Faire prévaloir ses ambitions n'est pas en soi un défaut calomnieux ni, encore moins, une maladie honteuse. Bien au contraire ! Ce se...
Faire prévaloir ses ambitions n'est pas en soi un défaut calomnieux ni, encore moins, une maladie honteuse. Bien au contraire ! Ce serait plutôt une qualité cardinale.
Mais, faut-il encore avoir le sens de la mesure, la capacité de discernement suffisamment développée et adaptée aux réalités aussi bien du temps et que du terrain. Car, voyez-vous, la politique c'est l'art de conjuguer à la fois du rythme et du temps. Ce qui suppose une bonne lecture des évènements pour les exploiter à bon escient. De là, on définit l'animal politique par son flair, son 6ème sens, son génie créatif et sa capacité d'adaptation.
Il y a une différence entre un homme politique et un homme d'État. Ce dernier agit alors que le premier réagit. Le peuple suit l'homme d'État, alors que l'homme politique suit le peuple. L’homme d'Etat doit se munir de la notion de l'histoire, du sens d'une certaine relation avec le temps en faisant montre de qualités et vertus irréfutables d’éclat des idées. Il doit être de l'âge et de la taille à penser à l'histoire et non à sa propre carrière. On peut retenir comme quelques exemples : de Gaulle, Mitterrand, Mandela, Senghor, Gandhi et Martin Luther King, pour ne citer que ceux-là.
Dans notre cher pays, deux dirigeants dans la période coloniale se sont distingués : feux Dr Saïd Mohamed Cheikh et son alter - égo prince Saïd Ibrahim qui furent des hommes de caractère bien trempé.
En effet, alors que les Comores ne disposaient que d'un statut de territoire d'Outre - mer doté d'un embryon de Gouvernement et d'une symbolique chambre de députés qui sont en réalité deux institutions supervisées par le Haut commissaire de la République Française qui détenait la véritable autorité incarnée, Dr Saïd Mohamed n'a pas hésité à faire usage de son pouvoir autochtone en expulsant un haut magistrat qui a fait preuve d'excès de zèle en s'opposant à son autorité, et un directeur d'une société coloniale. Tout ceci durant la présidence du Général de Gaulle qui ne pouvait qu'acquiescer.
Dr Saïd Mohamed Cheikh, et prince Saïd Ibrahim - deux figures légendaires – demeurent deux monuments inaccessibles et incomparables qui avaient le sens de l'honneur, de la loyauté envers le peuple, du respect des valeurs séculaires et des traditions ancestrales, du devoir chevillé à leur âme, du souci permanent de la grandeur de l’Archipel. Ils ont cultivé inlassablement leur aura sur le plan régional et continental.
Qu'en est il advenu de notre pays livré aujourd’hui aux aventuriers de tout bord navigant sans phare ni boussole, au mépris de l'alpha et de l'oméga des règles universelles de la gouvernance mondiale ? Ils ne sont guidés uniquement que par l'appât du gain, les ambitions démesurées et les privilèges inhérents semblables à la caverne d’Ali Baba et ses 40 voleurs.
Conséquences de cette conception mercantiliste et sans appel : perte des repères, travestissement de notre identité culturelle, renoncement des valeurs référentielles, image négative de notre représentation, comportement burlesque et pathétique de l’autorité, théâtralisation à outrance de l’action politique réduite à sa plus simple expression se limitant à un rôle de mendiant et pratique d’une diplomatie cosmétique et touristique.
Le fossé se creuse et s'élargit de jour en jour entre une classe politique dirigeante souffrant d'un déficit de confiance du peuple qui n'est pas prêt de s'arranger tellement les dégâts subis sont dévastateurs et irrémédiables. Tel est l'état réel des lieux et le constat sans complaisance établi.
Mais, dans l’ensemble, des acteurs politiques souffrent de schizophrénie. Poursuivre leur course vertigineuse vers le perron du pouvoir est devenu un sport national, un réflexe de survie avec comme maître mot : et pourquoi pas moi !!! L’opportunisme hystérique gagne du terrain et devient une idéologie de référence déployée à tout bout de champ. Chacun, sans vergogne, est prêt à marcher sur un tapis de cadavres de ses semblables.
Quel spectacle de désolation quand on songe qu'il y a quelques années encore, on nous ventait les mérites d'une république islamique avec l'islam comme religion d'Etat ! Aujourd’hui, nous nous trouvons donc avec des égarés, dans cette société pervertie, et qui a vendu leur âme au diable et qui se sont allègrement invités au banquet des diables affamés avec un appétit gargantuesque. Et par pitié et pardon, je prierai pour que leur âme retrouve la paix éternelle dans l'au-delà. Amen.
Kamal Abdallah
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