Le moteur du CESSNA CARAVAN de la compagnie AB AVIATION est...Crash du vol AB Aviation : Le patron de la compagnie Int'Air Iles apporte des précisions
Le moteur du CESSNA CARAVAN de la compagnie AB AVIATION est-il à l’origine du crash du vol du 26 février 2022 sur les côtes de Mohéli
Il m’est louable d’apporter mon éclairage sur l’accident de l’aéronef, exploité par la compagnie AB AVIATION, survenu sur les côtes de Djoiezi à Mohéli le 26 février 2022.
Il s’agit d’un monomoteur fabriqué aux Etats-Unis d’Amérique par CESSNA TEXTRON COMPANY qui est la société mondiale leader d’aviation générale. A ce jour, CESSNA TEXTRON COMPANY a produit plus de 3 000 aéronefs monomoteurs appelés Cessna Caravan pouvant transporter jusqu’à 14 passagers et continue sa production.
Ce Caravan comme on l’appelle est équipé d’un puissant moteur à turbine PT6 (même type que ceux qui équipent les avions ATR) efficace, un des meilleurs moteurs à turbine sur le marché réputé pour sa fiabilité. Il s’adapte à une grande variété de missions telles que le transport public régional des passagers, le transport de fret, l’évacuation sanitaire, l’entrainement et l’usage militaire. Depuis 2008, le Cessna Caravan est constitué, entre autres, d’un ensemble d’équipements techniques à bord appelé Garmin G1000. Cet instrument de bord facilite la recherche et le traitement des informations sur le vol tel que la navigation, la météo, le terrain, la circulation et le moteur. Ainsi, la fiabilité de cet avion n’est donc plus à prouver.
Lorsqu’un aéronef est accidenté, une commission d’enquête est créée à la tête de laquelle se trouve un enquêteur en chef. En l’espèce, Monsieur Jean Marc HEINTZ a été désigné enquêteur en chef par un arrêté du ministre chargé des transports. Il doit répondre à certaines exigences de l’OACI ; dont la principale est d’avoir suivi le cours d’enquêteur accidents d’aéronefs et obtenu le diplôme sanctionnant ce dernier. Ce qui n’est pas le cas pour ce pilote retraité d’office il y a une dizaine d’années, et sans aucune formation en accident d’aéronefs.
On peut, à juste titre s’interroger sur les qualifications dont dispose Monsieur Jean Marc HEINTZ et ainsi sur sa capacité à mener à bien cette enquête afin d’adopter les mesures nécessaires pour que de tels événements puissent être évités à l’avenir. En sa qualité d’enquêteur en chef, il doit associer dans sa mission des représentants des structures suivantes pour former ainsi une commission sauf si ces dernières délèguent leurs représentativités aux autorités comoriennes :
- Le constructeur qui est Cessna Textron Company
- Le pays d’immatriculation qui est la Tanzanie
- Le ou les pays dont les ressortissants figurent parmi les victimes, dans le présent cas, c’est la France car 2 des victimes étaient français
Durant l’enquête, cette commission doit se baser sur les éléments suivants :
- La transcription radio entre la tour de contrôle et l’équipage de l’aéronef accidenté
- Le résultat des boites noires si l’aéronef en est équipé ce qui n’est pas le cas de celui d’AB AVIATION
- L’examen de l’épave (moteur, état des hélices par lequel il peut être établi si le moteur s’est arrêté en vol ou après l’impact, les flight control etc.).
Dans son rapport, la commission doit apporter des réponses claires aux causes de cet accident du 26 février dernier et est également tenu de produire un rapport préliminaire suivi du rapport final dans lequel il est indiqué les faits et les circonstances de l’accident pour pouvoir mettre en place les recommandations qui en découlent afin éviter dans l’avenir les erreurs qui ont conduit à cet accident. A ce jour, aucune transmission de rapport n’a été faite.
Pourtant, malgré l’absence d’un quelconque rapport, l’enquêteur en chef a préconisé l’interdiction des nouveaux monomoteurs aux Comores. En terme clair, il veut nous faire comprendre que l’enquête est terminée et que la mesure à prendre pour éviter d’autres accidents avec des causes similaires est d’interdire les monomoteurs. Cette décision ne respecte pas les recommandations de l’OACI et risque d’éveiller une éventuelle black-liste de l’aviation civile comorienne.
Il me semble important de rappeler un principe fondamental de la sécurité en matière d’aviation. Un accident est le résultat de plusieurs failles dans un système. En d’autres termes, l’avion et son environnement ont été pensés de telles sorte à ce que la défaillance d’un seul élément de l’avion ne puisse pas conduire à de telles conséquences. La redondance des équipements présents dans l’avion réduit considérablement le taux de défaillance de ces derniers en vol. Bien que la panne moteur reste à prouver, rien ne saurait justifier l’argument avancé défendant que la panne moteur serait l’unique cause à l’origine de ce tragique accident. Cette décision met simplement en lumière les lacunes en culture aéronautique de l’enquêteur en chef et de tous ceux ont tenu pareils propos.
Comment peut-on conclure à une défaillance du moteur lors de l’accident du 26 février alors que l’on est incapable de produire l’épave de l’avion. Sans cette épave, aucune enquête ne peut être diligentée et donc aucune recommandation de sécurité ne peut être publiée. Pour rappel, il a fallu 2 ans à la France pour mettre la main sur les boîtes noires du vol Rio Paris et déclencher par la suite l’enquête sur le crash de ce vol. En toute état de cause, le moteur du Cessna Caravan de AB AVIATION n’est pas à l’origine du crash de Mohéli. Si c’était le cas, on peut penser que l’équipage aurait communiqué avec les contrôleurs de la circulation aérienne, et aurait prévenu les passagers de l’utilité de porter les gilets de sauvetages qui se trouvaient à leurs dispositions immédiates. L’aéronef aurait amerri et 14 vies auraient pu être sauvées.
Enfin, l’enquêteur principal M Jean Marc HEINTZ aurait avancé le manque de secours en mer pour mettre fin aux monomoteurs aux Comores. Peut-être lui rappeler qu’il n’existe pas des secours en montagne et qu’il y a donc lieu d’interdire la traversée aérienne de la Grande Comore. Et pourquoi autoriser la traversée des bateaux entre les îles alors qu’il n’y a pas de secours en mer. Ah ! s’agit-il peut-être des citoyens de seconde zone et qu’on peut s’en passer ?
Seffoudine INZOUDINE
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