Un roman de Patrice Ahmed Abdallah, paru aux Éditions Komédit Sayi-Daly et ses compagnons, jeunes collégiens, arrêtés pour contestation, son...
Sayi-Daly et ses compagnons, jeunes collégiens, arrêtés pour contestation, sont les victimes d’une violence barbare perpétrée par les affreux commandos Mwasi, milice du Mongozi, le Guide Révolutionnaire qui fait régner sur son peuple sa dictature absurde et sanglante. Dans ce pays déserté par les djinns et les anges, les survivants ont peur de s’exprimer. Les brimades, les tortures et les assassinats se succèdent, précipitant indéniablement la dictature dans sa chute fatale.
L’écrivaine Zaïnab Abdallah Ben Ali, nous livre, ces impressions, après avoir lu, le livre.
LORSQU’IL N’Y A PAS DE FUTUR SANS PASSÉ...
Quelqu’un devait le faire...! Sayi-Daly l’a fait. Il est le premier.
Qui mieux que lui pourrait décrire avec émotion et sincérité ces horreurs et ces cauchemars dont lui et ses camarades ont été victimes de la part de ces “Affreux barbares”? Qui peut avoir la prétention de relater à la perfection des faits aussi cruels et ignobles, de peindre avec justesse, Courage et force mentale des scènes aussi obscures que celles décrites par l’auteur dans cet ouvrage ? J’ai envie de dire : Personne. Personne à part Sayi-Daly et ses camarades, parce qu’il fallait le vivre pour le raconter. Il fallait être présent ce 21 novembre 1977. Et Sayi-Daly cet adolescent innocent et inoffensif était là ; comme l’ont été ses camarades Msubuti, Sudjayi, Zalifa, Mdjissa et leur bande d’amis collégiens.
Dans l’enfer où ils ont vécu, les journées de ces jeunes étaient rythmées non pas par le poids d’un emploi du temps scolaire chargé et des nombreux devoirs, mais par l’angoisse et la peur. Ils ne demandaient rien d’autre que de vivre et profiter de leur jeunesse sans entraves.
Aujourd’hui, essayer de se mettre à la place de ces jeunes gens pour espérer comprendre une époque où beaucoup de droits étaient bafoués, où la répression de tout genre était le seul recours, où le sens même du mot “Humain” n’existait plus, c’est s’adonner à un exercice qui ne se solderait que par le mépris et la haine envers ces “casseurs” de jeunes, ces lâches, ces impitoyables, ces affreux barbares.
Oui, la barbarie était leur religion. Les coups et les blessures n’étaient pas que physiques puisqu’ils affectaient aussi le moral des victimes, en les réduisant par l’humiliation, à l’état bestial.
Ce livre est l’Histoire. C’est l’histoire de notre pays. Il fallait l’écrire pour ne pas l’oublier. La nouvelle génération et celles à venir devront l’apprendre et la connaître. Rien de cette époque-là ne doit être éludé. Pas d’impasse sur la chronologie des événements liés à notre pays. Nous devons tout garder en mémoire, et être capables de raconter notre histoire à nos jeunes, qui à leur tour pourront la restituer à leurs progénitures.
Cette histoire est celle d’une jeunesse martyrisée, désabusée et intimidée par un régime sensé les protéger, les éduquer et les préparer pour la relève du pays. Cette jeunesse devait être celle qui porterait au plus haut sommet les couleurs du drapeau national. Mais ironie du sort, les bourreaux n’étaient rien d’autre que ceux qui devaient les protéger et sécuriser.
Oser dénoncer ces actes que tout commun des mortels doué de raison et de sens qualifierait de “sanguinaires”, relève d’une grande bravoure et d’une audace sans limite.
Merci à l’auteur. Ce talentueux auteur a l’art et la manière de restituer les faits et on peut déjà s’imaginer les souffrances et les douleurs de ces jeunes victimes-là.
Patrice Ahmed Abdallah laisse un livre, un manuel à consulter pour tous ceux qui veulent s’enrichir de notre histoire nationale. Bravo et félicitations pour son dévouement, sa sincérité et son audace.
À la lecture de ce roman, beaucoup s’y reconnaîtront. Alors n’hésitez pas ! Procurez-vous ce somptueux ouvrage et délectez-vous de cette histoire passionnante : “Un séjour chez les affreux barbares”. Très bel ouvrage à ne manquer sous aucun prétexte.
À ce jour, j’ai une pensée très spéciale pour tous nos chers camarades disparus dans cette terrible et inoubliable aventure. Paix éternelle à leur âme. Toujours dans nos cœurs tant que les étoiles continueront de scintiller dans l’immense ciel.
Photo : Zaïnab Abdallah Ben Ali, Écrivaine et autrice du roman, Freeya la fleur bénie, paru chez Kalamu
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