Tribune Libre - IMAGE CONTRE IMAGE : ANJOUAN NE SOUTIENT PAS AZALI... Qu’on arrête de dire qu’Anjouan soutient Azali parce que par-ci par-là...
Tribune Libre - IMAGE CONTRE IMAGE : ANJOUAN NE SOUTIENT PAS AZALI...
Qu’on arrête de dire qu’Anjouan soutient Azali parce que par-ci par-là et de temps en temps, il s’arrange pour voler des images. Quelles images ? C’est toute la question.
La lucidité et le sang froid doivent être de rigueur afin de ne pas tomber dans le piège de la propagande sempiternelle d’Azali. On ne peut combattre un adversaire en reprenant sa rhétorique.
Azali ne cesse de dire que c’est l’opposition molle qui met en avant la revendication de la tournante 2021 et pendant ce temps il fait répéter les éléments de langage bien rôdé avec une partition ingénieuse à quelques individus bien ciblés : « Anjouan choisit le développement avec Azali et renonce à sa tournante 2021 ». Quel développement ? (sic)
La militarisation à outrance d’Anjouan et, le sentiment qu’Azali va pouvoir durablement plonger l’île martyre dans une terreur consécutive nourrie par une politique de délation systématique et faire prospérer la manipulation sont un fait. Il serait cependant impardonnable de ne pas mettre plutôt les projecteurs sur la majorité des anjouanais qui ne soutiennent pas Azali, et qui opposent un silence digne et héroïque face à sa brutalité, à ses manipulations et aux multiples pressions et provocations, sans commune mesure avec ce qui se passe dans les autres îles.
Le bon réflexe doit être la compassion, la solidarité avec ces résistants anjouanais et la dénonciation de la politique inique et humiliante d’Azali sur cette île. La double peine pratiquée par ceux-là même qui prétendent combattre la dictature est contre-productive. Accréditer le mythe du dictateur, lui donner forme et vie, selon lequel Anjouan soutient sa politique et ses agissements, parce que l’on est incapable de s’en défaire chez soi, est une formidable prime à Azali. Il est urgent de retrouver une forme de lucidité et de cohérence indispensable à la lutte contre la dictature.
Pourquoi ne pas insister sur les déboires d’Azali à Anjouan quand lui-même n’en est pas dupe et trahit cela dans l’expression de son visage ? Êtes-vous incapables de montrer un homme accusant le coup du poids de la solitude du pouvoir, du rejet de sa personne à Anjouan, de l’incapacité à renouveler son offre politique sur celle île, réduite aujourd'hui à une vagues de promesses tous azimuts sans conviction dignes d’un président en campagne présidentielle sempiternelle au bout de 12 ans d'exercice de pouvoir ? Ne serait-il pas bénéfique pour notre combat de plutôt de mettre en évidence l'inefficacité de ses rares soutiens dans cette partie du pays à lui organiser un grand rassemblement à Anjouan pour un homme qui a besoin de faire une démonstration de force ?
Qu’est-ce que ces maigres et misérables images volées obtenues au prix de coupures de billets de banque, et sous la pression présentées comme un rassemblement organisé par tous les maires nommés d’Anjouan ont-elles à avoir avec des anjouanais qui soutiendraient Azali, qui abdiqueraient leur tour de 2021 ? Les anjouanais, dans leurs villes et villages ont vaguement attendu parler de ce rassemblement et ne se sont même pas sentis concernés.
Que la propagande du pouvoir cherche à exploiter cahin caha ces images, cela va de soi. Mais notre rôle à nous est de leur donner leur juste valeur et leur réelle signification. Ces images montrent en effet que les soutiens d’Azali à Anjouan se réduisent à peau de chagrin. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les vraies images de soutien à Azali en 2016 avec des objectifs et un cadre précis et les maigres images artificielles de soutien à la dictature dont la dernière remonte à 3 jours.
Il faut dire que la politique de la terreur, de manipulation et de mensonge d’Azali à Anjouan est en train de montrer ses limites. C’est cela le principal enseignement à tirer de cette frénésie subite qui saisit le dictateur toujours en campagne pour évoquer 2021 alors qu’il y a 3 ans, il claironnait que son affaire était pliée.
Ahmed BOURHANE
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