Qui est Abdulrazak, le Nobel de littérature 2021 ? Le prix Nobel de littérature 2021 est donc décerné à l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah, dont
Qui est Abdulrazak Gurnah, le Nobel de littérature 2021 ?
Primé ce jeudi par l’Académie suédoise, l’écrivain tanzanien, exilé en Angleterre, a construit une œuvre concentrée sur les thèmes de l’exil et des réfugiés, où transparaît l’influence de la littérature arabe et de la poésie persane.
L’un des charmes du prix Nobel de littérature, c’est qu’il lui arrive de déjouer les pronostics. Une nouvelle fois, ce jeudi, ceux qu’on annonçait comme les favoris de l’Académie suédoise (Haruki Murakami, Annie Ernaux, Margaret Atwood…) repartent bredouilles, et c’est un (presque) inconnu qui décroche le gros lot – jetant le désarroi tant chez les éditeurs, qui n’ont guère ses œuvres dans leurs catalogues, que chez les journalistes, qui ne l’ont pas lu et ne savent rien ou presque de lui.
Le prix Nobel de littérature 2021 est donc décerné à l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah, dont trois romans (sur les dix qu’il a écrits) ont été traduits en France : Paradis, chez Denoël, en 2017, et Près de la mer et Adieu Zanzibar, chez Galaade, en 2006 et 2009 – les éditions Galaade ayant fait faillite en 2017, ils ne sont hélas plus disponibles.
Adieu Zanzibar, le plus connu des ouvrages d’Abdulrazak Gurnah, raconte les amours et désillusions d’un groupe d’habitants de Zanzibar de toutes origines : noirs, blancs, indiens, chrétiens, musulmans… « Plume soyeuse et récit maîtrisé, comme le montre l’emboîtement de voix tant locales qu’étrangères, installées dans le présent ou surgis du passé vieux de cinq décennies », écrivait Le Monde diplomatique lors de sa parution en France.
L’hebdomadaire Le Point ajoutait : « La variété des points de vue merveilleusement incarnés donne vastitude et richesse à cette fresque qui brasse époques, lieux, conditions historiques, mentalités, et quotidien des familles. » Le communiqué de l’Académie suédoise évoque, lui, une récompense accordée pour le « récit empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents ».
Écrivain en exil
Zanzibar, c’est là qu’est né Abdulrazak Gurnah, en 1948. Lui aussi lui dira adieu, vingt ans plus tard, pour fuir le régime du président Abeid Karume et les persécutions dont étaient victimes les musulmans. Il commence à écrire à 21 ans, en swahili puis en anglais. Professeur de littérature anglaise et post-coloniale à l’université du Kent, à Canterbury, il a beaucoup puisé aux littératures arabes, poésie persane comme contes des Mille et Une Nuits. Son œuvre tourne essentiellement autour des thèmes de l’exil et du sort des réfugiés.
Depuis plusieurs années déjà, le choix par les jurés du Nobel d’un lauréat africain était entré dans le champ des possibles – souhaitable, même, puisque Abdulrazak Gurnah est seulement le cinquième auteur africain à recevoir le prix depuis sa création, il y a cent vingt ans. Et le deuxième écrivain noir africain, après Wole Soyinka, en 1986 – les autres sont l’Égyptien Naguib Mahfouz (1988) et les Sud-Africains Nadine Gordimer (1991) et J.M. Coetzee (2003). L’Académie avait affirmé son envie d’élargir ses horizons géographiques. C’est donc chose faite. Et si le grand public n’y retrouvera pas un de ses auteurs favoris, il en découvrira peut-être un nouveau.
Par Hubert Prolongeau ©Telerama
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