L’extraordinaire destin spirituel et politique du Prophète Youssouf, que la paix soit sur lui

L’enfant Youssouf Ibn Yaacoub est né dans la région de...L’extraordinaire destin spirituel et politique du Prophète Youssouf, que la paix soit sur lui

L’enfant Youssouf Ibn Yaacoub est né dans la région de Canaan, plus précisément en Galilée qui constitue aujourd’hui le nord de l’Etat d’Israël. Jalousé par ses dix demi-frères (ils sont nés de mères différentes) qui disent qu’il est mieux aimé qu’eux par leur père, il est jeté par ces derniers dans un puits dans le désert syrien afin de l’éloigner à jamais de leur père. Les visées macabres de ses frères échouèrent. Il ne s’est ni blessé ni noyé. Il fut recueilli du puits, indemne, sain et sauf par une caravane qui le vendit à un vil prix au Grand Intendant d’Egypte.

Le jeune Youssouf est jeté injustement en prison à l’instigation de Zoulikha, épouse du Grand Intendant qui le voulait se venger de son refus de succomber à son charme. En écrivant ces lignes, il me vient à l’esprit le dilemme face à ce genre de chantage interprété par le chanteur ivoirien Daouda Koné dit Daouda le Sentimental « La femme de mon patron m’a dit si je refuse, elle ira dire à son mari que c’est moi qui lui fais la cour. Et même si je suis innocent, j’aurais de gros ennuis ».

Youssouf continue sa mission prophétique en prison comme le relate si bien la sourate Youssouf « Et j'ai suivi la religion de mes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il ne nous convient pas d'associer à Allah quoi que ce soit. Ceci est une grâce d'Allah sur nous et sur tout le monde; mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants. »(verset 38). « Ô mes deux compagnons de prison! Qui est le meilleur : des Seigneurs éparpillés ou Allah, l'Unique, le Dominateur suprême? » (verset 39). « Vous n'adorez, en dehors de Lui, que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et à l'appui desquels Allah n'a fait descendre aucune preuve. Le pouvoir n'appartient qu'Allah. Il vous a commandé de n'adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas. »(verset 40).

Il se signala également auprès de ses codétenus par sa science de l’interprétation des rêves. C’est d’ailleurs cette expertise qui le fit sortir de prison. Il sut révéler à l’émissaire du roi, qu’il a connu en prison, la signification du songe où sept vaches très maigres mangent sept vaches grasses et où sept épis verts côtoient sept épis secs. Le roi d’Egypte demanda à rencontrer celui qui a pu interpréter sa vision que les notables égyptiens, pourtant réputés experts en interprétation des rêves, qualifièrent d’amas de rêves (mavoira). Après avoir été innocenté par les aveux de Zoulikha, le prophète Youssouf fut libéré de prison et présenté au roi qui décida de le nommer à un poste de haut rang « "Tu es dès aujourd'hui près de nous, en une position d'autorité et de confiance" » (verset 54 sourate Youssouf).

Youssouf demanda et obtint du roi un poste de hautes responsabilités, le ministère de l’économie et des finances « Et [Joseph] dit : "Assigne-moi les dépôts du territoire : je suis bon gardien et connaisseur".(verset 55 sourate Youssouf). Durant les sept années de prospérité prédites dans le rêve, Youssouf anticipa la gestion des sept années de sécheresse et de famine qui allaient suivre, donnant un sens concret à la maxime« Gouverner, c’est prévoir ». Il géra si bien les affaires qu’il y eut suffisamment de céréales pour nourrir l’Egypte et les pays voisins pendant les sept années de famine. 

Ses dix frères furent parmi les nombreux habitants de la région qui affluèrent en Egypte pour s’approvisionner en grain. Après qu’il s’est révélé auprès d’eux, il les pardonna, fit venir et installer toute sa famille en Egypte. Il y finira sa vie comme Roi d’Egypte, lui l’innocent emprisonné injustement, lui l’étranger vendu comme esclave au Grand Intendant Putiphar, lui l’enfant jeté dans un puits par ses frères qui pour y finir ses jours. « Sha umbwa nazi kashi hoboha ». Comme quoi il ne sert à rien de jalouser, d’ourdir des complots contre quelqu’un qui est né sous une bonne étoile. A ce sujet, les Comoriens se distinguent par une très belle maxime : « Mdru wana na mdru sha mdru kawana na nyora ya mdru » (on peut se battre contre quelqu’un mais on ne peut pas se battre contre son étoile ».

Bon Ramadan

Abdourahamane Cheikh Ali