Solidaires des marins coincés à bord de l’Acadie depuis six mois Coincé, quasi confiné à bord de L’Acadie depuis décembre au port de pêche d...
Coincé, quasi confiné à bord de L’Acadie depuis décembre au port de pêche de Lorient, l’équipage a eu la visite, ce vendredi, des permanentes du Seamen’s club venues livrer à ces dix marins comoriens et malgaches des colis et un peu de réconfort.
Ils devaient passer les fêtes de Noël chez eux, aux Comores et à Madagascar. Six mois après leur arrivée à Lorient, les marins de l’Acadie (l’ancien ferry de la Compagnie Océane vendu en juin dernier) sont toujours à quai, au bout du port de pêche de Lorient, face à la glacière. Dix navigants, huit Comoriens débarqués à Kergroise en novembre et rejoints en février par deux Malgaches. Leur mission ? Ramener l’ancien roulier aux Comores en décembre, pour sa nouvelle vie dans le fret. Mais des imprévus et complications en tout genre (travaux, mises aux normes, changement de réservoir et paperasses…) combinés à la crise sanitaire ont retardé le départ.
Livraison à la coupée du ferry
Un petit rayon de soleil est apparu, ce vendredi après-midi, quand Emmanuelle Trocadero et Janice Osmena sont venues leur rendre visite. Les deux permanentes du Seamen’s club (qui accueille depuis 1988 les marins des cargos du port de commerce) ont assuré une livraison express, à la coupée du ferry. La sixième fois depuis cet automne. Des livres et des jouets pour enfants, des kits d’hygiène, un peu de nourriture, des habits et même des sacs à main pour les femmes de ces messieurs. Histoire de ne pas arriver les mains vides de retour au pays.
Une vraie bouffée d’oxygène, surtout pour compenser les privations et l’isolement imposés par le covid. « Même si, nuance le capitaine, nous ne sommes pas prisonniers ». Alors que certains armateurs refusent encore que leurs marins débarquent lors des escales, le propriétaire de l’Acadie autorise l’équipage, empêché de naviguer et confiné à bord, à se balader dehors ou faire des courses…
« Emmanuelle, c’est notre frangine à tous »
« Ça fait chaud dans le cœur », avoue le Malgache, Daniel Randrianaivo, qui se souvient encore d’un hiver glacial à Boulogne-sur-Mer où des bénévoles du Seamen’s club étaient venus fêter Noël à bord de son cargo. « À Lorient, Janice, c’est notre copine, et Emmanuelle un peu notre frangine à tous. Personne ne peut nous faire des cadeaux comme ça », confie le doyen de l’équipage, reconnaissant aussi pour ces smartphones offerts à chaque marin pour Noël. « Ce n’était pas du luxe. Sans téléphone, comment voulez-vous qu’ils gardent le lien avec leurs familles », répond la directrice de Marin’Accueil.
Ali Saindou, le chef mécano, assure ne manquer de rien. « L’armateur fait le maximum. Il nous fait livrer pendant le ramadan des bananes et des graines de manioc ». Comme lui, personne ne s’épanche sur la vie à bord, en communauté, qu’on sait difficile. « Les marins sont comme ça. Même quand ça va pas trop bien, ça va quand même »,
Encore 34 jours de navigation et trois escales
« Il faut avoir le moral pour faire ce métier », résume celui qui a déjà passé plusieurs mois en mer, sans poser un pied à terre. Le grand départ, c’est pour bientôt. Quelques jours à peine, le temps de régler l’assurance. « On est tous pressés de rentrer chez nous ». Mais il faudra encore s’armer de patience. Encore 34 jours en mer et trois escales à Dakar, en Angola et au Mozambique (pour faire le plein) avant d’arriver à destination. Suivra, après une quarantaine sanitaire (l’équipage n’est pas vacciné), une grande fête d’inauguration pour ce ferry chargé d’histoire et qui se sera fait désirer.
©Le Télégramme
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