Les mahorais ne sont pas plus racistes que d'autres en France. D'aucuns les considèrent comme renégats parce qu'ils n'aid...
Les mahorais ne sont pas plus racistes que d'autres en France. D'aucuns les considèrent comme renégats parce qu'ils n'aident pas, suffisamment ou pas du tout, à leurs yeux, les immigrés arrivant en masse à Mayotte. Pourtant la population mahoraise a gardé la légendaire tradition d'accueil caractéristique du peuple est-africain.
Mayotte vit dans une insécurité croissante depuis plusieurs années sans qu'aucunes mesures réussissent à enrayer cette spirale de la violence. Alors, c'est gratuit et léger de caractériser la population mahoraise de raciste or les habitants de l'île sont à la fois les victimes d'un système qui les dépasse et des malfrats bien organisés.
Ainsi, pour vivre à Mayotte, il faut être vigilant à tout instant sinon on est agressé, dépouillé, spolié et sans aucun recours. Toutes les maisons sont entourées de barres de fer avec moins d'ouvertures possibles. Le sentiment qui prédomine dans l'île est qu'il ne sert à rien de porter plainte. Aujourd'hui, les habitants de Mayotte, ayant l'impression d'être livrés à eux-mêmes, réagissent contre les délinquants de toutes origines.
Les mahorais sont les éternelles victimes à double titres : volés par des cambrioleurs professionnels, ils doivent financer eux-mêmes la remise en était de leurs biens dégradée ou envolés. Comment, dans ces conditions, peuvent-ils aider les immigrés arrivés à Mayotte ? Les mahorais consacrent leurs maigres ressources à réparer les dégâts causés par les bandits et à reconstituer les prochains butins.
Quant au professeur de philosophie d'un établissement scolaire de l'île victime soi-disant de propos racistes, en 2018, ce sont ses propres élèves qui l'ont dénoncé auprès de leurs parents. Ce qui a entraîné les manifestations dont il a fait l'objet. Il lui a été reproché, par ses élèves, de tenir des "propos déplacés" du genre "Mayotte n'a jamais été française" ou de leur proposer de mener des reflexions sur des sujets qui heurtaient leur sensibilité comme "peut-on inviter un cannibale à table ?" D'aucuns se demandaient pourquoi a-t-il été le seul professeur qui a subi ces désagréments ? D'autant que plusieurs africains travaillent à Mayotte sans qu'ils fassent l'objet d'une manifestation quelconque.
Aussi, le vécu de la population mahoraise doit être pris en compte. Les mahorais ont accueilli et supporté les populations des pays limitrophes devenus indépendants mais l'accélération de l'immigration durant ces dernières années les inquiète. Ils pensent qu'ils ne sont pas écoutés ni entendus, qu'ils sont entrain de tout perdre et d'être à la merci d'un système qui les dépasse. Or l'île n'est pas extensible pour accueillir la population de toute la région, avec seulement 374 km2.
Depuis 2018, pour beaucoup de personnes les manifestations contre l'insécurité et l'immigration clandestine n'apportent pas les resultats escomptés. A ce titre, nul ne peut reprocher aux mahorais d'exprimer leur ras-le-bol et certains doivent éviter de faire des amalgames ou de prendre des raccourcis pour les caractériser de racistes et de renégats
Les mahorais connaissent d'où ils viennent et quel est le passé du peuplement de l'île. En avril 2019, à l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage à Mayotte, le conseil départemental a publié un ouvrage très documenté sur une pratique qui a duré plus de 14 siècles dans l'île. Plusieurs historiens mahorais ont apporté leur contribution en décrivant les survivances à Mayotte de son passé africain marqué par les expressions, mots, danses, chants, croyances et autres. Prouvant ainsi que la société mahoraise d'aujourd'hui s'est construite sur ce passé. Toutes les contributions dessinent une réalité historique de Mayotte qui est loin du déni historique.
PAR ABOUBACAR HILALI
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