Les Archives du Docteur Ahmed Ouledi L’Intrusion Des Mercenaires Dans Les Îles De La Lune Président Ahmed Abdallah Abdérémane : « On ne peu...
L’Intrusion Des Mercenaires Dans Les Îles De La Lune
Président Ahmed Abdallah Abdérémane : « On ne peut pas peigner un diable sans cheveux »
Cette phrase dont Ahmed Abdallah Abdérémane n’a jamais cessé de répéter, a été prémonitoire. Lui et Ali Soilihi Mtsashiwa ont eu recours au mercenaire Bob Denard et ses hommes pour asseoir leur pouvoir momentanément. Dans les deux cas, c’était l’entrée du loup dans la bergerie. Tous les deux sont morts sous les rafales de pistolets mitraillettes de ces « chiens de guerre ».
« Peigner » ces crânes rasés imbues de l’idéologie prémaciste, relève de la gageure. C’est Yves Lebret, patron d’Air Comores qui les introduit aux Comores et qui les a permis de jeter leur dévolu sur notre archipel. En effet, dès le lendemain de son coup de force, Ali Soilihi Mtsashiwa fait appel à Bob Denard pour déloger Ahmed Abdallah Abdérémane d’Anjouan où il était réfugié.
Bob profite de cette aubaine pour s’installer avec ses lieutenants Christian Olagary, Roger Bracco, Roger Bruni et Guilsou. Par le coup d’Etat du 3 août 1975 et cette intrusion des mercenaires dans la scène politique comorienne, l’ancienne puissance coloniale profite de la situation qui la lui-même pour enfoncer un grand clou dans l’indépendance déclarée de manière unilatérale et « offensante » pour elle.
Sous le règne d’Ali Soilihi Mtsashiwa, Bob Denard transforme l’archipel en un camp d’entrainement des opposants aux présidents Sekou Touré de Guinée, Mathieu Kérékou du Bénin et France-Albert René des Seychelles. De nombreux coups foireux ont été perpétrés dans nombre de pays africains à partir des Comores.
Après s’être brouillé avec Ali Soilihi Mtsashiwa, Bob Denard se retire du pays mais profite de cette aubaine pour installer avec ses lieutenants Christian Olagary, Roger Bracco, Roger Bruni et Guilsou et Osman pour continuer à assurer la sécurité rapproché du Mongozi.
C’est ainsi que «le Diable » toujours « non peigné » ressurgit le 13 mai 1978, renverse Ali Soilihi Mtsashiwa et sans aucune pitié l’exécute un matin du 29 mai 1978.
A nouveau Bob Denard et ses lieutenants font régner leur loi. Ils réinstallent Ahmed Abdérémane Abdérémane au pouvoir mais cette fois-ci, ils n’ont qu’un but à réaliser : la soumission du pays tout entier à leur dévolu.
Pour la stabilité du régime, Bob Denard créée la Garde Présidentielle (GP), un groupe d’élite qui comptera de 700 hommes répartis en 3 bataillons, beaucoup mieux équipés et payés que les soldats de l’armée régulière, entraînée par des instructeurs européens.
Avec sa GP, Bob et ses mercenaires répriment les opposants politiques de tout bord. Les militants du Front Démocratique sont arrêtés, emprisonnés et torturés. Toujours épaulé par une escouade de fidèles dont le commandant Charles et le capitaine Marques, Bob Denard s’assure d’une coopération fructueuse avec l’Afrique du Sud raciste.
Des accords secrets sont signés et lui permettent de fréquentes navettes entre Paris, Prétoria et Moroni. Il installe un centre d’écoute mais aussi assure le transit d’armes destinées à l’UNITA d’Angola, la Renamo du Mozambique et le FLEC de Cabinda.
Comme son omniprésence et ses juteuses affaires ne semblaient pas lui suffire, Bob Denard décide d’imposer au président Abdallah un accord écrit lui permettant de rester à vie dans l’archipel. Dans la mesure où ce dernier avait entamé des démarches pour négocier avec Paris et Pretoria leur départ a écrit cette semaine Said Hilali un ancien conseiller, dans un post sur les réseaux sociaux.
Ahmed Abdallah Abdérémane refuse net l’offre de Denard. Et c’est suite à son refus catégorique, que le dimanche 26 novembre 1989, le président Abdallah est assassiné à l’arme automatique dans sa résidence en présence du trio Bob Denard-Dominique Malacrino (dit capitaine Marques)-Dessales (dit capitaine Siam).
« On ne peut pas peigner un diable sans cheveux », nos deux présidents ont tentés de travailler avec le diable en l’amadouant mais le diable est le diable. Le retard accumulé par l’archipel dans son développement est dû en grande partie par ces intrusions des mercenaires qui ont privé le pays d’une réelle stabilité et de la sérénité nécessaire pour entamer sa marche vers des institutions stables et des politiques économiques hardies.
L’histoire du mercenariat dans notre pays reste encore à écrire quand nous connaissons les multiples liens tissés entre une partie de nos dirigeants avec l’ancienne puissance tutrice, comme aimait à l’appeler le Mongozi. « Le diable sans cheveux » n’est peut-être pas celui à qui l’on pense. Mais cela est une autre histoire.
1) Retour triomphale d’exil du Président Ahmed Abdallah, 1978
2) Bob Denard en visite à Mbéni, 1978
3) la Garde Présidentielle défilant devant le groupe de mercenaires
4) Bob Denard passant en revue la Garde Présidentielle (GP)
5) Bob Denard entouré de ses fidèles compagnons
6) Ahmed Abdallah en compagnie de Jacques Foccart, ancien Mr Afrique de l’Elysée
7) Ali Soilihi Mtsashiwa prisonnier après la chute de son régime le 13 mai 1978
8) Arrestation de Bob Denard lors de l’intervention de l’Armée Française, 1995
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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