Dialogue national ou Assises bis

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Aux îles de la lune, les élections passent et se ressemblent. Le président Assoumani Azali tient mordicus à rempiler en 2024 après avoir pris le goût du pouvoir pour le pouvoir. Le contraire aurait étonné plusieurs observateurs et surtout aurait déçu ses quelques partisans et autres courtisans qui se verraient trahis en pleine consommation de leur part du gâteau et ceux en attente de leur tour de passer à table. Aujourd’hui le pays est tout sauf un Etat, c’est une véritable jungle, un monde à l’envers ! L’armée, la police et les services de sécurité sont instrumentalisés par le pouvoir pour entretenir une corruption généralisée et la terreur. La justice est également inféodée au pouvoir. Il y a une volonté délibérée du régime en place de maintenir indéfiniment le pays dans cette situation d’instabilité permanente.

Et cet état de fait ne changera jamais tant que le même régime restera au pouvoir. Les dernières maigres réalisations au pays en témoignent. Après 13 ans de pouvoir d’Azali (6+5+2), le pays est non seulement en grande instabilité sécuritaire, sociale, politique et économique, mais risque de disparaître avec la politique de la terre brûlée instaurée par la famille Azali qui se sait au crépuscule de son régime. La cruauté entretenue par le pouvoir a atteint son paroxysme, avec des exécutions sommaires où nos compatriotes sont enterrés comme des ordures. Inimaginable !

Même le minimum des besoins sociaux de base des populations n’est pas assuré. L’eau et l’électricité sont des denrées rares. Les soins de santé sont de qualité illusoire, très onéreuses et inaccessibles à tous. L’enseignement de qualité devient un luxe, le taux de chômage est en constante évolution et lorsqu’ils ont un travail les salariés et les fonctionnaires touchent des maigres salaires, la récession économique est vertigineuse. Notre pays, est quasiment dans une situation pré-explosive d’impasse socioéconomique. Le pays connait une inflation hémorragique des prix des biens et des services de plus de 33%. En revanche, le commerce de la mort est en plein essor avec beaucoup de corbillards et peu d’ambulances...

Par ailleurs, le budget de l’Etat insignifiant, très loin de répondre aux besoins sociaux de base de la population comorienne. A cela, il faut ajouter l’effondrement des réserves de la banque centrale, la croissance économique en chute libre, passant, selon des estimations fiables, de 3% en 2015 à 0,5% en 2021 et la baisse de l’aide financière extérieure pour soutenir le budget de l’Etat ainsi que l’effondrement des investissements à la suite d’un double climat économique et politique très instable. Tous les indicateurs socioéconomiques et politiques sont donc réunis actuellement pour faire des Comores un Etat en faillite, confronté à de sérieux problèmes qui compromettent sa cohésion nationale et sa survie.

Par ailleurs, il n’y a pas d’avenir prometteur pour la jeunesse qui est clochardisée et abandonnée à elle-même ; pas non plus de perspectives d’élections crédibles avec une CENI fantôme, sinon instrumentalisée par le régime azaliste. La situation aux Comores est très précaire, très instable avec une population exténuée dans l’attente d’une alternance politique démocratique pacifique qui devient un cauchemar ! J’ai vraiment peur que ce peuple réputé pour sa léthargie, se réveille et se révolte dans un soulèvement populaire incontrôlé qui serait une catastrophe tel un « tsunami » qui pourra ravager le pays.

L’Armée nationale, malgré la qualité de certains militaires dont elle regorge est tout sauf une armée. Il s’agit d’une armée partisane et familiale, sans une véritable unité de commandement ! Une armée aux ordres et au service du pouvoir en place ! Une armée avec une majorité des militaires mal ou très peu formés, mal encadrés, mal entretenus, mal équipés et sans proximité avec la population civile. En bref, une vraie « armée mexicaine » permettez-moi l’expression, dirigée par un chef médiocre, égoïste, cupide avide de ses intérêts personnels et qui n’a que faire du peuple dont il ne se soucie et qu’il a pris en otage ! Il est temps d’agir vite pour mettre fin à cette ultime forfaiture de mauvais goût.

Les Comores est un cas d’espèce. Si ce pays était normal avec une armée républicaine, on n’en serait pas du tout là. L’armée se serait interposée dans un rôle d’arbitre pour neutraliser Azali et favoriser l’alternance telle que prévue par une bonne Constitution avec un Président intérimaire devant organiser les élections, remettre en place les institutions dans un délai constitutionnel convenable et mettre de l’ordre dans le pays.

L’évolution récente de la situation sociopolitique aux Comores, nous offre suffisamment d’indices pour décrire l’homme politique comorien du pouvoir actuel en général, à quelques exceptions près : inconstant, égoïste, irresponsable, incompétent, non visionnaire, dépourvu du sens de l’Etat, voire antipatriotique… Ce constat ne vient pas de moi mais de l’opinion publique nationale et internationale. L’homme politique du moment a failli à sa mission et a démérité, l’ère politique de Azali est désormais conjuguée au passé. Il doit impérativement rendre compte au peuple de ses innombrables mandats inconstitutionnels.

Avec un bilan aux indicateurs socio-économiques au rouge à deux ans de la fin de son dernier mandat présidentiel et le retour en force des antivaleurs cautionnées par des séries sans fins des cas de corruption et de détournement de deniers publics par son entourage direct, dont il serait également un des bénéficiaires majeurs, c’est au niveau du dialogue national que Azali compte se démarquer.

Clonant les assises nationales, Azali planifie sa réélection à la prochaine présidentielle prévue en 2024 par sa constitution de « la main coupée ». Vraisemblablement, l’homme ne semble pas avoir mis à profit le retour d’expérience négative de son élection chahutée en 2019. Ainsi, il compte sur ce mono-dialogue pour mettre en place un autre stratagème visant à verrouiller la centrale électorale comorienne par des personnes qui lui sont très proches politiquement, si elles ne le sont pas familialement. Concernant ces élections de 2024, les indices factuels de cette stratégie de fraude électorale sont légions et promettent des scrutins chaotiques de nature à déstabiliser davantage le pays, déjà exsangue dans tous les domaines.

Ainsi, au niveau de la Justice, les hauts magistrats de la cour suprême, chargés de traiter du contentieux électoral sont toujours sous contrôle par le camp Azali. Il en est de même du garde de Sceaux, ministre de la Justice. Quant au pouvoir organisateur et de sécurisation des élections, il est placé sous le ministre de l’Intérieur et de l’armée qui n’ont rien de catholique.

Comme si cela ne suffisait pas, les velléités de verrouillage du prochain cycle électoral vont s’accentuer par les choix des membres de la CENI bien sûr, tous issus du camp du pouvoir, qui devront signer les procès-verbaux des résultats des prochaines élections et assurer la réélection du locataire de Beit-Salam. Il faut trouver un successeur à l’ancien baron de la CENI miraculeusement décédé dans des conditions déplorables et mystérieuses.

Avec ce maillage partisane et politique des institutions impliquées dans le prochain processus électoral, les intentions d’Azali assoumani transparaissent au grand jour. D’après plusieurs informations à notre disposition, avec le soutien de son mono-dialogue, Azali prépare un forcing électoral. Une des premières stratégies sera de disqualifier ses adversaires les plus redoutables en se taillant une loi électorale sur mesure ou en donnant les injonctions à la justice pour les mettre hors course électoral à l’instar de ce qu’il avait fait en 2019. Cette stratégie condescendante et arrogante d’exclusion et de gouvernance par défi risque de pousser les adversaires du rais et d’autres acteurs déçus de la gouvernance tribale et néopatrimonialiste du pouvoir à leur dernier retranchement. En effet, personne ne veut subir l’expérience malheureuse des présidentielles de 2019 ; De l’avis de presque tous, ces élections dont les résultats n’ont pas été conformes à la vérité ni à la justice, ont été une véritable débâcle.

Après les crises postélectorales de ces derniers temps, il me semble, par conséquent, plus urgent de repenser au préalable et de réarticuler les principes de base de la gestion de la chose publique, y compris du dialogue national et des processus électoraux, que. Au-delà de l’alternance au pouvoir, il nous faut proposer une nouvelle alternative au système politique en cours aux Comores où la grande majorité des hommes politiques du pouvoir ont étalé leur incapacité à offrir aux Comoriens le bien-être et la paix. Regardez le spectacle que nous livre quotidiennement l’actuel parlement national pour comprendre qu’il sera impossible de s’en sortir avec cet hémicycle monocolore. Il faut changer de paradigme en apportant une vision novatrice de l’action publique aux Comores avec des acteurs compétents, patriotes et aux mains propres.

Nous devons être honnêtes de constater qu’une solution purement politique n’est plus possible dans la situation actuelle. Le temps des conciliabules politiques est fini, il nous faut passer aux actions fortes. La patience de la population a atteint ses limites. Le peuple est fatigué des assises et dialogues infructueux et sans lendemain.

Conclusion : un chaos annoncé ?

La gestion non consensuelle du dialogue national en cours et du processus électoral en général crée des frustrations qui, du point de vue des partenaires politiques du pouvoir, de l’opposition et de la société civile, ouvre la porte à la fraude, accroît la méfiance à l’égard du pouvoir en place. A quoi servent des réformes procédurales dépourvues de toute éthique politique et de sens de responsabilité et d’équité républicaine ?

Selon moi, un véritable dialogue national n’a de sens que s’il permet l’expression la plus crédible et la plus transparente de la volonté du Peuple. Dans un tel environnement amoral et anomique, il est illusoire d’envisager des réformes politiques, contraignantes et impersonnelles. En effet, les acteurs politiques actuels instrumentalisent les institutions et leurs majorités factices et celles-ci, à leur tour transforment les indispensables réformes électorales en une des stratégies politiciennes de conservation du pouvoir non démocratique quand elle n’est pas carrément anti-démocratique. Il s’agit ainsi, comme on le voit, d’un environnement de corruption politique officialisée et établie en mode de gouvernance et d’acception au pouvoir.

Deux comoriens échangent sur la politique nationale. L’un dit sur une note de désespoir : « La politique comorienne est vraiment incompréhensible ». Et l’autre a eu cette réplique inattendue : « mettez des coffres-forts à la place des cœurs et vous aurez les hommes politiques d’aujourd’hui. Voilà un début d’explication de la politique comorienne ».

Des « coffre-fort à la place des cœurs », une expression lourde de sens et sans doute excessive. Elle traduit néanmoins un constat simple : la politique comorienne actuelle n’est pas d’abord au service du bien commun, et l’engagement politique n’est pas forcément porté par des valeurs. Quand on parle donc du dialogue national et des reformes électorales, les acteurs politiques ne voient d’abord que des stratégies pour se maintenir au pouvoir. Les suivre sur ce terrain, c’est se laisser piéger et tomber dans une sorte de jeu à somme nulle. D’où la nécessité de souligner la dimension éthique de l’action politique et le refus catégorique d’un dialogue qui n’a rien de national.

Voilà pourquoi je veux ici souligner succinctement cette dimension éthique et inclusive comme un préalable sine qua non des réformes en préparation. Une nation dont des milliers d’enfants meurent de faim, ne peut pas se mentir constamment sur les principes de base d’une gestion démocratique d’un État moderne, en dilapidant des centaines des millions de nos francs dans des assises, dialogues et consorts.

À mon humble avis, une mobilisation populaire nationale concerne en premier lieu les hommes en armes et en treillis dont le caractère républicain impose le devoir de défendre la Constitution et la patrie pour apporter une solution idoine à la nation. Militaires le temps d’entrer dans l’histoire de votre pays est arrivé. Prenez vos responsabilités !

ABDOU MOHAMED RAZIDA

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