6 novembre 1998, mort d'un géant de la politique comorienne Mohamed Taki Abdoulkarim Aujourd'hui, nous célébrons l'anniversaire ...
6 novembre 1998, mort d'un géant de la politique comorienne Mohamed Taki Abdoulkarim
Aujourd'hui, nous célébrons l'anniversaire du décès de Mohamed Taki Abdoulkarim, dernier président de la République Fédérale Islamique des Comores. Homme populaire et très pieux , le natif de Mbeni fut un politique chevronné qui a occupé toutes les hautes fonctions du pays.
Sa mort interrogé plus d'un, notamment la légèreté manifestée à tous niveaux, du mirex, au cabinet du président et lui-même. C'est pourquoi, de mon expérience dans l'administration publique, je me pose des questions et m'interroge sans trouver de réponses adéquates. Son dernier ministre des affaires étrangères, Salim Hadji Himidi et un de ses anciens chefs de protocole, Mohammed Dia, ont manifestement légitimé mes interrogations et posent, peut-être, la légèreté des dirigeants comoriens.
Comment un homme qui a occupé de hautes responsabilités de la nation comorienne notamment la fonction de président de l'Assemblée nationale et de facto numéro deux du régime Abdallah, a t-il accepté de répondre à une "invitation" sans le respect formel du protocole diplomatique ? Pourquoi le président se serait déplacé seul avec des étrangers en laissant son aide de camp? Pourquoi partir en Espagne pour rencontrer des investisseurs en l'absence des ministres concernés ?
Concernant son cabinet et le ministère comorien des affaires étrangères, un chef de l'État ne se déplace pas comme un citoyen lamba. Son programme est connu, avec un agenda millimétré et une information transmise aux pays visités. C'est fondamental et obligatoire dans le respect des usages diplomatiques.
De plus, tout entretien avec un chef d'État fait l'objet d'une audience connue, même en mode privé. Premièrement, qui a payé le voyage Turquie Espagne qui n'aurait pas été prévu à la base? Qui avait son agenda en Espagne et comment avec légèreté l'aide de camp aurait laissé son chef avec des étrangers sans être présent ?
Pour le Mirex, une invitation serait venue par fax. Dans ce cas précis, pourquoi le ministère des affaires étrangères n'a pas cherché à vérifier l'authenticité et la provenance de cette invitation inédite ? Pourquoi le Mirex n'est pas entré en contact avec leurs homologues Turques ou du moins avec l'ambassade de la Turquie accréditée aux Comores ? Enfin, comment se fait-il que le président comorien soit sur le sol espagnol sans que les autorités de ce pays ne soient saisies pour sa protection ?
Répondre à ces questions pourrait permettre de débuter une partie de la vérité sur l'empoisonnement probable de l'ancien président Mohamed Taki Abdoulkarim.
Répondre à ces questions pourrait révéler la légèreté de l'organisation administrative et du fonctionnement de l'administration comoriennes.
Pour rappel, Mohamed Taki Abdoulkarim a été le premier président élu démocratiquement par les Comoriens. Son élection n'a pas fait l'objet d'une contestation. Député, Ministre, il a été président de l'Assemblée fédérale des Comores de 1978 à décembre 1984.
Numéro deux du régime Abdallah, il s'exile à Paris au moment où le président Abdallah annonce la réforme constitutionnelle supprimant le poste de premier ministre et transférant l'intérim de la présidence, en cas de vacance définitive du Président, au président de la cour suprême.
Candidat de l'Union Nationale pour la Démocratie aux Comores-,Undc, il était en tête du premier tour des présidentielles de mars 1990. Au second tour, il aurait été battu par Saïd Mohamed Djohar. Celui-ci devenant par la suite président des Comores. Pourquoi le conditionnel ? Les premiers résultats donnés par Radio Comores accrédités la victoire de Taki.
Deux ans après dans un meeting à Badjanani, l'ancien ministre de l'intérieur et organisateur de cette élection a affirmé que c'est lui qui a donné la victoire à Djohar et non le peuple comorien.
En 1992, après une réconciliation nationale scellée par un hitima à la mosquée de vendredi de Moroni, il est nommé responsable de l'action gouvernementale, une sorte de premier ministre. La bizarrerie de cette nomination ou l'humiliation faite par cet homme chevronné de la politique, sa nomination est intervenue après la nomination du gouvernement, alors qu'il était censé proposer la formation du gouvernement.
Quelques semaines plus tard, il a nommé un mercenaire comme conseiller chargé des investissements. Djohar en a profité pour le limoger et le poursuivre. Mohamed Taki se serait réfugié dans une grotte tout près de Salimani- Itsandra. À la suite du coup d'État du 28 septembre 1995, il a été nommé co-présidents avec
Saïd Ali Kemal par le mercenaire Bob Denard. L'intervention française a rétabli "l'ordre constitutionnel" avec un gouvernement d'union nationale dirigé par Kaambi Ali Yachourtui avec pour mission d'organiser les élections présidentielles.
Le 17 mars 1996, Taki a été largement élu face à Abbas Djoussouf. Durant son mandat, l'homme qui avait promis le "rehemani" avait perdu son lustre, son mandat est fortement marqué par les retards de salaire, les délestages, les voyages infinis à l'étranger et le séparatisme Anjouanais.
Le 6 novembre 1998, Mohamed Taki Abdoulkarim est mort dans des circonstances troubles. Il a été enterré à Mbeni recevant les honneurs militaires de son rang.
Mgou namrehemou incha Allah Amine.
Par Nakidine Mattoir
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