Djohar, le miraculé d’un 28/09/95...! Dans ses Mémoires à titre posthume, Said Mohamed Djohar, un Homme porté par une grande Baraka, relate ...
Dans ses Mémoires à titre posthume, Said Mohamed Djohar, un Homme porté par une grande Baraka, relate l’entrée de Bob Denard dans sa chambre de Président à Mdrodjou, un dialogue impressionnant allait s’ouvrir dont certains détails sont intégralement gardés par sa famille et à travers le livre de manière exhaustive : « Monsieur le Président, me reconnaissez-vous ? Je suis venu libérer mes enfants ». Et Djohar, de lui sermonner la phrase suivante rapportée par un proche de la famille et non dans lesdits écrits : « Mr Denard , Vous allez aussi vous approprier les enfants du père que vous aviez assassiné?»
Djohar dit avoir répondu par la négative avant de reconnaître qu’il s’agissait du mercenaire de fortune quand il l’a vu marcher autour de sa chambre sur un pieds boiteux.
Papa Djo était un bon vivant, il l’était proche de la vie et de la foi, sa force. Tout calme, pisé et serein, il finissait sa prière et quittait son tapis de prière avant de prier Bob de leur laisser un peu d’intimité, sa femme et lui.
En homme sage, les objets et bijoux de famille et de valeurs furent portés en forme de Mboinguo par l’ex Première Dame dont son mari demanda qu’elle soit déposée chez un proche parent domicilié au quartier Sans- Fil, limitrophe de l’actuelle banque Meck. On dit qu’elle aurait fait une crise d’asthme sur la pente de Ntsoudjini et aurait été indisposée par certains visages familiers et inattendus, elle serait descendue de la voiture et se serait rendue à El- Maarouf par taxi.
Quant à Djohar, il sera conduit au camp militaire de Kandani, en simple boubou, muni de sa trousse de médicaments et d’un exemplaire du Coran. Il retrouvera aussitôt un profond sommeil jusqu’en début d’après-midi quand Charline, sa fille, sera autorisée à s’enquérir de ses nouvelles et lui apporter son déjeuner.
Des longues semaines de déportation sur l’île Bourbon allaient suivre, d’âpres négociations diplomatiques allaient naître, des hautes trahisons de certaines autorités allaient jaillir mais son retour allait faire accélérer le début de la fin de son règne marqué par la réalisation de nombreuses infrastructures routières malgré les scandales financiers et les instabilités gouvernementales.
Ceux qui ont connu de près les sorts subis par son demi-frère A. Soilihi et son proche A.A. Abdérehmane diront toujours la chance de Djohar de ne pas avoir été « assassinés par les siens » comme le titrait L’Archipel au lendemain des événements douloureux de la nuit du 26 novembre 89, mon père me disant avoir ressenti en ville une ambiance morose ce soir là en rentrant de Ntsaoueni après avoir assisté au Majliss d’Amir N. Halifa.
Avec le recul, le temps passant, l’ Homme, Président, aura sans doute fait preuve de faiblesse humaine en “laissant” les membres du cercle familial prendre une influence importante dans la gouvernance du pays, ce qui est aujourd’hui conçu comme une ingérence, interférence et immixtion, sources de conflits d’intérêts avérés, de nos jours, plusieurs pays interdisent même la nomination de proches parents d’un Chef d’Etat à des fonctions etatiques hautement stratégiques.
En somme, sa gestion du pouvoir aura été bien décriée pour ce principal et néfaste aspect à bien des égards. Ils auront fortement contribué à la mal gouvernance. Indéniablement !
Mais au fond, l’Homme, sera porté durant toute sa vie, son parcours scolaire et professionnel par une Baraka extraordinaire et atypique. De son poste d’enseignant à Domoni, qu’il postula depuis Majunga, sa ville natale suite l’appel à candidature lancé dans un journal, de ses mandats électifs obtenus depuis cette circonscription anjouanaise jusqu’au diverses fonctions l’ayant mené au sommet de l’Etat, ce Gorgui aura fait preuve d’une pugnacité remarquable sans compter le côté grand sportif de l’individu et celui d’un mélomane de chants et danse de toirab, des effets shiraziens de la cité millénaire, un calme et une inspiration unique que l’on aujourd’hui retrouve à Villa Dar Es salam , demeure de son aimable fille Lili.
De Djohar, je garde, le souvenir anecdotique du Président venu accomplir sa prière de vendredi à Nioumadzaha et mon père m’amenant l’accueillir au bas de l’hélicoptère présidentiel, il fuit une époque où l’Etat disposait d’hélico et d’avion présidentiels.
Il descendit à fière allure de l’appareil qui se posait au stade de foot Djalim, et mon père qui, après les salutations amicales, commença par des taquineries : «Bo Prezi yecheleya wou towe bahacha Yahe zigueleguele Zaho wazaze wala»; et lui de répondre «Bo Mhama, njabaliya bahindrou vanou»; «Bo Prezi Yapvo ga mdroumo ye Moina ho Dahoni cha yayo gamhoupatso» ( lol) lui répliqua mon père , je m’executa illico, une enveloppe qu’il recouvrira bien plus tard à son domicile de Mitsamihouli en revenant de leurs habituelles sorties dominicales du Nord de l’île, Galawa, avec son ami Said Amada de Chouani. Djohar est modeste et le dit sans fausse modestie comme l’écrivait A. M’changama.
Ses Mémoires publiées chez l’Harmattan se lisent allègrement, ses anecdotes vécues dans ses principales villes de Majunga, Mitsamihouli, Mde et Chouani et son premier hiver aux USA quand il allait ressentir la neige sur sa calvitie.
En Homme averti, il dit un jour être parti à Mbeni faire la prière médiane à Mbeni pour envoyer des messagers au Président Taki suite à des obstacles administratifs dont il faisait l’objet (passeport diplomatique et autre). La question fût immédiatement réglée dès qu’elle arriva aux oreilles de Taki. Ces hommes d’Etat savaient jadis se vouer du respect dans leur divergence politique. Les égards dûs à leur rang respectif primaient sur toute autre considération. Un temps révolu!
Dieu voudra agréer son âme dans sa sainteté.
« Bo MBA, mi Oumari, guoni rambouwo»...!!
Damed Kamardine
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