Un conflit avec de graves dégâts matériels de part et d’autre oppose depuis quelques jours 2 localités voisines…Ne tombons pas dans le panneau !
Ne tombons pas dans le panneau !
Un conflit avec de graves dégâts matériels de part et d’autre oppose depuis quelques jours 2 localités voisines qui me sont très chères : Mkazi et Mavingouni. L’objet de la discorde semble à première vue anodin. Il s’agit de l’emplacement en territoire mavingounien d’un panneau indiquant la direction vers Mkazi. Les évènements malheureux survenus les 6 et 7 février 2022 sont les épisodes fébriles d’une maladie qui affecte la région depuis plus de 10 ans.
Beaucoup d’animosités et de rancœurs se sont accumulées en raison de conflits fonciers jamais résolus entre les 2 localités, les gouvernements successifs et les autorités judiciaires fuyant leurs responsabilités et préférant refiler la patate chaude à des notables qui qui n’ont plus la légitimité, la crédibilité et l’autorité d’antan. Les Douka, Saadi, Mouigni Mondoha pour Mkazi, Zahahe et Ali Yamani pour Mavingouni sont morts ! Tant que l’Etat ne prendra pas à bras le corps ce problème, la guerre reprendra demain pour un oui ou pour un non. Tout sera prétexte pour souffler sur des braises mal éteintes.
Je voudrais rappeler un événement qui a profondément marqué la mémoire collective de Mkazi. Il s’agit du gigantesque incendie qui avait ravagé la quasi-totalité du village en 1963. Nos aînés, nos parents et nos grands- parents nous ont raconté cet événement tragique qui sert parfois de repère pour indiquer encore aujourd’hui la date de naissance d’un citoyen de la ville. « Mon premier enfant Fatima marchait bien quand a eu lieu le gigantesque incendie (Omwha waho Mdro Mhuwu », « Saïd, Amina et Mmadi sont nés l’année suivant le gigantesque incendie ».
« Touma est née l’année du gigantesque incendie ». Un élan de solidarité de TOUTE la région de Bambao s’est manifesté en faveur de la localité sœur sinistrée. Les habitants de la région se sont concertés pour reconstruire le village, apportant gratuitement matériel de construction et main d’œuvre. J’ai appris cet événement tragique où périt des enfants et des adultes ET ce formidable élan d’HUMANITE et de SOLIDARITE de la bouche de ma grand-mère à Tananarive où je suis né. Depuis, j’ai retenu que l’on a toujours besoin des autres, à commencer par les voisins.
Le concours des pompiers mexicains pour éteindre des incendies aux Etats-Unis ça ne vous dit pas quelque chose ? ça ne vous interpelle pas ? Cela signifie tout simplement que le prétendu puissant a besoin de celui qu’il considère comme faible. Rien de plus anxiogène que des suspicions, mêmes non fondées, ou des manœuvres avérées d’hostilité entre voisins.
Les tensions entre la Russie et l’Ukraine en sont la preuve. Et rien de plus rassurant qu’un bon voisinage. Vous pouvez dormir en toute quiétude sans même fermer votre porte. Un incendie se déclare dans l’une des 3 localités du Bambao Yadjou ? Et voilà qu’accourent dans les minutes qui suivent les habitants des 2 autres localités pour l’éteindre en attendant l’arrivée hypothétique du COSEP plusieurs heures plus tard pour …..CONSTATER les dégâts.
De ma petite voix, ici à Lyon, à près de 7500 km du Bambao Yadjou, j’exhorte les localités de Mavingouni et de Mkazi à enterrer la hache de guerre et à exiger de l’Etat qu’il extirpe les racines du mal. LA SEULE guerre que nos localités doivent mener, la seule guerre que chacun de nous doit mener, c’est la maîtrise de nos passions, la guerre contre nos démons intérieurs.
Nous devons nous ressaisir individuellement et collectivement car Ibliss guette le moindre faux pas de chacun de nous pour plonger la région dans le chaos. Ibliss et ses soldats se tiennent prêts avec des citernes d’essence pour raviver tout départ de feu sur cette terre. Si nous nous ressaisissons et nous renouons avec notre fraternité, Allah écrasera Ibliss et ses serviteurs comme Il nous l’a promis.
كُلَّمَآ أَوْقَدُوا۟ نَارًا لِّلْحَرْبِ أَطْفَأَهَا ٱللَّهُ وَيَسْعَوْنَ فِى ٱلْأَرْضِ فَسَادًا وَٱللَّهُ لَا يُحِبُّ ٱلْمُفْسِدِينَ
« Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre, Dieu l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors que Dieu n'aime pas les semeurs de désordre ». (Verset 64 Sourate 5 AL-Mâ’ida)
Agir autrement c’est tomber dans le panneau pour une obscure histoire de panneau.
Abdourahamane Cheikh Ali, Lyon (France)
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