Si l’on peut se dire, à tort, que le peuple comorien ne s’émeut que rarement, toute choyée au ciel par les anges, la petite Faïna incarne au...
Si l’on peut se dire, à tort, que le peuple comorien ne s’émeut que rarement, toute choyée au ciel par les anges, la petite Faïna incarne aujourd’hui et pour longtemps l’émotion qui engage.
Cette magnifique fleur arrachée à sa tige de vie à l’âge de 8 ans, dans des conditions pire que barbares, violée, enterrée vivante dans une fosse, en quittant atrocement la vie, elle a réussi à faire naître un sursaut collectif de conscience et d’actions.
De Moroni à Mamudzu, de Fomboni à Mutsa, de Paris à Marseille, de Lyon à Saint Denis de la Réunion, des actrices et des acteurs se sont mobilisés à jamais pour arrêter l’hécatombe.
Ainsi, est née dans la douleur l’Association Faïna qui confère une mission de messager à celle qui est partie en martyre pour que les adultes protègent les enfants des prédicateurs sexuels sans foi ni humanité.
On peut dire que c’est une association de plus, peut-être, mais elle vient à point nommé pour casser l’Ekazambwa du Ekazirendwa, comme le dit la déléguée de la Réunion, Faouzia Mroivilli. L’association ne se contente pas à la dénonciation et à l’accusation. Elle se donne la mission, entre autres, de démystifier le langage tabou au tour du sexe, par l’éducation à la sexualité et tout ce qui l’entoure de son omerta dévastateur et complice. Cela sera fait aussi au shioni.
C'est un combat engagé contre la pédophilie et le viol d'enfants et c'est sans relâche. Entourée d'une équipe de 8 personnes, elle se sert de son réseautage pour s'allier avec les associations réunionnaises qui militent depuis plusieurs années contre les violences intra familiales et toutes les formés de violences.
Ce n'est pas qu'une association de plus, c'est un groupe d'appartenance à une cause sociale qui se justifie pour nous faire agir là où l'inaction est coupable, quand il faut arrêter l'insupportable et où l'on doit faire son devoir d'humanité.
Ce groupe de l'île sœur de la Réunion se prépare à partager une démarche de sociabilité par une approche globale de dénouement de la crise de violences familiales, intra familiales, de crimes sexuels et de toute forme de férocité.
Parmi leurs activités, il est donné priorité à la prise en charge post viol qui n'existe pratiquement pas aux Comores.
L'objectif du projet est de pallier à l'absence des structures médico-sociales en parrainant un enfant à hauteur de 30€ par mois dont 20€ pour les frais de scolarité, 5€ pour le transport du parent et de l'enfant pour se rendre au local Faïna de Moroni et les 5 euros restant contribuent à une gratification du professionnel de santé mentale ou éducateur spécialisé qui sera en charge chaque mois d'échanger avec les parents et l'enfant « Ainsi, papa maman ne pourront pas faire comme si de rien n'était et le spécialiste avec lequel ils échangeront chaque mois leur donnera des pistes pour tenter d'être mieux ».
Cette approche qui consiste à mettre au centre d'interêt l'enfant et ses parents pour un accompagnement salvateur est à saluer. Il n'en demeure pas moins que les dispositifs juridiques à même de sanctionner les criminels sont à consolider au plus fort. Nous avons en mémoire brûlante la plainte que la maman de Faina a retenu pour elle et a refusé de la déposer à la justice parce qu'elle ne croit pas qu'il y ait justice au pays.
En tout cas, Faouzia Mroivili est déterminé plus que jamais à briser les anathèmes quitte à choquer celles et ceux qui ont peur des mots, horribles soient-ils. Elle ne veut pas qu'un certain langage portant le quiproquo soit toujours d'usage comme « hamdrende zio » s'agissant des rapports hideux entre violeur et violée.
Cette expression cacherait à la fois une banalisation du crime et une complicité de le confondre à un repas appétissant. "Ashe, hamtowa omuyo ou hamtowa enyandzi " et elle assume l'expression. Dans la même lancée, elle se déclare pour une interruption de grossesse pour la fille de 11 ans violée et mise enceinte par son père.
Pour ceux et celles qui se trouvent choqués par l'Ekazambwa, qu'ils s'investissent à combattre l'Ekazirendwa.
Enfant Messager, Faïna l’est devenue, entre les criminels et les victimes, entre les coupables et la justice, entre les parents et les enfants, entre les acteurs sociaux et les décideurs publics et surtout, entre le crime et la loi.
En tout cas, à la Réunion le combat est déjà engagé à un point de non retour et à tel point que « La Réunion nou lé la nou va fé nou lé engagé.
Par DINI Nassur
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