, avec des personnes pas coopératives, donc nous saluons quand même ce travail.
Il y a environ 560 parties civiles, alors qu’on est à peu près 1 000 ayants droit, car seuls les ayants droit de victimes françaises sont représentés. Ça, c’est un problème très, très grave, ce n’est pas normal qu’une partie des victimes soit laissée à l’abandon. Il y a eu un accident dans cet Etat des Comores, et pourtant aucune information judiciaire n’y a été ouverte, c’est quelque chose d’inimaginable, de scandaleux
Par SudOuest.fr avec AFP
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