Quand l'Aventure de l'Immigration Vire au Cauchemar, l'Histoire de Idrisse Mbechezi Idrisse Mbechezi, âgé de 26 ans, est origina...
Idrisse Mbechezi, âgé de 26 ans, est originaire de Wella ya Itsandraa. Il a arrêté ses études en 4ème. Il a ensuite appris la soudure. Il faisait son travail de soudeur en réalisant des petits travaux par ci-par là lorsqu'il tomba malade. Il a du abandonner le métier car il était allergique à la poussière. Puis il a travaillé chez Said Wadaane et il s'est acheté une voiture. Il a commencé à faire le taxi.
En 2016, sa sœur qui vit en France était en vacances aux Comores et c'est là qu'est né le projet d'aller en France. Elle a proposé à son frère de tenter le voyage. Comme elle voyait qu'elle était la seule de la famille en France, elle voulait prendre son frère pour qu'il puisse l'aider à soutenir la famille rapidement.
Les préparatifs ont commencé et il est parti avec sa petite sœur en 2017 à Dar Es Salam. Ils ont fait un mois là-bas. Ils sont ensuite partis en Egypte où ils ont fait 5 jours. Ils ont quitté l'Egypte et sont allés au Soudan où ils ont passé un mois, c'était le mois du ramadan.
Du Soudan, ils ont rallié la Libye. Le trajet a duré 8 jours dans le désert. Un trajet difficile. Ils ont souffert du manque de nourriture, du soleil ardent. Ils étaient assis dans des camions qui n'étaient pas couverts, sans manger, frappés par le soleil du désert. Certains mourraient en chemin par la faim et la soif.
Idrisse Mbechezi a été témoin de ces décès où on compte des Comoriens. Lors de la traversée vers la Libye, il y avait un camion qui transportait des personnes de différents pays. Il y avait dans ce camion un Comorien nommé DJ Jean François et une cinquantaine de Nigériens. Ils sont tous morts suite à de mauvaises conditions. Les passeurs étaient obligés de transporter les cadavres jusqu'en Libye pour les enterrer.
Quand on lui a dit qu'ils sont arrivés en Libye, il a dit à sa famille qu'il voulait retourner aux Comores parce que son cœur lui disait de renoncer à ce voyage. Mais sa sœur de France et sa famille ont insisté pour qu'il continue le voyage.
Il a fait 6 mois en Libye. Au début tout allait bien. Puis il y a eu une guerre civile, des militaires les ont pris et les ont emprisonnés. Il était à la capitale Tripoli et sa sœur, dans un village. Il cherchait toujours à savoir comment elle allait. ils ont beaucoup souffert. Ils étaient torturés. On lui donnait un morceau de pain le matin, l'après midi, des macaroni qui avaient un goût bizarre.
" Je suis tombé gravement malade, même les gencives saignaient. J'ai vécu toutes ces misères jusqu'au jour où j'ai eu mon laisser-passé pour retourner aux Comores. Enfin de compte j'ai su que la prise en charge jusqu'au retour ce n'était pas le gouvernement comorien, ni les militaires libyens qui s'en sont chargés mais que c'était l'Union Européenne."
La veille de son départ, un Malien est venu le voir en prison pour lui dire qu'il va faciliter sa petite sœur et lui pour le voyage jusqu'en France. Il lui a dit de le faire pour sa petite sœur mais que lui a déjà eu sa dose, il retourne chez lui.
Finalement sa petite sœur est arrivée en France. Et lui, de retour aux Comores, il a repris son travail de taximan.
"J'irai en France avec visa, sans visa non." Il conseille aux jeunes comme lui de ne jamais tenter ce genre de voyages. Les risques sont trop élevés, on peut y perdre la vie. Il vaut mieux galérer chez soi que d'aller vivre l'enfer ailleurs.
Rahma Matoir
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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