Il est temps que les forces vives opposées à la dictature saisissent comme un seul...Cri de détresse pour non-assistance à peuple en danger de mort
Cri de détresse pour non-assistance à peuple en danger de mort
Plus de cinq ans après le retour au pouvoir d'Assoumani Azali et bientôt un an après l'expiration de son mandat, les Comoriens ne voient toujours pas le bout du tunnel. À leur corps défendant, ils assistent impuissants à la descente aux enfers de leur pays. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d'alarme et appelé la communauté internationale au secours. Celle-ci n'en est pas dupe, ses représentants sur place étant au fait de la gravité de la situation. Que ce soit l'Union européenne, les Nations-Unies et les autres missions diplomatiques accréditées auprès de l'État comorien, elles connaissent au bout des doigts les raisons de la crise.
Nos partenaires internationaux ne sont pas sans savoir que la crise systémique que pose de façon générale la problématique du sous-développement est aggravée par la gouvernance de pacotille du pouvoir Azali. Les détournements fréquents des fonds octroyés par l'assistance internationale, y compris même l'aide humanitaire, ne peuvent pas passer inaperçus. Où sont passés notamment les dizaines de millions d'euros offerts par les bailleurs internationaux pour faire face aux dégâts causés par le passage du cyclone Kenneth, et à la lutte contre le COVID ? Un jour viendra où ces organismes devront aider les Comoriens à briser cette omerta imposée par le système Azali aux fins de rendre des comptes.
L'ironie de l'histoire est que, à écouter certaines autorités, le gouvernement usurpateur est en train de chercher une échappatoire dans la crise épidémique pour justifier les coupes budgétaires, les baisses de salaires et les nombreux plans de licenciements économiques. Ce remède de cheval est d'autant plus insupportable qu'il est administré à des populations déjà affamées, démunies et qui n'ont même pas accès à des services de base comme l'eau et l'électricité. Le silence énigmatique observé par nos partenaires vis-à-vis de cette gouvernance chaotique se comprendrait, à la limite, si le gouvernement respectait tout au moins les libertés et les droits fondamentaux. Mais c'est là où le bât blesse.
Il est temps que les forces vives opposées à la dictature saisissent comme un seul homme la communauté internationale pour qu'elle prenne enfin ses responsabilités historiques vis-à-vis de la dictature. Elle n'a pas le droit de se montrer complaisante avec un régime qui a, non seulement mis l'économie du pays en coupe réglée au profit de la famille d'un dictateur, mais a procédé à un démantèlement systématique de l'État de droit et de la démocratie. Nos partenaires internationaux ne peuvent pas rester impassibles et inertes devant un pays ami qui va à vau-l'eau, au risque de susciter des vocations aux extrémismes religieux.
Bonne année 2022 à tous. Que le nouvel an ouvre à notre pays de belles perspectives favorables à la restauration de l'ordre constitutionnel, à l'alternance démocratique et à la paix sociale. Qu'elle donne, enfin, au peuple comorien la force et l'opportunité de donner un coup d'arrêt aux tentatives de dialogue visant à passer outre l'alternance.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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