LA SOCIÉTÉ COMORIENNE FACE A L’AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DES CRIMES En quelques mois, les assassinats et les viols ont augmenté considérab...
LA SOCIÉTÉ COMORIENNE FACE A L’AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DES CRIMES
En quelques mois, les assassinats et les viols ont augmenté considérablement aux Comores et le nombre des comoriens retenus dans différentes prisons en Afrique et dans de nombreux pays européens confirment une dynamique des facteurs criminogènes dans la société comorienne.
Les récents crimes aux Comores, par leurs formes, les profils de leurs auteurs, les circonstances de leur commission et les mobiles évoqués sont des signes qui indiquent que la montée de la criminalité dans notre société est sérieuse et se structure. Elle semble désormais et sérieusement s’ancrer dans le quotidien, la durée et devient ordinaire.
Ce phénomène s’explique sans doute par la frustration d'un avenir incertain mais aussi par la transformation de la société comorienne qui s’est accélérée à un point tel que les socles de valeurs de notre société acquièrent des nouvelles dimensions dont nous ne maîtrisons ni la portée ni le sens .Comme dans toutes les sociétés humaines ,cette mutation inévitable de nos structures traditionnelles dans le contexte de la mondialisation des cultures et des mœurs apportera également chez nous des conflits , des contradictions, des remises en cause , de crise d’identité et d'autres infractions plus graves que les assassinats et les viols
Plus inquiétant encore, notre pays ne s'est pas préparé à affronter cette réalité et l’État ne semble pas avoir pris conscience ni mis en place de structures d’analyses et d’études des aspects de cette transformation, aucune initiative n'a pas été prise pour prévenir les conséquences de cette mutation afin de les anticiper et les déjouer.
Les problèmes que soulève la criminalité aux Comores sont manifestement délicats et complexes. Leur délicatesse réside certes dans les réactions, somme toute légitimes, suscitées par la chaleur des passions et les tensions larvées de l’atrocité des récents crimes commis. L'absence de débat, de réflexion et d’étude concernant le processus de formation de changement d’un environnement favorable à l’émergence des facteurs criminogènes est une forme de démission de l’État.
L’autre inquiétude réside sur la conviction des citoyens comoriens qui dénoncent l’incapacité de la justice comorienne à y faire face. L’absence de discours et de message sur ce phénomène alors que les facteurs criminogènes se multiplient s’enracine dans la société comorienne au moment où celle-ci perd progressivement ses repères culturels et identitaires sans être en mesure de comprendre comment en maîtriser d'autres.
L’indifférence des autorités face l’évolution de ce phénomène et l'absence d’initiative pour étudier les caractéristiques de son évolution sont sources d’inquiétudes de la population, qui, dans sa forme, son évolution et ses attentes, s’inscrit dans une dynamique universaliste.
Mes déplacements professionnels en cours à Istanbul, Dubaï, Tunis et Amsterdam pour assister nos compatriotes sont des preuves que cette évolution de notre société est tangible. Le processus de l’émergence des facteurs criminogènes est irréversible. Il est urgent et nécessaire d’étudier en profondeur les motivations et justifications sociologiques de ce changement afin d’éradiquer la criminalité comorienne
Il est du rôle des forces vives et notamment des ONG de susciter des débats sur ces sujets et d’interpeller les autorités sur son urgence.
J’appelle l’état comorien à apporter une solution à ce fléau. Le gouvernement a, dans ces missions régaliennes, l’obligation de garantir la sécurité, l’ordre, la santé et les droits fondamentaux des citoyens comoriens.
Me Saïd LARIFOU, Avocat International, inscrit au barreau de Moroni (Comores)
Istanbul, le 20 novembre 2020
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