44 ans Après l’Eruption du Volcan Karthala Sur la Ville de Singani Le 5 avril 1977, les Comores ont été réveillées par des énormes secousses...
Le 5 avril 1977, les Comores ont été réveillées par des énormes secousses et séismes suivis d’une éruption du volcan Karthala dans la région de Singani (Hambou). L’ouverture d’une fissure éruptive au-dessus de la ville s’est accompagnée d’une sismicité très forte ressentie par la population et d’une sortie d’un magma fluide.
L’éruption s’est donc traduite par l’émission de coulées de laves lentes et visqueuse ayant détruit la quasi-totalité de la ville de Singani. De nombreuses habitations ainsi que des biens ont été détruites complètement. La lenteur de l’écoulement de la lave avait permis à la population de quitter à temps les lieux.
A l’époque le gouvernement révolutionnaire d’Ali Soilihi Mtsashiwa et l’Armée Populaire avaient évacué les habitants de la ville de Singani vers Moroni et les localités environnantes. Le Mongozi avait envisagé également de reconstruire Singani à quelques kilomètres de son site historique mais le projet est resté lettre morte.
L’éruption a surpris les scientifiques de l’époque en ce sens qu’elle fut localisée hors des axes principaux de fracturation, sur le flanc sud-sud-ouest du volcan. Au cours des deux derniers siècles, le volcan a connu en moyenne, une phase d’activité éruptive tous les 11 ans. Il est entré en éruption une trentaine de fois au cours du dernier siècle et depuis 2005, on a dénombré 4 éruptions.
Bon nombre de ces éruptions concernaient uniquement ses zones sommitales. La plupart de ces éruptions arrivaient à atteindre les zones côtières et littorales, cas du quartier de Coulée de lave à Moroni ou de la zone située entre Koimabani-Oichili et Chomoni. Il eut également des éruptions de type explosives et/ou de dégagement de gaz.
A la dernière éruption de la fin 2005, le volcan avait dégagé dans l'atmosphère des nuages de cendres qui avaient privé d'eau potable la population de l’île de Ngazidja. En avril 2005, le volcan était déjà entré en éruption, sans faire de victimes, mais contraignant environ plusieurs personnes à évacuer leurs habitations. L’éruption 11 juillet 1991 n'avait pas fait de victime.
L’éruption du 5 avril à Singani a eu pour effet une prise de conscience de l’Etat Comorien du risque volcanique et de la nécessité de la mise en place d’un suivi permanent de l’activité du volcan Karthala, l’Observatoire Volcanologique du Karthala (OVK) a été ainsi créée en 1988, et installée au Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique (CNDRS). L’OVK a développé un réseau de mesures des informations de surface mais aussi un réseau sismique.
L’OVK a acquis des équipements et matériels pouvant permettre en temps réel de suivre les activités du volcan, cependant ce matériel est souvent la proie de pillards et de destruction sans raison. Or, une très bonne connaissance de ce volcan peut être à la fois de prévenir le risque mais aussi de développer une attractivité du pays. Le Karthala occupe les deux tiers de la partie sud de l’île de Ngazidja.
Haut de 2361m), ses principaux traits structuraux sont les deux zones diamétralement opposées situées de part et d’autre de sa caldeira sommitale dont le centre est occupé par un cratère appelé Shungu Shahale et son lobe nord de cette caldeira par le « Shungu Shanyumeni ». Les amateurs de randonnées connaissent bien cette zone sublime à en couper le souffle.
Longtemps considéré principalement comme une menace à la population, le Karthala est de plus en plus reconnu pour son potentiel au développement et pour sa valeur économique en termes d'écotourisme et d'énergie propre (géothermie) qui pourrait être exploité au bénéfice de la population.
L’éruption du 5 avril à Singani a aussi réveillé l’intérêt des scientifiques Comoriens et à l’international de mieux explorer les potentialités du Karthala. Une grande Conférence internationale a été organisée en 2007 à Moroni, avec l’appui des Nations Unies. Elle était axée autour de trois grands thèmes à savoir les recherches scientifiques à conduire, la prévention et la gestion des risques, la valorisation économique et énergétique ainsi que la conservation de la faune et de la flore (biodiversité) et la promotion d'agriculture. De nombreux experts internationaux en volcanologie, exploitation naturelle et prévention des catastrophes avaient fait le déplacement.
Aussi, le développement d’une offre touristique et scientifique autour du Karthala peut contribuer à l’ouverture et au désenclavement des Comores et peut déboucher à la création d’emplois pouvant aller dans le sens de l’amélioration des conditions de vie plus particulièrement des communautés villageoises vivant sur les flancs du volcan. La création d’une aire protégée du Karthala mais aussi l’instruction du projet de géothermie sont autant d’initiatives à encourager pour transformer la peur du volcan en une opportunité de développement.
Photo : L’ancien marché de Singa envahi par la coulée de lave
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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