Pourquoi et comment faire de la grammaire à l’école ? Le mot grammaire, ou plutôt l’idée de la grammaire, ne jouit pas aujourd’hui d’une gra...
Le mot grammaire, ou plutôt l’idée de la grammaire, ne jouit pas aujourd’hui d’une grande faveur. Attachée à l’enseignement et plus particulièrement à l’apprentissage des règles de la langue, qui se confondent souvent avec celles de la seule orthographe, la grammaire rappelle volontiers le souvenir d’exercices fastidieux et s’associe parfois à l’idée de faute, des infractions à la norme, voire à celle de sanction. Grammaire est souvent synonyme de contrainte et d’ennui.
Quant à l’activité du grammairien, elle est généralement perçue comme se réduisant à établir une ligne de démarcation entre ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire, et à mener des combats perdus d’avance pour maintenir des usages tombés en désuétude.
Conservateur, étroit d’esprit, toujours dépassé, le grammairien se voit reconnaître une seule compétence qui lui vaille quelque admiration. « Vous faites de la grammaire, lui dit-on, alors vous devez savoir bien parler !».
Que par grammaire on puisse entendre l’ensemble des règles sous-jacentes à une langue et que l’existence d’un tel ensemble de règles soit nécessaire pour qu’il y ait communication, c’est ce que peu de gens conçoivent. Même ceux qui le savent ne manifestent guère de curiosité pour découvrir les principes qui ont à l’œuvre dans le fonctionnement de leur langue.
Certes, ce paradoxe n’est pas isolé : la plupart des amateurs de musique ignorent tout- ou presque - des principes de l’harmonie, mais le rapport d’un individu à sa langue n’est en rien comparable avec celui qu’il entretient avec les arts.
La langue que l’on parle et que l’on entend est une évidence et à ce titre elle n’éveille guère la curiosité. La démarche réflexive à son propos est tout aussi peu naturelle que le contrôle de la respiration ou que le patinage en marche arrière.
BACAR Azihar Abdou, Marseille
Titulaire de Master 2 en didactique du français langue
Etrangère ou seconde à l’université Montpellier 3.
Bonne année 2021
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