Le colonel Azali a hérité de cette situation du gouvernement d’Ikililou mais…Quelques observations sur l’inflation des prix de produits alimentaires
Quelques observations sur l’inflation des prix de produits alimentaires
Les Comoriens observent une inflation galopante des prix de produits alimentaires en cette période de Ramadan. C'est une habitude ancrée chez les commerçants qui choisissent ce mois où la consommation explose y compris chez les foyers modestes pour faire valser les prix et maximiser leurs profits. Fidèles à leurs habitudes, les gouvernements comoriens dégainent en pareilles circonstances des arrêtés pour, semble-t-il, encadrer les prix et surtout dans le but de gagner le coeur des Comoriens à moindres frais.
Non seulement ces mesures sont inefficaces en ce sens que l'Etat ne peut pas mettre un policier devant chaque magasin ni derrière chaque vendeuse dans nos marchés mais elles reflètent également une méconnaissance des lois économiques. Il a été observé une rareté des produits alimentaires locaux dans les marchés de la capitale le 1er jour du Ramadan et un nombre très réduit de vendeurs en face d'une grande multitude d'acheteurs.
En toute logique, les quelques vendeurs présents ont proposé aux acheteurs, et c'est un euphémisme, des prix exorbitants qu'ils ne pouvaient qu'accepter au risque de rentrer bredouilles chez eux. En fait, la préoccupation des acheteurs n'était pas le niveau des prix mais le risque, même avec un portefeuille bien garni, de ne rien trouver à acheter. Dans ces conditions, l'édiction d'un acte administratif pour encadrer les prix apparaît comme une décision folklorique pour ne pas dire loufoque.
Imaginons le phénomène inverse par rapport à celui observé ce 1er jour de Ramadan, c'est à dire des marchés gorgés de produits au-delà des besoins des acheteurs. Dans cette configuration, le consommateur deviendrait roi et pourrait facilement négocier les prix. Nul besoin d'arrêté pour pousser les vendeurs à baisser les prix au risque de se retrouver à la fermeture du marché avec des invendus.
En définitive, nous ne lutterons pas contre l'inflation des produits alimentaires locaux à coups d'arrêtés et de conférences de presse mais par une forte augmentation de la production. L'insuffisance de notre production agricole et notre forte dépendance à l'égard des importations nous conduisent à nous interroger sur la pertinence des choix adoptés par les ministres qui se sont succédé au département de la Production depuis 1978 et sur les compétences des cadres qui les servent.
S’agissant des produits alimentaires importés, il nous faut rappeler que leur prix très élevé au consommateur final est, en grande partie la conséquence de la défaillance de nos infrastructures portuaires et du matraquage fiscal subi par les commerçants. Nos ports ne sont pas aux normes. Les délais de déchargement des navires sont anormalement très longs, pénalisant les activités et occasionnant des surestaries qui alourdissent le coût de revient des produits.
Le colonel Azali a hérité de cette situation du gouvernement d’Ikililou mais n’a rien fait en 5 ans pour l’améliorer la situation. A cela s’ajoute l’augmentation vertigineuse des droits de douane au cours des dernières années. Le commerçant répercute ces frais et taxes dans sa structure de prix, pénalisant ainsi le consommateur final qui est au bout de la chaîne.
Abdourahamane Cheikh Ali
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