« On a beau travailler dans ce bled, jamais on ne pourra avoir une vie. Entre les parents, les proches, une femme et des enfants avec un salaire mi...
L'Emploi
Très Chère Nation,
J'ai pris la peine de m'adresser à toi, afin de te parler du chômage que tes enfants subissent. Tout le monde sait que nul ne t'a dompté, il faut être aveugle pour ne pas voir le potentiel que vous dégagez. Mais comme le disent certains compatriotes : « On a beau travailler dans ce bled, jamais on ne pourra avoir une vie. Entre les parents, les proches, une femme et des enfants avec un salaire misérable. Vaut mieux aller plonger (laver des assiettes) en France ».
Si être chômeur c'est ne pas travailler, alors je ne le suis pas et je n'ai jamais chômé, Dieu soit loué. Cependant, si ne pas être salarié c'est chômer, alors je suis un grand chômeur.
Après avoir suspendu mon parcours universitaire, j'ai suivi ma passion. L'art oratoire et l'écriture, dans lesquels je suis tombé depuis mes 12 ans. Comme Obélix le Gaulois, mes pensées et mes visions ont plongé dans la potion des lettres et des mots. Pourtant je ne fus rémunéré qu'en 2012, lorsque j'ai commencé à vendre des lubrifiants d’huile moteur. Après 4 ans j'ai arrêté le travail, pour la simple raison que je travaillais pour le compte de l'employeur. Je préfère être associé que salarié.
Le journalisme est un métier que j'adore, je me rappelle que cet amour je le porte depuis mes 10 ans. Mais malheureusement, je le pratique en tant que bénévole depuis fin 2016. Tout en le restant, je développe l'activité que ma famille a toujours pratiqué : l'agriculture et l'élevage. Ainsi, je m’occupe de ces terres dont j’ai hérité.
L'Entreprise et son personnel
Au niveau de l'emploi, c'est sûr que cela n'est pas au bon point. Quand les gens veulent être dans la fonction publique, pour s'estimer chanceux. Quand les sociétés privées préfèrent exploiter leurs employés. Quand une personne accepte un travail, elle ne s'engage pas à le faire sérieusement. Quand, pour l'entourage, les métiers de cultivateur, éleveur, maçon et autres « hazi za mihono », littéralement les travaux manuels, professions plus techniques, sont relayés en seconde zone, jusqu’à être désignés comme travaux de non instruits. Quand les vendeurs bondissent sur les trottoirs, et que leurs produits sont des vêtements, des chaussures qui ne sont pas fabriqués aux Comores. Et tant d'autres produits, tous importés.
C'est là où on voit l'amalgame du slogan « un jeune un emploi ». Une nouvelle entreprise créée subit, dès sa première année, des taxations, quand bien même elle est locale, appartient à un jeune pas encore mûr dans les affaires. Ce n'est pas le hasard qui a pris possession de ma pensée. J'essaie toujours d'ouvrir ma première société.
S’ils se posent les bonnes questions : qui veut travailler ? Pourquoi il veut travailler ? De quoi la personne est-elle passionnée?
Peut-être très chère Nation, vous verrez un jour cette politique expérimentée dans le tiers monde jusqu'à l'horizon 2030 qu'est l'émergence.
L'Embauche
Je compte 3 dossiers de demande d'emploi. Pour l’une d'elle, je fus appelé à un entretien. J’ai été accepté, j'ai bénéficié de la formation au niveau national. Mais figurez-vous que pour la suite de la formation, qui devait se faire au pays de l'investisseur, une autre personne s'est réjouie de ma place sans que je ne le sache.
Après plusieurs formations en journalisme et plus de 3 ans de pratique, j'ai envoyé une demande à la chaîne nationale. Après m’être fait refuser l'entrée dans le corps militaire, j'ai déposé un document de demande d'emploi à une société nationale où on m'a dit qu'elle ne recrutait pas.
Enfin, très chère Nation, les manières d'embaucher chez nous me désolent, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Lorsque je dépose un dossier, j'attends que l'on m'appelle pour un entretien d'embauche. Cependant, ils disent qu'un métier on l'apprend au travail. Comme s’ils ne savaient pas que donner une arme à une personne non formée, sûrement que cela finirait mal.
Un historien peut être comptable ou chargé de communication ! Nous ne privilégions toujours pas le savoir. Il suffit de dénigrer la politique de son Excellence, et on est embauché. Sinon, mieux encore, il faut être proche de ceux qui administrent. Par conséquent, toute volonté de changement n'aboutit pas.
Le Mérite
J'ai entendu dire que chaque Président élu chez nous, ne poursuivait pas les projets laissés par son prédécesseur. Comme me l'a dit un ancien Président de notre Assemblée nationale, nous sommes ce peuple qui ne sait pas donner à l'autre sa vraie valeur. Très chère Nation, tu sais que tes enfants regorgent de talent dans tout domaine. Alors pourquoi nos administrations et nos entreprises, pour la plupart, présentent-elles des mauvais clichés, dans presque tous leurs services ?
Nous sommes loin du dicton de Jules César qui dit : « donner à César ce qui appartient à César ».
Aller de l'avant est le slogan du changement, comme la sélection nationale de football qui a fait un véritable pas dans le monde du foot. Ces joueurs font ce qu'ils adorent avant tout, ils font ce qu'ils savent faire parce qu'ils sont formés pour cela. Et donc dans le monde du football les Comores gagnent de la place.
Une énorme différence avec les joueurs jouant dans notre championnat national qui, pour la plupart, sont employés ailleurs, sont des élèves ou des étudiants.
Prends en compte, très chère Nation, les maux exprimés par mon mal-être.
S.M Mwalim Stayve
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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