NECROLOGIE Aboubacar Ben Said Salim dit Adieu à Adina, l'Artiste et l'Ami d'Enfance Adina a rangé définitivement sa guitare J’...
Aboubacar Ben Said Salim dit Adieu à Adina, l'Artiste et l'Ami d'Enfance
Adina a rangé définitivement sa guitare
J’ai toujours connu Adinane Taanchik avec une guitarre. Dans les années 60 jeunes au quartier de Pangadjuu, nous étions une bande de garçons et filles qui nous cotoyaient sur la murette de la Maison Ahmed Dahlane.
Il y a avait , Adina avec sa guitarre , Nourdine Ahmed Dahlane dit Lolode avec sa voiture, Hadidja Ahmed Dahlane dite Fifie qui battait les garcons à la course Myriame Ahmed Dahlane qui ne disait rien mais observait tout, Fatouma Ahmed Dahlane dite Tapou aui racontait des histoires droles, Bruno Humblot sa carabine et sa bicyclette moi-même avec mes bandes dessinés Hakim Zembla, Tinti et Miloude .
Les soirs de clair de lune on allait piquer des canne à sucre dans le champ d’en face et on les machait bruyamment sous les mélodies de l’époque joué par Adina ou lolode ou Bruno. Je maudissait cette guitare d’Adina qui lui avait servi à me souffler une fille que j’aimais passionnément mais platoniquement o coup de poèmes et de Ndouzi près de sa maison en guise de sérénade à la Roméo pendat qu’Adian et sa guitare avaient réussi à attirer l’attention de la fille que nous aimions, adolescents. Beau joueur j’ai tenté d’apprendre la guitare auprès de Brunot Humblot pour prendre ma revanche, en vain.
Les années ont passé Adina évolué dans la musique, d’abord les baby Djeans , puis les Poussins , les Moody Blues etc.
Sa dernière œuvre qui venait couronner sa générosité d’artiste fut l’initiative de réunir les artistes amis pour chanter Corona et sensibiliser le peuple sur les dangers de cette pandémie destructrice de l’humanité en mettant en relief les gestes barrières.
La dernière fois que nous somme revus Adina et moi, c’était à l’occasion d’une interview sur ses souvenirs de Studio 1 .Un après midi , après m’être trompé plusieurs fois de maison , j’atterris chez lui dans une vaste cour intérieur , et je commence à monter les escaliers . Devant une grande et belle porte sculptée, je lançais mes « hodi » et commençais à toquer à la porte. Silence, personne ne répondait.
Soudain une voix grave venant d’une petite maison en bas résonna . « Am’mba ! » je reconnus tout de suite la voix de baryton du Crooner qu’il était. Je redescendis les escaliers et me dirigeais vers la porte de la petite maison sur la gauche. Adina avait sorti juste la tête . Mi Abou criai –je .
Karibu ; karibu , ou bien tu veux qu’on s’installe dehors. pas de soucis lui répondis-je. Sur le canapé de la petite véranda on repassait et ressassait nos souvenirs d’enfance , d’adolescence et d’adulte lorsqu’à quelques occasions dans des karaoké il m’invitait à chanter avec lui « Guantanamera » ou « Capri c’est fini » ou « con comme la lune ».
A la proche de Maghrib il m’invita à rentrer à l’intérieur non seulement pour fuir les moustiqueq , encore pour la prière . Il me montra le lieu des ablutions et m’invita dans sa chambre ou un coin mosquée avec deux tapis de prières , un pour lui et un pour sa femme.
Il me pria de conduire la prière ce que je fis avec plaisir. En effet après la prière, il me raconta sa nouvelle vie pleine de piété et de sérénité au crépuscule de sexagénaire qu’il était . Il avait réglé son réveil à 3h du matin pour qu’il ne rate pas sa prière , faisait ses ablutions et lisait le coran en attendant que Sitti se réveille à son tour. Le mari et la femme , priaient en commun . je profitais de l’occasion pour le féliciter sur le succès de son fils Nasser nominé par ANADEN pour son application sur l’agriculture.
Maissam frapa à la porte et me salua chaleureusement en tant que le papa de Rahma une de ses meilleures amies de GSFA. Ensuite un ami de la famille , Monsieur Djunaid arriva nous salua et gouta des sambusa que Sitti ou Maissam, je ne me souviens plus laquelle, avait apporté ces succulents sambusa que Adina gouta à peine car il se méfiait du piment comme de la peste.
La nuit était assez avancée lorsque je me résolus à partir en promettant de revenir une autre fois avec enregistreur pour l’interview sur studio 1, Adina me raccompagna jusqu’à la voiture et me gratifia de son éternel sourire, je ne sais pas si vous avez remarqué , mais Adina souriait beaucoup, meme quand il chantait .
En guise de prochaine fois et d’interview, ce fut pour venir lui dire Adieu ce vendredi jour béni de son enterrement.
J’ai perdu un ami, mas je ne pleure pas , car j’ai l’intime conviction qu’Allah le comptera parmi les gens de bien, non seulement pour sa piété , mais aussi pour avoir mis de la joie dans le cœur des Comoriens et des comoriennes par ses chansons inoubliables .
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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