Aussi, comment expliquer que la représentante de l’Union Africaine Hawa Ahmed Youss...Message du Président du CNT sur le deuil national et le dialogue
Message du Président du CNT sur le deuil national et le dialogue
Mes chers compatriotes,
Alors que nous venons d’entamer l’année 2022, des évènements tragiques ont
frappé notre pays et le monde entier. En effet, le samedi 26 février dernier
notre nation est endeuillée par la perte de 14 patriotes à bord de l’avion de
la Compagnie AB Aviation qui a fait crash aux abords des airs de l’île de
Mohéli. A ce drame vient s’ajouter la guerre en Ukraine qui tue, détruit et
ouvre une nouvelle crise mondiale dont les conséquences seront désastreuses
sur l’économie et l’équilibre géopolitique du monde. Et le Samedi 5 mars,
notre nation a perdu un de ses vaillants enfants en la personne du regretté Dr
Youssouf Said Soilihi à qui je rends un Grand hommage pour le service rendu à
la nation.
Néanmoins, je voudrais d’abord m’incliner devant la mémoire de ces martyrs et
me joindre à la nation, dans ces tristes moments, pour présenter ma main de
condoléance à leurs familles respectives et prier Allah pour qu’il leur
accorde ses bénédictions. Qu’ils reposent en paix au Paradis, amine !
Le 26 février fut un triste jour pour la nation qui nous rappelle le crash du
30 juin 2009 de la compagnie Air Yemenia. Double tristesse pour la nation, car
alors que cette tragédie frappait le pays, le Colonel Azali Assoumani et ses
proches accueillaient le Président Macky Sall. Le palais Beït-Salam s’est
transformé en un lieu de fête et de joie, pendant que nos 14 martyrs se
noyaient dans les fonds fins de l’océan Indien.
Sans gêne aucune, nos valeurs islamiques, notre tradition fraternelle, nos
liens amicaux, culturels et no mœurs ont été piétinés ce jour-là par le
Colonel Azali ASSOUMANI, en présence du double Président du Sénégal et de
l’Union Africaine.
En effet, au lieu de marquer une pause de compassion en la mémoire aux
victimes, le Colonel a infligé une double peine aux familles, à la nation
comorienne et à notre mémoire collective, de par son attitude insouciante.
Sans état d’âme et comme à l’accoutumée en pareille circonstance douloureuse,
le Colonel a continué sans gêne son agenda et ses fêtes jusqu’à l’ouverture du
monologue le 28 février 2022.
Ce n’est que quelques jours plus tard lorsque la nation a décrié
l’irresponsabilité du régime que le Colonel a fini par obtempérer en
prononçant quelques mots sur ce drame avec son air indifférent habituel.
Encore une énième fois, ce régime a montré son insouciance et son incapacité à
se hisser à la hauteur des responsabilités de notre pays.
Ce drame doit relancer le débat sur la question de la sécurité du transport en
général et en particulier sur le transport aérien. Les leçons et les
conséquences du crash de la compagnie Air Yemenia n’étant pas suffisamment
tirées et les indemnisations n’étant pas totalement versées à ce jour.
C’est pourquoi nous demandons qu’une enquête soit ouverte pour comprendre les
circonstances du crash de l’avion de la compagnie AB AVIATION et en tirer
totalement les leçons afin que les familles ne revivent le même cauchemar. Je
compte sur notre justice pour établir les responsabilités à tous les niveaux :
de la compagnie à l’équipage et des services de l’aéroport au ministère des
transports.
Notre peuple a été témoin à plusieurs reprises à des incessantes
improvisations, manquements et incapacités à gérer des crises qu’elles soient
sanitaires, climatiques, économiques, accidentelles, sociales ou politiques,
sans la moindre sanction conséquente. Cela doit cesser !
Nous ne reviendrons pas sur la gestion catastrophique du cyclone Keneth ni sur
les assassinats non élucidés ni sur la crise sanitaire du COVID ni sur la
recrudescence des crimes et de viols alimentés par les réseaux sociaux ni sur
l’envolée des prix ni sur la crise sociale, politique et institutionnelle qui
freinent le pays depuis bientôt 4 ans. C’est de mal en pire !
Mes chers compatriotes,
Le monde entier est préoccupé par la guerre en Ukraine, qui tue, détruit et
déstabilise les peuples et le monde. Le monde est exposé à un risque d’une
guerre nucléaire et d’une explosion d’une centrale nucléaire en Ukraine dont
les conséquences radioactives sont inestimables en matière de perte de vie et
déséquilibre de notre écosystème.
Le monde n’a plus besoin de cette guerre qui vient encore fragiliser les plus
faibles et les populations vulnérables. Nous souhaitons que, la Russie, les
États-Unis, l’Ukraine et l’Union Européenne privilégient la solution
diplomatique et géostratégique afin de trouver le meilleur compromis possible
devant assurer la sécurité de chacun. Nous appelons donc à un cessez le feu
afin de faciliter les discussions diplomatiques.
Mes chers compatriotes,
Nous nous interrogeons sur l’opportunité du voyage du Président en exercice de
l’Union Africaine auprès du dictateur comorien en pleine crise Ukrainien, au
moment où celui-ci bafoue les libertés individuelles et collectives, piétine
les institutions de son pays et outrepasse les recommandations des
institutions internationales notamment celles de l’Union Africaine publiées
dans un communiqué au mois d’octobre dernier.
Nous voyions de cette visite un opportunisme malsain du Colonel dont
l’objectif est de se légitimer et donner du tonus à son monologue qui a du mal
à accrocher l’opinion nationale et internationale.
Sinon comment expliquer que le Président en exercice de l’Union Africaine et
en même temps président d’un pays ami, ne daigne rencontrer les opposants et
résistants au régime dictatorial de Moroni durant son séjour aux Comores? Nous
le déplorons profondément.
Aussi, comment expliquer que la représentante de l’Union Africaine Hawa Ahmed
Youssouf soit venue participer au monologue du Colonel Azali Assoumani alors
que celui-ci n’ait donné suite à la déclaration de la commission « paix et
sécurité de l’UA » ? Nous ne trouvons pas cela cohérent avec la charte de
l’Union Africaine.
Tous ces manœuvres sont la volonté de camoufler la triple crise économique,
politique et institutionnelle qui frappe le pays depuis 4 ans et une manière
malheureuse de camoufler les faiblesses du monologue sans tête ni queue.
En tout état de cause, ils ne sont pas dignes d’un pays qui aspire à la
démocratie et à l’Etat de droit.
En revanche, nous saluons la visites du Représentant permanent des
nations-unies Mr Fenella Frost suivie de celle de Mme Hawa Ahmed Youssouf à
l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi à qui nous exprimons toute
notre compassion et demandons que le rapport remis au Colonel Azali Assoumani
à son sujet soit rendu public.
Prendre en otage l’ancien Président Ahmed Abdallah SAMBI et l’empêcher d’aller
se soigner à l’étranger, en contrevenant à l’ordonnance du juge d’instruction
en date du 02 janvier 2020, cela relève d’un crime. Et nous le dénonçons.
Mes chers compatriotes,
Revenons au dialogue,
Le Conseil national de Transition auquel je préside depuis bientôt 4 ans n’a
eu de cesse de faire appel à la communauté internationale pour une médiation
ou un dialogue, sous l’auspice de l’Union Africaine et l’OIF, afin que l’on
puisse dénouer cette crise qui fait reculer notre pays. Ces deux institutions
ont historiquement contribué à dénouer plusieurs crises dans notre pays. La
dernière fut celle de 2015 relative aux candidatures aux élections
présidentielles.
Depuis 4 ans, nous avons mené une offensive diplomatique auprès des
institutions politiques et financières internationales et pays amis afin de
les informer et les sensibiliser sur le coup d’Etat électoral du 24 mars 2019,
les exactions et dérives qui en ont suivies ayant entraînées plusieurs pertes
de vie humaine.
A cet effet, je profite de cette occasion pour féliciter l’offensive
diplomatique menées sans relâche par les forces vives de la diaspora qui s’est
encore illustrée une fois de plus à Bruxelles le 17-18 février dernier, au
moment de la tenue du sixième sommet « Union Européenne – Union Africaine ».
Ce fut une victoire diplomatique de plus, après Genève et autres rendez-vous
comme ce fut le dernier rassemblement tenu à Marseille par l’Appel de
Marseille.
Cette offensive a eu gain de cause puisque le Colonel Azali ASSOUMANI a fini
par céder aux injonctions de la communauté internationale et pays amis. Et
cela, après le rapport et le communiqué de la mission de l’Union Africaine «
Conseil de paix et de sécurité » qui a séjourné aux Comores du 12 au 15
septembre dernier.
Malheureusement pour la nation, toute cette bataille diplomatique menée par la
résistance de l’intérieur et de l’extérieur a été travestie et détournée par
le Colonel AZALI Assoumani en organisant un monologue qui ne respecte ni les
attentes des Comoriens ni les doléances de la résistance ni les
recommandations de l’Union Africaine sur les prisonniers politiques et autres
points préalables à un dialogue sérieux. Au contraire, il s’est approprié de
l’idée du dialogue, comme il s’est approprié jadis les assises nationales,
afin d’en faire un outil de campagne et de propagande pour son projet
machiavélique qui consiste à se maintenir au pouvoir éternellement avec sa
famille et son clan.
A cet effet et au passage, je voudrais profiter de cette occasion pour
féliciter les forces politiques et civiles de la résistance de l’intérieur et
de la diaspora pour leur solidarité à respecter les principes et les
conditions sine qua none, préalables à un vrai dialogue national sincère,
inclusif et efficace devant assurer un meilleur avenir de notre pays.
Au vu de son déroulement, de sa faible représentativité et des axes
constituants les travaux annoncés, nul ne doute qu’il s’agit d’une mascarade
de monologue dont les objectifs s’éloignent des attentes du peuple comorien et
des forces politiques et civiles qui les représentent.
Toutefois, en démocrates que nous sommes, nous ne nous fatiguerons pas à
réitérer notre appel à la communauté internationale, en l’occurrence les
nations unies pour soutenir l’Appel de Djoiezi II en date du 16 février
dernier demandant la suspension immédiate du monologue, son report à une date
ultérieure qui sera consensuelle afin de permettre ainsi de répartir ensemble
sur des bases saines et solides pour un dialogue national inclusif, sincère et
souverain.
L’Appel de Djoiezi I et II a jeté les bases d’une vraie structuration de cette
lutte, rappelé ses principes et ses objectifs et dégagé les orientations
indispensables.
Nous avons en mémoire que l’Appel de Djoiezi a rappelé que notre lutte est
basée sur le respect des Accords de Fomboni, la non-violation de nos
institutions, le respect de l’autonomie des îles consacrée par la constitution
de 2001, le respect de la démocratie, des libertés individuelles et
collectives et la contestation du coup d’Etat électoral du 24 mars 2019.
Ainsi, nous invitons celles et ceux de nos rangs qui s’en éloignent en
confondant notre lutte avec une course en avant vers le pouvoir à se ressaisir
sans délai. Car il s’agit d’abord de sauver notre patrimoine commun qui est la
démocratie et l’Etat de droit, sans lesquels l’alternance démocratique au plus
haut sommet de l’Etat ne sera plus possible.
Nous appelons donc à continuer les travaux et à respecter l’agenda pour une
convergence commune vers la tenue de la prochaine assemblée de Djoiezi III sur
l’ile d’Anjouan, car c’est une étape cruciale de notre lutte.
A nos amis du mouvement M17, du COMRED, du NEM, du CNT, du Gouvernement de
transition, des fronts communs, des Appels de la diaspora, de Daula Ya Haki,
de Mdzadze Wa Irumbi, au mouvement MCREF et j’en passe…je vous invite à
resserrer vos rangs autour de l’Appel de Djoiezi.
Car, cet appel vaut le mérite de rompre avec la monotonie d’une résistance
focalisée simplement à Ngazidja pour aller vers les autres îles et auprès de
leurs citoyens.
Je vous remercie.
Prononcé à Ntsudjini le 15 mars 2022
Le Président du CNT, Mouigni Baraka Said Soilihi
COMMENTAIRES